Alors que le gouvernement souhaite mener une guerre contre le trafic de drogues dans toute la France, 9 kilos de stupéfiants, 188.000 euros et 12 armes ont été saisis lors d'opérations de police durant le mois d'avril dans le Nord. Des saisies jugées importantes par le syndicat Alliance.
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement affirme dans sa communication que d'importants moyens sont mis en oeuvre pour lutter contre le trafic de stupéfiants. "Chaque jour, nous fermons un point de deal", affirmait le président de la République, Emmanuel Macron, le 18 avril dans une interview au Figaro. Plusieurs semaines après la communication présidentielle, la préfecture du Nord communique un bilan de la lutte contre le trafic de drogues dans le département lors du mois d'avril.
Selon le préfet Michel Lalande, sur ce dernier mois, une quarantaine d'individus ont été interpellés lors d'opérations policières. Celles-ci ont également permis de saisir 9 kilos de stupéfiants, 188.000 euros et 12 armes. Enfin, confirmant que le trafic de stupéfiants concerne essentiellement le haschich, 2.000 plants de cannabis ont également été découverts.
"Ce sont des grosses prises qui sortent de celles que l'on peut faire d'habitude", affirme Bruno Noël, délégué régional du syndicat Alliance Hauts-de-France, sans pour autant donner de point de comparaison avec les mois précédant. "Les résultats sont parlants car on nous a donné les moyens humains et matériels de faire les opérations. La lutte contre le trafic de stupéfiants est la première consigne nationale", estime le syndicaliste qui assure que "la lutte va s'accentuer dans la région car de nouveaux renforts sont attendus". Selon lui, les épisodes de tension entre certains habitants de la métropole lilloise et les policiers durant le mois d'avril sont le résultat des opérations de police : "les violences urbaines sont la réponse des dealers à qui l'on empêche de faire leur business".
Dans un rapport, plusieurs députés actent l'échec de la politique répressive contre le trafic de cannabis et proposent de le légaliser
Bruno Noël rappelle que cette activité policière risque de "délocaliser les points de deal", à défaut de les éliminer complétement. Il juge qu'un effort particulier doit aussi être réalisé pour tarir l'approvisionnement de ces trafics locaux qui sont le point d'arrivée de mouvements européens voire internationaux. A ce propos, toujours selon la préfecture, les services douaniers de la direction régionale de Lille qui ont saisi près de 45 kilos de stupéfiants dont 5,4 kilos d’héroïne lors des semaines du mois d'avril.
Alors même qu'ils sont soumis à une des législations les plus sévères du continent européen, les Français sont les premiers consommateurs de cannabis d'Europe. Selon les chiffres de 2017 de l'observatoire européen des drogues et des toxicomanies, 44% des Français de 15 à 64 ans avaient déjà consommé au moins une fois dans leur vie du cannabis, le pourcentage le plus fort en Europe. Sur la tranche d'âge des 15-34 ans, plus de 21% des Français en avaient fumé dans l'année. Et comme dans six autres pays européens, l'usage de cannabis constitue une infraction pénale. Depuis septembre, les policiers peuvent infliger une amende forfaitaire de 200 euros pour consommation de stupéfiants.
Ce 5 mai, plusieurs députés issus de différents groupes politiques ont présenté un rapport sur le cannabis récréatif dans le cadre de leur mission d’information sur la réglementation et l’impact des différents usages du cannabis. Le constat est limpide : "faisant le constat de l'échec de la politique répressive menée depuis 50 ans, tant en termes de sécurité que de santé publique, et constatant l'évolution de l'opinion publique, le rapport se prononce en faveur d'une légalisation encadrée du cannabis et propose de lancer un grand débat national sur ce sujet".
On parle de #Cannabis de manière posée et responsable car la prohibition est un non sens pour notre société.
— Ugo Bernalicis φ (@Ugobernalicis) April 30, 2021
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"Le constat n'est pas nouveau mais ce qui est intéressant c’est que des députés de la majorité (LREM) engagent leur parole dans ce rapport. Pourtant celui-ci préconise exactement l'inverse de ce que propose le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui est pourtant du même camp politique", pense Ugo Bernalicis, député (LFI) du Nord et membre de la mission d'information. Il juge que "la guerre contre la drogue conduit à des morts comme celle du policier à Avignon". Le 5 mai, un policier de 36 ans a été tué par balle, près d'un point de deal à Avignon dans le Vaucluse. "Il faut moins de flagrant délit et plus de police judiciaire, ainsi vous n'exposez pas les policiers de la même manière", continue le député. Le 18 avril, Emmanuel Macron a annoncé vouloir ouvrir un grand débat autour de la consommation de drogues en France.