En avril 2020, après la rupture d'une digue de l'usine qui retenait les eaux de lavage de betteraves, 100.000 m3 de liquide noirâtre, essentiellement des matières organiques, s'étaient déversés dans la nature, polluant notamment l'Escaut,
"Nous contestons toute responsabilité", a déclaré jeudi Gilles Benveniste, directeur de l'usine Tereos de Thun-Saint-Martin (Nord) à l'ouverture du procès du groupe sucrier français, mis en cause dans la pollution de l'Escaut il y a deux ans et la mort de tonnes de poissons.
Dans la nuit du 9 au 10 avril 2020, après la rupture d'une digue de l'usine qui retenait les eaux de lavage de betteraves, 100.000 m3 de liquide noirâtre, essentiellement des matières organiques, s'étaient déversés dans la nature, polluant notamment l'Escaut, fleuve traversant la France, la Belgique et les Pays-Bas.
Plusieurs photos montrant des dizaines de poissons morts ont été diffusées lors de ce premier jour d'audience au tribunal correctionnel de Lille. Entre 50 et 70 tonnes de poissons morts avaient été retrouvés en Belgique et 13,25 tonnes en France. "L'ampleur de la catastrophe a sans doute été sous estimée en raison du confinement très strict alors en place, rendant difficiles les premières constatations et les opérations de contrôle", a affirmé le président du tribunal.
Nous contestons toute responsabilité
Gilles Benveniste, directeur de l'usine Tereos de Thun-Saint-Martin
Tereos, jugé jusqu'à vendredi, doit notamment répondre du déversement "de substance nuisible dans les eaux" et du rejet "de substance nuisible au poisson", des infractions passibles de deux ans de prison et 75.000 euros d'amendes, ainsi que de la "mise en place sans autorisation par personne morale d'une installation (...) nuisible à l'eau", passible de trois ans de prison et 150.000 euros d'amende.
Le groupe s'est défendu jeudi de "toute négligence" sur l'entretien de la digue qui a cédé. "Il n'y a pas eu de manquements dans l'entretien de la digue ou dans les travaux du bassin réalisés par Tereos", a affirmé son avocat, Me Alexandre Moustardier.
"Une fois alerté de la rupture, Tereos a tout mis en oeuvre, en réponse avec les autorités françaises notamment, pour répondre à l'urgence de la situation", a-t-il ajouté.
Ce procès a "une dimension symbolique et pédagogique en raison de l'ampleur du préjudice écologique", avait affirmé avant l'audience à l'AFP Me Nina Potier, avocate de l'Association pour la protection des animaux sauvages et de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), parties civiles.
En septembre 2021, la préfecture du Nord avait exigé de Tereos des mesures de
réparation écologique sur 10 ha de terrains autour de l'Escaut.
Avec AFP