Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti, Agnès Pannier-Runacher et Brigitte Bourguignon sont nommés ministres du nouveau gouvernement mené par Elisabeth Borne. Originaires du Nord ou du Pas-de-Calais, tous récupèrent des portefeuilles de premier plan.
La Santé, la Justice, la Transition Energétique, l'Intérieur. Quatre ministères stratégiques sont désormais entre les mains de personnalités du Nord. Le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, a annoncé ce 20 mai la composition du nouveau gouvernement mené par Elisabeth Borne. Globalement, la macronie conserve ses piliers en place et ajoute quelques insoupçonnés. Parmi les nominations les plus surprenantes, celle de Pap Ndiaye. Chercheur en histoire spécialiste des Etats-Unis, de la question noire, et engagé de longue date contre les violences policières, ses convictions dénotent quelque peu avec le ton général du gouvernement.
Darmanin et Dupond-Moretti : impopulaires mais maintenus
A commencer par le maintien de Gérald Darmanin à la tête du ministère de l'Intérieur. Malgré les polémiques qui émaillent son parcours politique et personnel, Emmanuel Macron garde son premier flic de France. Né à Valenciennes, Gérald Darmanin a commencé très jeune dans les instances politiques nationales, comme collaborateur de Jacques Toubon. Il s'est rapproché de sa région d'origine en 2012, devenant député du Nord puis maire de Tourcoing deux ans plus tard. Longtemps encarté à l'UMP, puis chez LR, Gérald Darmanin parlait en 2017 d'Emmanuel Macron comme le "poison définitif" de la Vème République mais s'est finalement imposé comme le représentant de l'aile droite au gouvernement.
Parmi ceux qui rempilent, on retrouve également le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, né à Maubeuge. Là encore, Emmanuel Macron ne reconduit pas son ministre le plus populaire : visé par des plaintes de syndicats de magistrats et de l'association Anticor pour conflits d'intérêts, il a été mis en examen à l'été 2021 et l'affaire est toujours en cours. Eric Dupond-Moretti divisait déjà en tant qu'avocat. Le verbe haut, efficace, excellent orateur, il s'était fait une spécialité de la défense des "indéfendables" comme Abdelkader Merah, mais était critiqué pour son attitude parfois brutale envers les plaignants. Sa nomination, au vu des heurts du premier quinquennat, semblait presque impossible. Mais Dupond-Moretti est celui qui a entrepris la réforme de la Justice, et Emmanuel Macron renouvelle avec lui toute une ligne de conduite, et toute une politique.
Nouveaux portefeuilles pour Agnès Pannier-Runacher et Brigitte Bourguignon
Autre ministre qui reste dans le giron du gouvernement, mais qui change de portefeuille : Agnès Pannier-Runacher, qui réside aujourd'hui à Lens. Auparavant nommée au ministère de l'Industrie, elle prend cette fois en charge la Transition énergétique, un chantier d'ampleur en France, notamment dans le domaine de la rénovation du parc de logement. Passée par les grandes écoles, la finance publique ou encore l'administration hospitalière, elle a fait également un bref détour par le privé en tant que directrice de la division recherche et développement d'un équipementier automobile. Si ses petites phrases n'ont pas toujours fait l'unanimité, Agnès Pannier-Runacher, jamais avare de déplacements, a été plutôt appréciée parmi les industriels. Emmanuel Macron fait ici le choix d'une technicienne, et récompense également l'un de ses soutiens de la première heure.
Elle était ministre déléguée chargée de l'autonomie, elle se voit propulser dans un ministère aux chantiers explosifs, celui de la santé. Brigitte Bourguignon, originaire de Boulogne-sur-Mer et conseillère départementale du Pas-de-Calais, récupère pêle-mêle l'essoufflement de l'hôpital public, la progression des déserts médicaux, et le covid-19 qui n'a pas encore dit son dernier mot.
Ancienne secrétaire médicale, issue du parti socialiste, Brigitte Bourguignon est identifiée à l'aile gauche du gouvernement et avait publiquement souhaité des politiques plus sociales. Elle n'avait pas obtenu que des réussites, avec notamment le revirement sur la réforme de l'aide sociale à l'enfance, qui avait grandement mécontenté les associations et l'opposition de gauche. Mais aujourd'hui, ce volet social devient plus stratégique, pour un gouvernement qui espère encore faire passer une réforme des retraites largement impopulaire en misant sur l'accompagnement des seniors.