La région des Hauts-de-France est une des plus touchées par la présence de résidus de pesticides dans l'eau du robinet. C'est en tout cas ce que révèle un rapport de l'Anses publié début avril. Dans quelle mesure votre commune est-elle concernée ? Vous le saurez grâce à notre moteur de recherche.
Avec en moyenne 14,3 microgrammes par litre, la région Hauts-de-France est celle où l'on observe les concentrations les plus élevées en pesticides et en métabolites (résidus de pesticides) dans l'eau du robinet, devant la Bourgogne-Franche-Comté. C'est ce que révèle le rapport publié par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), à partir d'une étude menée sur le territoire national depuis 2019.
À partir de la base de données fournie par le Ministère de la santé, nous avons créé un moteur de recherche spécifique, grâce au lequel vous pouvez mesurer la qualité de l'eau potable dans votre commune.
Grâce à cette même base de données, nous avons également pu établir une carte de France de la qualité de l'eau du robinet. On y observe que tous les départements de notre région ne sont pas logés à la même enseigne. L'eau du robinet dans le Nord est de meilleure qualité que dans le Pas-de-Calais ou dans les départements picards.
L'Aisne particulièrement concerné
D'ailleurs, depuis l'automne 2022, l’eau du robinet de 105 communes de la région a été mise sous surveillance renforcée par l'Agence régionale de santé (ARS). Cela s'est traduit par des contrôles de l'eau du robinet tous les 15 jours pendant trois mois. L'inquiétude portait notamment sur les métabolites du chloridazone, un pesticide utilisé par les producteurs de betteraves, et interdit en France depuis 2020. À l'issue de cette surveillance, l'ARS Hauts-de-France a constaté un dépassement du taux autorisé, fixé à 3 microgrammes par litre, dans dix communes, toutes situées en Picardie.
Nous avons raccordé notre réseau d'eau potable à celui de la commune voisine.
Bernard Vanacker, maire de Versigny (02)France Télévisions
Depuis, huit d'entre elles ont trouvé des solutions afin de faire baisser ce taux. C'est le cas du village de Versigny situé dans l'Aisne : "nous avons raccordé notre réseau d'eau potable à celui de la commune voisine de Sinceny", explique le maire Bernard Vanacker. Des travaux gérés par la Communauté d'agglomération de Chauny-Tergnier-La Fère, et qui ont coûté plus de 500 000 euros : "c'était la solution la moins coûteuse. Mais heureusement que l'on fait partie de la communauté d'agglomération, car nous n'aurions pas pu assumer ces dépenses seuls".
15 packs d'eau toutes les 3 semaines
Aujourd'hui, deux communes de l'Aisne sont toujours concernées par des restrictions de consommation d'eau du robinet : Merlieux-et-Fouquerolles et Le Thuel. Dans cette dernière, selon notre moteur de recherche, seuls 9% des prélèvements d'eau du robinet sont conformes aux normes de qualité, notamment à cause de la présence de chloridazone.
"J’achète une quinzaine de packs d’eau toutes les trois semaines", raconte Marie-Claire Bernard. Assistante maternelle à Le Thuel, elle s'occupe de dix enfants, et a absolument besoin d'eau potable pour cuisiner et préparer les biberons : "ça représente un certain coût mais pour compenser, je sais que ma consommation d’eau du robinet sera moins élevée".
Une solution alternative à l'eau en bouteille a été mise en place par la municipalité : "depuis octobre, un point d'eau potable a été mis en place dans le village voisin, à Montloué", explique David Vandenhende, le maire de Le Thuel, "les habitants peuvent aller remplir des jerricanes alimentaires".
Une situation qui pourrait durer encore plusieurs mois. La municipalité a mandaté un bureau d'études afin de trouver la meilleure solution pour rendre l'eau du village de nouveau potable.