Selon une récente étude d'un comparateur d'assurances, les Hauts-de-Frane arrivent en tête des régions où les mutuelles et autres complémentaires santé sont les plus chères. On vous explique pourquoi.
1138 euros par an. C'est en moyenne ce que coûte une complémentaire santé aux habitants des Hauts-de-France. Contre 1092 euros par an en moyenne au niveau national. Ce qui place notre région en tête des régions les plus chères en matière de couverture santé complémentaire, selon une étude récente d'un comparateur d'assurances.
Les tarifs des mutuelles et des complémentaires santé sont donc plus élevés dans les Hauts-de-France qu'ailleurs. Et cela quelque soit le profil de l'assuré :
- Un étudiant paiera 581€/an;
- Un retraité de 66 ans et +, 1844€/an ;
- Un salarié cotisera 1 170€/an;
- Et une personne sans emploi, 1095€/an.
Par an, les complémentaires santé sont ainsi plus chères de 11 euros pour un étudiant des Hauts-de-France que la moyenne nationale, 59 euros pour un retraité de 66 ans et +, 78 euros pour un salarié et 99 euros pour un chômeur :
Quels facteurs induisent de telles différences ? La première chose est de savoir comment sont fixés les tarifs des mutuelles et des complémentaires santé. Interrogée, la Mutualité française nous explique que sont, pour cela, pris en compte deux facteurs : la pratique du dépassement d’honoraires et l’état de santé de la population qui induit ou non une forte consommation de soins.
Une offre médicale plus faible que la demande
Et les Hauts-de-France ne sont pas les mieux placés en termes de dépassement d'honoraires et de consommation de soins.
"Ces deux aspects, qui sont flagrants dans les Hauts-de-France, désavantagent la région, explique Cédric Ménager, directeur général du comparateur d'assurances. Quand il y a peu de médecins et une forte densité de population ou un éloignement géographique des patients, les praticiens ont tendance à pratiquer des dépassements d'honoraires. Du coup, les mutuelles, quand elles constatent ces différences de prix et d’honoraires, elles vont ajuster les prix des contrats d’assurance en fonction des facturations des médecins. Plus il y a un décalage entre la demande et l’offre, plus les prix sont réévalués, plus les coûts pour les mutuelles sont importants et donc elles vont réajuster leurs tarifs."
Ce que confirme Rober Bréhon, président de l'UFC Que choisir des Hauts-de-France : "on a fait il y a peu de temps une étude qui montre que sur les dépassements d’honoraires, notre région est très mal placée. Ce qui fait que quand il y a des dépassements d’honoraires et que les mutuelles les prennent en charge, leurs tarifs prennent en compte cela."
Rappelons qu'avec plus de 6 millions d'habitants, les Hauts-de-France sont la troisième région de France la plus peuplée et la deuxième en termes de densité de population.
Une région à la santé fragile
Concernant la consommation de soins, deuxième facteur fixant les tarifs des complémentaires santé et des mutuelles, les Hauts-de-France sont également en tête de liste. Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de la santé datant de mai 2023, les dépenses de santé dans les Hauts-de-France sont 20% plus importantes que la moyenne nationale :
Une surconsommation de soins qui s'explique par la surreprésentation dans les Hauts-de-France de certaines pathologies comme les cancers ou les maladies cardiaques ou respiratoires. "Il y a des pathologies lourdes dans notre région comme le diabète. Les pathologies chroniques sont aussi plus importantes dans les Hauts-de-France qu’ailleurs, constate Robert Bréhon de l'UFC Que choisir. Le passé industriel des Hauts-de-France est encore présent d’un point de vue sanitaire dans notre région : il y a encore aujourd’hui des personnes âgées qui subissent les répercussions sanitaires de l’histoire industrielle des Hauts-de-France."
Nouvelle hausse prévue en 2024
Densité médicale faible. Sur consommation de soins et état de santé dégradé. Voilà pourquoi les tarifs des mutuelles et des complémentaires santé sont plus élevés dans les Hauts-de-France qu'ailleurs sur le territoire.
Une facture qui va augmenter en 2024 de 8 à 12,5% pour l'ensemble du secteur pour absorber une hausse continue des dépenses de santé et la baisse de 70 à 60% du remboursement par la Sécurité sociale des soins dentaires prévue par la réforme 100% santé.
Au total, les dépenses des complémentaires santé devraient donc augmenter de 1,5 milliard d'euros en 2024.