Le ministre de l'Education nationale Gabriel Attal a annoncé une série de mesures pour l'école, et notamment pour les mathématiques, à l'heure où les résultats des élèves français ne sont pas bons. Dans les Hauts-de-France, s'ils restent assez stables, des lacunes persistent. Une école de l'Oise semble d'ailleurs avoir trouvé une méthode presque infaillible.
Le ministre de l'Education nationale Gabriel Attal a annoncé des mesures sur l'école ce mardi 5 décembre au cours de son "choc des savoirs". Celles-ci arrivent à l'heure où le classement international Pisa de 2023 de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) vient de sortir et met en avant les mauvais résultats des élèves de France.
Parmi les annonces, Gabriel Attal appelle à un "sursaut mathématiques" qui passera par une révision des programmes scolaires à l'école élémentaire à partir de la rentrée 2024. Le ministre de l'Education souhaite en effet adopter la méthode Singapour pour les mathématiques.
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— Ministère Éducation nationale et Jeunesse (@education_gouv) December 5, 2023
Le ministre a également annoncé la mise en place de groupes de niveaux en français et en mathématiques. Pour les 6e et 5e, ce sera pour la rentrée 2024 et pour les 4e et 3e, il faudra attendre la rentrée 2025.
Une progression dans les Hauts-de-France
Les annonces de Gabriel Attal s'inscrivent dans un contexte où les résultats nationaux ne sont pas bons. Dans les Hauts-de-France, les chiffres de 2022 vont en ce sens ou restent plus ou moins stables. "Les élèves, qui avaient fortement progressé en 2021, ont des résultats stables ou en baisse selon les compétences évaluées en français, et globalement stables en mathématiques", explique l'académie de Lille.
Néanmoins, en CP, "en résolution de problèmes, qui constitue un enjeu majeur en termes d'apprentissage, la proportion d'élèves aux résultats satisfaisants passe de 67,7% en 2019 à 70 % en 2022".
Comme en CP, le principal fait marquant pour les résultats de CE1 est la réduction des écarts de résultats en 2022 par rapport à 2019 en mathématiques entre les élèves du secteur public hors éducation prioritaire et ceux scolarisés en REP+. A titre d’exemple, pour la compétence "lire des nombres entiers", les écarts se sont réduits de 5,4 à 3,8 points.
Académie de Lille
D'après les résultats des évaluations nationales de l'académie d'Amiens de 2022, "74,2% des CE1 ont une maîtrise satisfaisante du calcul mental", soit + 0,8 point par rapport à 2019. C'est légèrement en dessous du niveau national qui s'élève, selon les derniers chiffres, à 76,4%.
Une nouvelle méthode d'apprentissage dans l'Oise
À Lachapelle-Saint-Pierre dans l'Oise, les enseignants essaient une nouvelle méthode d'enseignement baptisée "l'atelier des potions". Imaginé il y a cinq ans par un professeur de mathématique en Haute-Saône, cet atelier fait de plus en plus d'adeptes en Picardie. Plus ludique, il permet de découvrir les fractions et les divisions en s'amusant.
"L'atelier des potions est un atelier permettant aux élèves de manipuler les fractions par le jeu, explique Julie Leduc, institutrice à l'école Christophe Collomb. On joue avec les mathématiques, on met du langage mathématique, tout en étant dans une situation concrète pour les enfants".
Au cours des quatre premières séances de cette année, les élèves ont été capables de "décomposer des fractions, de les lire, de les écrire, sans avoir mis de mots dessus", poursuit-elle. En somme, ils sont capables de lire une fraction "sans qu'on ait dit en classe : voilà, ça fait 7/4, ou ce genre de choses".
"L'objectif de ce jeu, ce n'est pas seulement de jouer"
Élodie Plé, conseillère pédagogique de la circonscription de Méru, précise que "l'objectif de ce jeu, ce n'est pas seulement de jouer. En fait, on pourrait se tromper et se dire que le jeu est une finalité, mais l'idée derrière c'est d'avoir une réelle progression toute l'année".
Cette progression passe par le fait de "mettre en avant des équivalences, de travailler les fractions en manipulant. La place de la manipulation est importante, elle permet de faire des équivalences en superposant les pièces". Cela mène à une compréhension plus concrète "sur les moitiés, sur les quarts, sur les tiers".
On a développé ce jeu dans le cadre d’une constellation, c’est-à-dire d’un groupe d’enseignants qui fait partie du "plan mathématique". L'idée était de pouvoir le proposer à un petit panel d’enseignants, de le tester, de faire des allers-retours avec la classe. Au fur et à mesure, on va l’étendre, on essaie de faire des liens inter-degrés avec les collèges.
Elodie Plé, conseillère pédagogique de la circonscription de Méru
Ce travail a d'abord été mené en classe pilote l'an dernier avec l'idée de faire "des allers-retours avec les classes, donc de lier la pratique avec le support pour savoir quels étaient l'efficacité et les retours des enseignants".
À ce jour, elle constate que les enfants sont "plutôt satisfaits". Ils se retrouvent face à des concepts moins abstraits. "Ils ont besoin de manipuler pour comprendre", observe Elodie Plé qui s'attend à une satisfaction "tout de même assez probante" dans les mois qui viennent.
Reste à voir si les annonces de Gabriel Attal et cet atelier ludique - qui ressemble à la méthode Singapour évoquée par le ministre - seront la "potion" qui réconciliera les écoliers avec les mathématiques.
Avec Léna Malval / FTV