Face à la prolifération des scolytes, ces redoutables insectes qui déciment les forêts, le ministre de l'Agriculture lance un plan "scolytes et bois de crise". Un plan d’attaque pour protéger la filière bois et sauver les forêts d’un désastre en cours.
Les scolytes se propagent à une vitesse fulgurante dans les forêts de résineux de l'est de la France. Un fléau favorisé par le réchauffement climatique. Les arbres touchés meurent rapidement. Et selon le degré d'infestation, la qualité du bois ne permet plus de l'utiliser pour la construction. C’est toute la filière professionnelle du bois qui est mise en danger par ces attaques de xylophages.
Le scolyte, serial killer des forêts
Le scolyte est un petit insecte, un coléoptère de couleur brun, qui se glisse sous l'écorce des arbres, en particulier les épicéas. "En creusant des galeries dans le cambium (une fine couche sous l’écorce) pour y déposer leurs œufs, les femelles condamnent des arbres par milliers", indique l'Office national des forêts. Les scolytes mesurent 2 à 8 mm et font d'immenses ravages.
Le rôle du réchauffement climatique
Naturellement présents dans notre écosystème, les scolytes profitent du réchauffement climatique. Depuis 2018, les sécheresses successives et les fortes températures enregistrées dans le grand quart Nord-Est de la France ont engendré des mortalités massives d’épicéas. Les conditions météorologiques ont permis le développement d’une génération d’insectes en plus par an, et donc une accélération des dégâts.
"Il est indispensable de changer de posture et de se montrer proactif, de faire preuve d’inventivité et d’audace pour trouver collectivement des solutions à la hauteur des enjeux", a déclaré le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau.
Il est indispensable de changer de posture et de se montrer proactif, de faire preuve d’inventivité et d’audace pour trouver collectivement des solutions à la hauteur des enjeux.
Marc Fesneau, ministre de l'agriculture
Modification du paysage
"Les arbres attaqués par les scolytes sont facilement identifiables par le changement de la couleur de leurs aiguilles, virant du vert au brun, puis par leur disparition totale", détaille l'ONF.
Depuis 2018, on estime le volume de bois infecté à 37 millions de m3 (essentiellement des épicéas et des sapins). Les surfaces touchées sont de 110 000 hectares sur 520 000 hectares de résineux, soit un cinquième des forêts dans le grand quart Nord Est.
Les impacts sont visibles sur les paysages, sur les écosystèmes mais aussi sur la ressource bois avec des flux d’approvisionnement et une qualité des produits perturbés.
Un plan de crise du gouvernement
Favoriser le débouché des bois scolytés
Si les bois scolytés sont identifiés et abattus rapidement, ils sont exploitables dans la construction. Le gouvernement précise dans son plan : "Aussi, il y a lieu de mieux faire connaître cette possibilité d’utilisation des bois scolytés, afin de favoriser leur débouché, de préférence sur le marché national, mais aussi potentiellement à l’export".
Alimenter des centrales biomasse avec du bois scolyté
Si l’infestation est trop importante, le bois devient sec trop vite et inutilisable. Dans ce cas, il peut servir à alimenter des centrales biomasse. Le gouvernement met donc en place une dérogation temporaire pour favoriser les débouchés et permettre "de remplacer du bois frais par du bois résineux de crise (sapin sec ou sapin scolyté ou épicéa scolyté) provenant de régions limitrophes à celles prévues initialement au sein de leur plan d'approvisionnement".
Des aides pour s’équiper de kits d’écorçage pour freiner la prolifération des scolytes
Le gouvernement prévoit également d'aider les propriétaires et gestionnaires forestiers à acheter des kits d'écorçage. Enlever les écorces des arbres abattus permet de détruire les scolytes présents, avant qu'ils se propagent à d'autres arbres sains à proximité.
Replanter les surfaces sinistrées
Parmi les autres mesures annoncées, le gouvernement veut aussi aider les propriétaires touchés à replanter les surfaces sinistrées, avec des essences plus adaptées et résistantes à ces attaques. La France entière est aujourd'hui concernée par cette menace.