Pour compléter le financement d'une rénovation de grande ampleur, la Maison natale Charles de Gaulle, à Lille, a lancé un appel aux dons le mois dernier. Une démarche similaire a été effectuée, avec succès, pour la restauration du carillon du beffroi de Bergues.
Les premiers coups de marteau ont retenti lundi dernier au 9, rue Princesse, adresse de la Maison natale Charles de Gaulle, à Lille. C'est le coup d'envoi d'une rénovation de grande ampleur pour cette vieille bâtisse bourgeoise du XIXe siècle où a vu le jour, il y a presque 130 ans, le célèbre général, fondateur de la Ve République.
La première phase des travaux devrait s'achever en novembre, la seconde en 2022. Coût total : 3,5 millions d'euros. La maison, qui appartenait aux grands-parents maternels de Charles de Gaulle, va subir un lifting intégral. Sa structure - fragilisée ces dernières années par l'afflux de visiteurs (20 000 chaque année) - va être consolidée. Et les lieux devraient retrouver une apparence plus fidèle à celle de l'époque où le Général est né. "Demain, vous avez quelques pièces, notamment la chambre natale, la chambre de la grand-mère, la cuisine, la salle d'eau, qui seront effectivement restaurées à l'indentique, non pas par photos, parce que des photos, on n'en avait pas, mais par des témoignages nombreux", décrit Jean-René Lecerf, le président (DVD) du Conseil départemental du Nord qui gère le site et finance l'essentiel des travaux.
Mais pour aller au bout de cette ambitieuse restitution, la Maison natale Charles de Gaulle a lancé en décembre un appel aux dons privés, via la Fondation du Patrimoine, afin de récolter 250 000 euros supplémentaires. "Avec 32 820 € récoltés, la chambre natale du général de Gaulle sera restaurée", peut-on lire sur le site de la fondation. "Avec 33 100 € récoltés, le berceau du Général et le mobilier de la maison seront restaurés, complétés d’acquisitions. Avec 52 750 € récoltés, la cuisine, aujourd’hui inexistante, sera restituée. Avec 58 150 € récoltés, la chambre de la grand-mère Julia Maillot sera restaurée (avec reconstitution de la salle d’eau aujourd’hui disparue). Avec 73 180 € récoltés, la verrière du jardin d’hiver sera restaurée".
Même si les dons donnent lieu à des déductions fiscales, ça ne se bouscule pas pour le moment. A ce jour, à peine 6000 euros ont été collectés. "Je ne suis ni inquiet sur la souscription, ni inquiet sur le financement des travaux", estime cependant Jean-René Lecerf qui est persuadé que l'appel aux dons décollera bientôt grâce aux relais politiques et à ceux de la Fondation Charles de Gaulle, toujours propriétaire des murs.
L'exemple du beffroi de Bergues
L'objectif de 250 000 euros n'a rien en tout cas d'inatteignable. A Bergues (Nord), la mairie est parvenue à collecter 238 000 euros de mécénat d'entreprise (Total, Crédit Agricole, EDF) et 27 000 euros de dons de particuliers pour financer la rénovation du carillon du beffroi, rendu célèbre par le film de Dany Boon "Bienvenue chez les Ch'Tis".
Ces fonds privés peuvent paraître faibles au regard du budget total de la rénovation qui s'est élevé à 1,5 millions d'euros. Mais cette manne a été essentielle pour boucler le financement du projet. Car légalement, les municipalités propriétaires de bâtiments classés Monuments Historiques ne peuvent pas bénéficier de plus de 80% de subventions publiques sur le montant hors taxe du chantier de rénovation. L'appel aux fonds privés est souvent donc indispensable pour les municipalités qui ne disposent pas des moyens nécessaires.
La mairie d'Hondschoote a touché le Loto du patrimoine
A Hondschoote, ville voisine de Bergues, le maire a dû ainsi patienter dix ans pour lancer la rénovation de son emblématique hôtel de ville datant du XVIe siècle, dont la couverture, la charpente, quelques cheminées et la maçonnerie commençaient à sérieusement se dégrader. Le salut est venu du Loto du Patrimoine initié par l'animateur de télévision Stéphane Bern : Hondschoote s'est vue reverser 28 000 euros pour son projet de rénovation. Les travaux ont pu enfin démarrer en novembre dernier.
"On n'est pas Notre-Dame-de- Paris", explique Hervé Saison, le maire (DVD) de cette commune flamande. "Lorsqu'il y a eu ce drame sur la cathédrale, les partenaires se sont très vite mobilisés. Quand on est une petite commune avec des moyens de communication qui sont moins importants, forcément, c'est plus difficile à convaincre. Ce qui a été déclencheur, ce sont ces 28 000 euros qui nous ont amené le reste du financement. Et on arrive aujourd'hui à 80% de subventions sur ce dossier".
Car le Loto du Patrimoine est considéré comme un don privé. Au total, 30 autres sites des Hauts-de-France doivent bénéficier de cette manne. C'est à la fois important et insuffisant au regard des besoins d'un patrimoine parfois en péril, qui souffre du temps qui passe.