A Ferrière-la-Grande, près de Maubeuge, Jean-Marie Gimza se bat depuis plusieurs mois avec la justice pour payer une dette qu'il peut rembourser. Il risque de perdre tous ses biens et sa ferme si aucun compromis n'est trouvé.
Il risque de perdre tous ses biens, dont sa ferme, alors qu'il peut rembourser sa dette : c'est la folle histoire de Jean-Marie Gimza. "Je recevais des courriers d'huissiers dont je n'avais pas connaissance, ma mère les cachait ne m'en parlait pas, elle ne voulait pas m'inquiéter, raconte-t-il. Elle approche de la retraite donc elle s'est dit qu'elle allait les payer une fois retraitée. Elle est assez âgée, c'est une ancienne mentalité." La dette s'élève à 29.000 euros et a été contractée auprès de la Sécurité sociale agricole.
Mais sa mère n'imagine pas l'ampleur que cette situation va prendre. "J'étais en interim dans un chantier sur Laon en décembre 2020, puis en février 2021, j'ai vu les huissiers débarquer chez moi." Le jugement en licitation [venter aux enchères judiciaire] est tombé, c'est la douche froide pour Jean-Marie : "on m'a annoncé qu'on allait me destituer de tous mes biens, je n'avais eu aucun courrier ni recommandé. On ne parle pas d'une voiture, mais de l'ensemble de mes biens !"
Une histoire de famille
Jean-Marie a passé toute sa vie à la ferme à Ferrière-la-Grande dans le Nord, près de Maubeuge. Avec ses parents et sa soeur, même s'il travaillait initialement "dans le monde des chevaux de course" puis dans le secteur des "espaces verts" et de "la création".
Il n'était pas destiné à l'origine à tenir la ferme familiale mais avec la crise sanitaire qui a rendu l'accès au marché de l'emploi difficile, il a dû pleinement s'y consacrer. "Mon père a été invalide puis est décédé, ma mère s'est retrouvée seule avec ma soeur handicapée. Je fais tout l'ouvrage qu'il y a à faire, et comme les batiments sont anciens, je le fais à la main, ma mère fait ce qu'elle peut de son côté".
Il décide alors de ne pas se laisser faire et signe une offre de vente de 60.000 euros de certains de ses terrains agricoles et constructibles auprès d'une agence immobilière, début mars 2020. "8-10 jours après, j'avais déjà des acquéreurs, poursuit Jean-Marie. L'agente immobilier a envoyé de nombreux mails pour faire un compromis de banque [un avant-contrat sur les conditions juridiques de vente d'un bien entre un vendeur et un acheteur] pour annuler la vente aux enchères et enlever les dettes. A chaque fois, elle recevait des retours négatifs : des documents manquants, des choses qui n'allaient pas, ils m'ont même demandé les actes de propriété alors qu'en venant sur le terrain en vue de la liquidation, ils font tout le parcellaire !"
L'agente immobilier a envoyé de nombreux mails pour faire un compromis de banque qui consiste à annuler la vente aux enchères et enlever les dettes. A chaque fois, elle recevait des retours négatifs : des documents manquants, des choses qui n'allaient pas, ils m'ont même demandé les actes de propriété alors qu'en venant sur le terrain en vue de la liquidation, ils font tout le parcellaire !
Il propose même de céder sur sa part, "ma mère détient 50% des biens, ma soeur et moi le reste." En parallèle, il signe une autre offre de vente de 90.000 euros de la maison inhabitée de ses grands-parents. Jean-Marie possède donc tous les fonds nécessaires pour épancher ses dettes, mais le processus judiciaire est déjà bien entamé : la liquidation a été prononcée en première instance. Il affirme que les liquidateurs n'ont rien voulu savoir. "Ils ne répondaient même pas à mon avocat". Pourtant, son souhait le plus cher, c'est de pouvoir payer et passer à autre chose. "J'ai de quoi rembourser ! En plus, je ne travaille même plus parce que je dois être là, il n'y a que moi pour sauver la situation."
Un arrêt prononcé le 5 juillet prochain
Depuis un article paru dans un quotidien de presse régionale et des partages massifs sur les réseaux sociaux, Jean-Marie constate que les choses semblent avancer : "comme par hasard, maintenant que l'affaire prend de l'ampleur, le liquidateur dit qu'il faudrait faire un projet de compromis de vente. Je sais que la vente de mes biens ne se déroulera pas le 18 juin, mais ça ne me rassure quand même pas."
Selon lui, "les liquidateurs sont généralement suivis par des gens qui font pas mal de projets immobiliers et qui cherchent les bonnes affaires, j'en suis persuadé. Je ne suis pas une petite ferme au milieu d'une campagne, je suis dans une avenue résidentielle. J'ai l'équivalent de plus de 500.000 euros de terres à bâtir."
Jean-Marie Gimza en saura davantage le 5 juillet, lors d'un arrêt prononcé par la cour d'appel de Douai.