L’ancien camarade d’Adrien Quatennens et Ugo Bernalicis, quitte le parti de Jean-Luc Mélenchon, après plusieurs déceptions lors des municipales et des régionales, et surtout en raison des prises de position du parti dernièrement notamment par rapport au Hamas.
Il s’est donné le temps de la réflexion. Après avoir passé plusieurs mois à vouloir « changer les choses de l’intérieur » Julien Poix, ancien candidat LFI aux municipales de Lille et conseiller régional a décidé de quitter la France Insoumise. Il l’a annoncé lors d’une conférence de presse ce lundi, non sans une pointe d’émotion. Celui qui a été parmi les premiers à créer le mouvement avec Adrien Quatennens et Ugo Bernalicis, « autour d’un Kebab rue du Molinel en 2016 », rend sa carte d’adhérent.
Quand on qualifie un mouvement terroriste de mouvement de résistance, quand on décrit une attaque terroriste en édulcorant ce qui a pu se passer par des mots qui ne sont pas les mots justes, je trouve qu’on n’est pas au rendez-vous d’un parti responsable
Julien Poix, conseiller régional démissionnaire de LFI
Il affirme avoir toujours fait preuve de loyauté depuis 2012 et le début de son engagement auprès de Jean-Luc Mélenchon, mais aujourd’hui il ne peut plus défendre sur le terrain des idées qu’ils ne partagent pas : « je ne veux plus faire le service après-vente de choses que je n’approuve pas ». La dernière en date étant la position d’une partie de LFI sur le conflit israélo-palestinien. « Je n’ai pas apprécié du tout les propos légers et irresponsables qui ont été tenus », déclare le professeur d’Histoire-Géographie, qui s’est par ailleurs senti « bien seul » à Arras, lors de l’hommage au professeur assassiné Dominique Bernard. « Quand on qualifie un mouvement terroriste de mouvement de résistance, quand on décrit une attaque terroriste en édulcorant ce qui a pu se passer par des mots qui ne sont pas les mots justes, je trouve qu’on n’est pas au rendez-vous d’un parti responsable… », affirme l’élu qui précise « il faut arrêter de compartimenter le peuple français, de considérer le peuple français par communauté ». Julien Poix qui accuse le parti de se complaire dans un « opportunisme politique ».
Une guerre féodale
L’élu nordiste ne supporte plus « le bruit et la fureur », même « le boucan » de son parti, dans « le clivage permanent », explique-t-il, en jugeant l’action des députés à l’Assemblée nationale. Julien Poix n’a pas apprécié non plus, la mise à pied pendant 4 mois de la députée Raquel Garrido, (la même que celle d’Adrien Quatennens, député du Nord condamné pour violences conjugales). « Je ne m’y retrouve plus. On ne peut pas dire aux gens qu’on va faire la 6eme République et n’avoir aucun cadre de débat de discussion en interne. On ne peut pas dire aux gens, qu'on va faire la 6ème République et ne pas respecter les voix dissidentes, les voix qui ont des avis différents. »
On ne peut pas dire aux gens, qu'on va faire la 6ème République et ne pas respecter les voix dissidentes, les voix qui ont des avis différents
Julien Poix, conseiller régional démisionnaire de LFI
Localement, il dénonce un « triumvirat de parlementaires qui a pris le pouvoir », en parlant d’Adrien Quatennens, Ugo Bernalicis et David Guiraud*. « Je n’ai pas signé pour un remake de « Game of thrones » ou une guerre féodale entre les élus qu’ils soient locaux ou nationaux… Je ne veux pas participer à cette comédie qui renforce le discrédit de la politique.»
Quel avenir politique ?
Julien Poix compte rester conseiller régional. Il siégera temporairement avec les écologistes, (aux côtés desquels il a été élu en 2021). Il veut « jeter des passerelles entre les gauches » et continuer à se battre pour un « programme valable », mais à l’avenir « dans un cadre bienveillant ».
« Aujourd’hui je reprends ma liberté. J’aurai une parole libre mais clairement ancrée à gauche », autour de « 3 piliers la 6ème république, l’organisation de la transition écologique et la justice sociale et fiscale ». Sera-t-il suivi ? Lui observe en tout cas avec attention le chemin de François Rufin, Clémentine Autain, Alexis Corbières ou encore Raquel Garrido, qui veulent changer les choses de l’intérieur » mais lui n’y croit plus.
* La direction de LFI Nord et les personnes concernées n’ont pour l’instant pas souhaité réagir. Patrick Proisy, maire LFI de Fâches-Thumesnil, parle « d’un non-événement vu son activité au sein de notre mouvement ».