Le silence régnant autour de l'inceste et de la pédocriminalité s'étiole. Quatre femmes catholiques, dont trois Nordistes, ont publié un livre en décembre 2020 basé sur les témoignages de victimes.
L'inceste et la pédocriminalité sont devenus des sujets de société depuis la sortie de deux livres, celui de Vanessa Springora, Le Consentement, dans lequel elle raconte ses relations sexuelles avec Gabriel Matzneff quand elle avait 14 ans ; et celui, plus récent, de Camille Kouchner, La familia grande, qui narre la relation incestueuse que nouait Olivier Duhamel avec le demi-frère de l'autrice. Deux livres qui ont engendré d'autres témoignages, notamment à travers le #metooinceste sur les réseaux sociaux, rappelant que selon un récent sondage, un 1 Français sur 10 affirme avoir été victime de comportements incesteux.
#MetooInceste - Je poste pour ma maman (avec son accord) : c'était son grand-père. Ca a duré des années, presque toute son adolescence, dès qu'elle était seule chez lui. Sa grand-mère regardait ailleurs. Ses parents n'ont jamais su. Elle a refoulé pendant des années. 1/3
— Saelia Louris (@Saelia_Louris) January 16, 2021
Quatre femmes, dont trois Nordistes, adhérentes de l'Action Catholique des Femmes ont également participé au mouvement en publiant En finir avec le silence en décembre 2020. Ce livre raconte la souffrance des victimes de pédocriminels.
"J'avais été très touchée par le dévoilement des abus sexuels dans l'Eglise, ça m'a choquée et indignée", témoigne Bernadette Bellouin, une des quatre autrices. Les réactions des victimes sont très différentes : "j'ai rencontré un monsieur abusé par un prêtre qui n'en voulait pas à l'Eglise, en revanche dans le même cas, une autre victime ne voulait pas remettre les pieds dans un office", raconte Véronique Genelle, qui a aussi participé à l'écriture de ce livre.
Le silence, c'est le poids qui est imposé aux victimes par les agresseurs.
Toutes s'accordent pour que ce genre de faits soit porté à la connaissance de tous, pour que l'omerta cesse : "le silence, c'est le poids qui est imposé aux victimes par les agresseurs", métaphorise Bernadette Bellouin. "Le silence vous enferme, c'est un tombeau dont il n'y a plus moyen de sortir", abonde Rose-Marie Maillier.
Jacqueline Dupont connait elle-même ce cercle vicieux qui l'a plongée dans le silence pendant de longues années : "un jour, nous avons fait une réunion lors de laquelle nous avons parlé des abus sexuels. J'ai alors parlé sur ce qui m'était arrivée chez un pédiatre quand j'avais 12 ans pour la première fois. Tant pis pour ceux qui me reconnaîtront et que ça choquera".
"Si nous n'avions pas écrit ce livre, on nous l'aurait reproché un jour", conclut Rose-Marie Maillier.