En meeting à Lille vendredi soir, Philippe Poutou a rassemblé 400 personnes. L'occasion pour le candidat du NPA de revenir sur le Grand Débat du 4 avril et de réaffirmer sa volonté de continuer sa campagne présidentielle.
Philippe Poutou, le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) a réuni près de 400 personnes vendredi soir à Lille.Dans la petite salle Courmont, dans le quartier de Moulins, les places assises manquaient pour les militants et les curieux venus écouter le candidat ouvrier à une semaine du premier tour des élections présidentielles, le 23 avril.
La tête un peu rentrée dans les épaules et surplombé par un géant au bérêt noir derrière son estrade, Philippe Poutou a rappelé avec le même débit rapide que lors du Grand Débat du 4 avril le but de sa candidature:
"Les élections ne changeront pas notre vie, mais ça vaut le coût. Lors du débat nous voulions faire une démonstration de cette colère contenue, de ce ras-le-bol de la précarité, du chômage."
Contre le chômage dans les Hauts-de-France et dans le reste du pays justement, il a réaffirmé ses idées phares: la nécessité répartir le temps de travail en passant à la semaine de 32 heures et en interdisant les licenciements.
Anti-système de l'anti-système
Le candidat du NPA est aussi revenu sur "le mépris social" dont il a fait l'objet après le débat diffusé sur BFM. En cause, son visage "mal rasé, et mon polo blanc. Ca m'a vexé, je l'aimais bien mais maintenant je n'ose plus le mettre", remplacé par un modèle semblable en bleu.
Sa posture et ses mentions directes aux affaires dans l'ombre de Marine Le Pen et de François Fillon lui ont surtout valu plus de louanges que de critiques sur les réseaux sociaux, sans faire perdre de vue au candidat ses principaux objectifs:
Poutou il est tellement iconic il vient chez moi il me demande de faire 10 000 bornes à pied jeter un anneau dans un volcan je le fais.
— Benjamin LeReilly (@LeReilly) 4 avril 2017
"Je n'ai pas voulu être présent sur les photos de famille pour exprimer que je ne suis pas du même monde que ces gens-là. On a aussi salué mes "punchlines", le fait de sortir les bonnes phrases au bon moment mais bon, ça a surtout permis de libérer quelque chose. Il fallait dénoncer les magouilles de ceux qui se disent anti-système."
Dans la salle attentive, le souvenir du meeting de Jean-Luc Mélenchon au Grand Palais est encore frais.
Adrien, un apprenti ingénieur de 26 ans, a assisté au discours du candidat de la France Insoumise pour se faire une idée mais préfère Philippe Poutou:
"Je ne compte pas voter, parce que je n'ai pas envie de légitimer un système qui ne fonctionne pas, mais le NPA est le parti le plus proche de mes idées."
Même chose pour Muriel, bibliothécaire du même âge et elle aussi tentée par l'absentionnisme:
"Je suis venue écouter ce que Philippe Poutou avait à dire en dehors de son site et sur un plateau de télé. Mais aussi pour me détendre après le meeting de Mélenchon, c'était éreintant et je ne suis pas d'accord avec la façon qu'il avait d'utiliser l'actualité au profit de sa campagne. Je préfère les idées du NPA sur le féminisme et la défense des animaux notamment."
Philippe Poutou a pourtant lui aussi évoqué la grogne sociale en Guyane et la persécution des homosexuels en Tchétchénie pour venir appuyer son discours "contre toutes les oppressions, et pas seuleument économiques."
Le candidat anticapitaliste a terminé le meeting en parodiant François Fillon "On dit que c'est probable que Mélenchon soit présent au deuxième tour et que je devrais donc me retirer pour favoriser le vote utile. Mais comme Fillon, je ne me retirerai pas, j'irai jusqu'au bout. La campagne du NPA a une vraie utilité, même si elle ne va pas jusqu'au vote."
Philippe Poutou a obtenu 50 parrainages dans les Hauts-de-France: 12 dans le Pas-de-Calais, essentiellement des maires, 7 dans le Nord dont le député Jean-Jacques Candelier, ainsi que 31 parrainages dans l'ex-Picardie.