La mort de la reine d'Angleterre Elizabeth II, le 8 septembre, après 70 ans de règne, a créé une onde de choc. Si beaucoup se sont émus de cette nouvelle, le décès d'un symbole de la monarchie a suscité des réactions diverses.
Ils sont nombreux à vivre ou à passer régulièrement sur la Côte d'Opale et, même loin de leur terre natale, ils ont été frappés par la nouvelle. La reine Elizabeth II, souveraine du Royaume-Uni depuis février 1952, est décédée ce 8 septembre dans sa résidence écossaise de Balmoral. Sur place et à Londres, dès le communiqué annonçant les préoccupations de ses médecins, des journalistes et citoyens commençaient à affluer.
Les Britanniques très émus : "C'était une fabuleuse monarque"
"C'est très triste, elle a été reine pendant 70 ans. Je suis sûr que tout le pays est bouleversé, les drapeaux sont en berne... Elle avait 96 ans, cela devait arriver tôt ou tard, mais ça reste très triste. Mais nous allons continuer notre partie de golf, et faire bonne figure, la vie doit continuer" réagit Gary, qui fait du tourisme sportif à Wimereux. Une réaction très anglaise, dans la droite lignée du "Keep calm and carry on."
"C'est une terrible nouvelle, la reine est tout ce qu'on a jamais connu. Vous savez, "God save the Queen" ! Je suis chauffeur de taxi à Londres, beaucoup de monde affluait vers le palais royal hier. On a su quand on a vu la famille royale arriver, il y avait des signes. La reine était aimée de tout le monde. Les opinions sont divisées sur la famille royale, mais pas sur la reine" estime Anthony, un de ses opposants du tournoi. "Nous allons penser à elle, boire un verre à sa santé. La vie doit continuer, mais c'est un triste jour".
Stephen Simpsons, en visite à la Tour d'Ulster à Thiepval dans la Somme, parle d'un "moment très émouvant. Je pense que c'est une nouvelle ère qui s'ouvre pour le Royaume-Uni, un nouveau roi, de nouvelles idées... La reine avait une certaine influence sur la vie des gens, la manière dont ils se comportaient. Elle était très respectée. Elle ne donnait pas souvent son avis, elle était très discrète." Pour lui, Elizabeth II restera dans l'Histoire. "Elle a eu une belle vie, 96 ans. C'est ce qui me rend fière. C'était une fabuleuse monarque, c'est probablement la seule personne que l'on nomme juste "The Queen". Parce qu'on sait que l'on parle de la reine d'Angleterre."
Anne Davies, responsable de la Tour d'Ulster, a affiché sur son comptoir un portrait de la reine. La Britannique est encore bouleversée. "Je suis très triste, j'ai l'impression d'avoir perdue une amie. Elle a toujours été là pour nous, nous pouvions compter sur elle. Elle a été une grande part de ma vie. Elle était notre Saint-Patron, elle veillait sur nous. (...) Quand quelque chose allait mal, elle apparaissait sur l'écran pour nous dire : Je suis avec vous."
"C'est tout de même une icône, on l'a toujours connue"
"Quand j'ai appris la nouvelle, j'étais en train d'essayer d'endormir ma fille mais j'ai couru prévenir mon mari, et des copines qui sont fans de la reine, répond Orizandra une jeune maman interviewée à Lille. J'étais quand même assez choquée, c'est tout de même une icône. On l'a toujours connue, un peu comme Claire Chazal ! Je pense que c'était la personnalité politique la plus respectée dans le monde."
Mazouni, un algérien venu en France pour affaires, estime que "c'est une perte pour la politique mondial car cette femme, à chaque événement dans le monde, elle a répondu avec sagesse. C'est une perte pour le monde, ça c'est sûr. C'était quelqu'un de bien."
Trudi, professeure d'Anglais à Beauvais, est, elle, bouleversée : "Je suis désolée, j'ai encore la gorge serrée et les larmes faciles. Nous avons tous l'impression de subir un nouveau deuil qui nous rappelle la perte de notre propre grand-mère ou mère. J'étais déjà très émue lors de la diffusion des festivités du jubilé il y a quelques mois, je savais que la reine faisait ses adieux. Son sens de devoir et sa ténacité m'ont marqué; mardi elle accueillait le nouveau Premier Ministre et deux jours après elle est partie rejoindre son mari, enfin libérée de ses obligations."
En Irlande ou en Afrique, des sentiments plus mitigés
Mais l'émotion provoquée par la mort de la reine n'est pas unanime, y compris au Royaume-Uni. Sur les réseaux sociaux, les nations ayant historiquement entretenu des conflits politiques avec la couronne, comme l'Irlande ou l'Ecosse, ne se privent pas de rappeler à leurs voisins qu'ils ne sont pas tenus de pleurer la monarchie. L'Irlande, notamment n'a obtenu son indépendance qu'en 1922 à la suite d'une guerre de deux ans, très meurtrière parmi les civils. Des scènes de liesse ont même éclaté à Derry, ville qui a payé un lourd tribu dans le conflit et reste encore très divisée. Les publications satiriques, elles, fleurissent sur les réseaux sociaux à côté des hommages.
De la même manière, des citoyens natifs des pays anciennement colonisés par la couronne britannique rappellent que la reine Elizabeth II était sur le trône bien avant 1997, date considérée comme la fin officielle de l'empire colonial britannique. Elle est donc elle aussi considérée comme un symbole de cette politique d'expansion territoriale, qualifiée en 2017 par Emmanuel Macron de "crime contre l'humanité".
"Durant ses 10 premières années de règne, Elisabeth II était la reine du second plus grand territoire africain colonisé. Et alors que l’Empire britannique s’effritait de partout, et que la riposte britannique était tiraillée entre Elisabeth II, inexpérimentée, et le puissant Premier ministre Winston Churchill, prêt à tout pour conserver le pouvoir britannique sur les colonies, bien des horreurs ont été commises au nom de la couronne britannique" écrivait ainsi en juin 2022 le Journal de l'Afrique, rappelant notamment le "massacre des Mau Mau", perpétré en 1956.
"Les personnes noires et de couleur qui, dans le monde, ont été soumis aux horribles cruautés et aux privations économiques du colonialisme britannique ont le droit d'avoir leurs sentiments à propos de la reine Elizabeth. Après tout, eux aussi ont été ses "sujets", plaide ainsi Karen Attiah, écrivaine américaine d'origine ghanéenne et nigériane, et chroniqueuse pour le Washington Post.