Le club frontalier était depuis plusieurs années dans le viseur de la justice en raison d'une gestion trouble de la part de ses anciens dirigeants.
Le club de football du Royal Excel Mouscron a été inculpé ce vendredi 28 août pour faux, usage de faux et escroquerie par la justice belge, "pour des faits antérieurs à novembre 2018", indique le club dans un communiqué. C'est le club en tant que personne morale qui est visé par ces accusations et non ses anciens dirigeants en nom propre.
Selon les informations de nos confrères de la RTBF, le Royal Excel Mouscron aurait notamment "antidaté la tenue d’une assemblée générale" au printemps 2016, dans le but d'effacer de la liste de ses administrateurs Marc Rautenberg, le directeur général du club, qui était également agent de joueurs.
D'après le règlement fédéral belge en vigueur depuis décembre 2015, "les clubs et leurs administrateurs ne peuvent directement ou indirectement avoir des intérêts financiers dans, ou de quelconque façon être impliqués dans l’administration ou la gestion journalière d’une société ou d’une organisation ayant comme but social principal ou secondaire de parier sur des activités sportives."
Impossible de fait de cumuler les fonctions d'agent de joueurs et d'administrateur d'un club pour Marc Rautenberg. De faux documents auraient donc été fournis à l’Union belge de football et à la Cour belge d’arbitrage pour le sport (CBAS) pour permettre l'octroi de sa licence au club hennuyer.
Dans son communiqué, la direction du Royal Excel Mouscron assure "avoir pris acte de la décision du juge d'instruction" et "continuer à apporter [son] entière collaboration à l’enquête".
Un club à la gestion controversée depuis plusieurs années
Le club vient d'être racheté le 18 juillet dernier par Gérard Lopez, président du LOSC. Mais l'histoire est déjà longue entre les Dogues et le club de Mouscron. De 2012 à 2015, sous Michel Seydoux, le club lillois était déjà au capital de son voisin belge. Le LOSC avait dû se retirer après l'arrivée de Mark Coucke, milliardaire belge, par ailleurs propriétaire d'Ostende, un autre club de première division belge, ce qui créait un conflit d'intérêt. Les dirigeants du Royal Excel Mouscron avaient alors repris la direction du club, sans grand succès.Rapidement cédé à une société maltaise qui réunissait un groupe d'investisseurs, le club s'est enfoncé dans une gestion trouble où les instances dirigeantes du football belge peinaient à établir qui était réellement à la tête du club.
Parmi les investisseurs, l'Israélien Pini Zahavi, l'un des pontes mondiaux du foot business, lui aussi agent de joueurs et soupçonné d'être aux manettes du club, alors que cela était interdit.L'homme aurait ensuite, par le biais de son neveu, revendu le club à l'homme d'affaires thaïlandais, Pairoj Piempongsant, propriétaire du Royal Excel Mouscron de 2018 à 2020.
En avril 2018, la justice belge a ouvert une enquête afin de vérifier qui contrôlait réellement Mouscron et de révéler une éventuelle gestion illicite ou non-conforme au règlement.
Une série de perquisitions avaient été menées au siège du club en novembre 2018, aux domiciles de plusieurs dirigeants du club, ainsi qu’à l’Union belge de football et à la CBAS.