Le maire écologiste de Grande-Synthe (Nord), Damien Carême, compte installer d'ici à la fin du mois des sanitaires et des douches pour les migrants qui errent dans un bois de sa commune, malgré l'opposition du ministre de l'Intérieur qu'il a rencontré lundi.
"Je vais installer des sanitaires, des points d'eau et des douches", a affirmé M. Carême, à l'issue d'un entretien avec Gérard Collomb place Beauvau. "Les travaux ont commencé" sur le site de l'ancien camp humanitaire pour migrants de La Linière, qui avait brûlé en avril, et "d'ici la fin du mois de septembre le dispositif sera en place", a-t-il ajouté.
Il ne s'agit pas de "rouvrir un camp" humanitaire similaire à celui qui avait été créé en mars 2016 avec des normes ambitieuses, a précisé M. Carême. Mais installer douches et sanitaires "correspond à ce que le Conseil d'Etat a demandé" fin juillet pour les migrants à Calais, a-t-il ajouté. "Il y a aujourd'hui 300 et 400 personnes à Grande-Synthe", dont une cinquantaine d'enfants et une quarantaine de femmes qui errent dans un bois, a fait valoir M. Carême.
"On ne peut pas les laisser ainsi. La gale revient, les maladies reviennent". Le maire de Grande-Synthe était reçu à Beauvau pour demander à l'Etat de prendre en charge cet "accueil temporaire, de transit, le temps qu'on organise le départ vers les CAO" (centres d'accueil et d'orientation). "Mais il y a un refus catégorique", a-t-il regretté.
Gérard Collomb y est opposé
Au ministère de l'Intérieur, on indique que Gérard Collomb, tout en disant sa "préoccupation" quant à la présence de migrants sur la commune, "a fait part de son opposition à toute réouverture d'un campement à Grande-Synthe". Un tel campement "conduirait à conforter dans leur volonté de partir au Royaume-Uni" les migrants, "poussés (...) par des passeurs qui doivent être combattus avec la plus grande fermeté", a ajouté le ministère dans un communiqué.
De plus "une solution d'hébergement existe déjà", à Bailleul où un centre d'accueil a été ouvert début août. "Cette solution, ainsi que toutes celles visant à offrir une réponse humanitaire aux personnes, doivent être davantage mobilisées", selon le communiqué. Lors de l'ouverture du camp de La Linière déjà, M. Carême avait dû passer outre la réticence de l'Etat, qui mettait notamment en avant l'omniprésence des réseaux de passeurs sur le campement de Grande-Synthe.