Alicia Flipo a conquis Instagram avec ses vidéos de bricolage DIY, de décoration et son activité de peintre sur porcelaine. En un an, la jeune femme a dépassé les 200 000 abonnés. Nous l'avons rencontrée dans sa maison, tout en couleurs et en objets amusants.
Pantoufles aux pieds, lunettes rondes sur le nez, chignon sur la tête et pull bariolé – rouge, orange, vert, bleu. Alicia Flipo, 30 ans, ouvre la porte de sa maison de Wattignies, un sourire accueillant aux lèvres. Ici, des objets plus loufoques les uns que les autres : des théières en forme de drôles de dames, des tasses en forme de seins et même un homard, encadré au milieu du salon.
Alicia se définit elle-même comme “dénicheuse de brocante, douteuse en DIY [do it yourself, NDLR] et peintre sur porcelaine”. Cette créatrice de contenus, forte d’une communauté de 200 000 abonnés sur Instagram et 130 000 sur TikTok, a fait de sa passion son métier. “Chaque jour, je me dis : qu’est-ce que je vais faire de beau aujourd’hui ?’”, s’amuse-t-elle.
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Peintre sur porcelaine et influenceuse DIY
Pour Alicia, la vie est ainsi rythmée par ses envies et ses idées. Dernières créations en date : un mur parsemé de boules disco et des sous-verres gravés à son effigie et celle de son amoureux. Dès qu’un projet émerge dans sa tête, elle se jette à corps perdu dedans. “Quand elle décide de faire un truc, elle le met tout de suite en œuvre, c’est très agréable”, témoigne Guillaume, son compagnon. Une fonceuse, pleine d’imagination… Et surtout, “solaire”, témoigne celui qui apprécie de vivre dans le changement constant insufflé par Alicia.
Son aventure commence sur YouTube il y a dix ans. Elle lance sa chaîne, sur laquelle elle fait des “DIY” – comprendre : elle fabrique, bricole et customise différents objets. Des vases, des cadres, une vieille radio, etc. “J’étais passionnée par créer et partager des trucs”, explique-t-elle. Son activité sur Internet reste cantonnée au rang de hobby pendant des années.
Je sentais que quand je faisais un truc un peu fou-fou dans ma maison, les gens étaient contents.
Alicia Flipocréatrice de contenu
En 2020, juste avant la crise du Covid-19, elle démissionne de son job de graphiste. Pendant le confinement, sa communauté grossit un peu, alors qu’elle reprend l’activité de peintre sur porcelaine de sa mère – la créativité est héréditaire dans la famille. “J’ai commencé à raconter toutes les coulisses de l’artisanat”, explique-t-elle. “J’ai senti que les gens étaient au taquet !” Petit à petit, elle est de plus en plus suivie – jusqu’à atteindre, en 2023, les 30 000 abonnés.
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À l’été 2023, elle achète une maison avec son compagnon. lls s’y installent, avec leurs deux enfants de quatre et un an – surnommés avec humour “DIY 1” et “DIY 2” sur les réseaux sociaux d’Alicia. Dans ce foyer nouvellement acquis, les projets s’enchaînent, les idées fusent. Retaper la cuisine, fabriquer des étagères, façonner une jolie terrasse : il y a de quoi faire. Elle filme et partage tout. Alors forcément, son compte Instagram explose. “Je sentais que quand je faisais un truc un peu fou-fou dans ma maison, les gens étaient contents”, rigole-t-elle. Plus de 170 000 personnes supplémentaires la suivent en l’espace d’une année, portant son nombre de followers à 210 000.
"Mes réseaux sociaux je les travaille comme un parc d’attractions", explique-t-elle. Ici, les attractions ne manquent pas : la porcelaine, la brocante, les bricolages divers et variés... "Et le nouveau manège star : la maison !"
En un an, un compte Insta qui explose
Désormais, Alicia vit essentiellement de son activité sur les réseaux. Elle est représentée par une agence d’influence, qui s’occupe de gérer ses collaborations commerciales : avec Leroy Merlin, Engie ou encore Zalando. “J’essaie de travailler avec des marques qui ont du sens, car je n’ai pas envie d’être un panneau publicitaire ambulant”, précise la créatrice. “Ma communauté Instagram, c’est vraiment mes petits bébés. Elle compte sur moi !” Pas question de décevoir. Alicia se met la pression, toujours “un peu en stress” au moment de publier une vidéo en partenariat rémunéré.
Je continue la peinture sur porcelaine car j’adore ça. Pour moi, l’artisanat a beaucoup de valeur, c’est mon métier de cœur.
Alicia Flipocréatrice de contenu
Avec ce nouveau métier, elle réussit à se payer 3500 euros net par mois environ – un salaire nettement plus confortable que lorsque ses revenus émanaient seulement de son activité de peintre. De quoi supporter la petite famille, rembourser le prêt de la maison. “Je continue la peinture sur porcelaine car j’adore ça. Pour moi, l’artisanat a beaucoup de valeur, c’est mon métier de cœur”, raconte Alicia.
Son quotidien ne ressemble plus du tout à celui qu’elle avait lorsqu’elle était encore salariée. Tandis que son plus grand est à l’école et sa petite dernière chez la nounou, Alicia travaille de chez elle. “Le matin, je peins mes porcelaines et je suis en live sur Twitch”, explique-t-elle. Elle passe ainsi la moitié de sa journée dans son atelier, au grenier. Ici, des cartons en pagaille, des illustrations, des tasses en forme de fesses – décorées de petits cœurs rouges peints à la main. L’après-midi, elle met en œuvre ses différents projets, se filme, anime ses réseaux sociaux. Entre 17 heures et 19 heures, “c’est la course”, comme pour toutes les mamans. Récupérer les enfants, dîner, bain, coucher.
Un rythme de vie insolite
Son job a ses avantages, notamment la flexibilité. Mais elle vit aussi le revers de la médaille. “Je suis trop contente de faire mon propre planning… Mais je ne peux pas déconnecter du boulot”, précise-t-elle. La création de contenu, c’est tous les jours. Disparaître pour prendre un week-end de vacances ? Pas possible. “Donc j’emmène ma communauté même en vacances !”
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Surtout, la jeune femme déplore un certain sentiment d’isolement : “On souffre un peu de la solitude sur les réseaux sociaux”, admet-elle. “C’est marrant parce qu’on est suivis par pleins de gens et ma commu est hyper engagée, j’ai un soutien de dingue… Mais de temps en temps on a besoin d’une vraie amie !” Ses copines ont déménagé aux quatre coins de la France et elle travaille depuis chez elle. Alors elle est soulagée de retrouver une nouvelle vie sociale avec ses enfants. Sa nounou est devenue l’une de ses meilleures amies et elle fait des rencontres parmi les parents d’élèves : “Ça m’ouvre un nouveau monde !”
C’est marrant parce qu’on est suivis par pleins de gens et ma commu est hyper engagée, j’ai un soutien de dingue… Mais de temps en temps on a besoin d’une vraie amie !
Alicia Flipocréatrice de contenu
Malgré cette solitude inhérente à son métier, Alicia veille à rester “la bonne copine” de ses abonnés sur les réseaux. “Je fais des vocaux, je réponds à tout le monde”, explique-t-elle. “Je suis reconnaissante et je joue le jeu à fond.” Elle a à cœur de donner ce qu’elle reçoit et a fait le choix de ne révéler que ses bons côtés. “Sur les réseaux sociaux, je suis un personnage… Que j’ai créé avec toutes mes qualités multipliées par mille.” Pas de place sur son compte pour les petits coups de mou, l’agacement dû à un DIY qui ne fonctionne pas : “Je ne montre pas tout !”
En tout cas, elle l’assure, elle “joue le jeu à fond” pour divertir ses abonnés. “Mon boulot me passionne”, s’enthousiasme Alicia. L’influenceuse veut continuer à évoluer dans son travail et entend “créer quelque chose de super”. À terme, son rêve serait d’ouvrir un lieu où elle pourrait “rencontrer les gens pour de vrai” et où elle proposerait des ateliers créatifs.