La sucrerie d'Escaudœuvres dans le Nord classée en "vigilance renforcée" par le gouvernement, les élus temporisent

Le ministère de la Transition écologique pointe du doigt le site Tereos d'Escaudœuvres pour des incidents réguliers ou de non-conformités récurrentes. Classé "vigilance renforcée", les responsables de la sucrerie demandent le retrait de cette liste, les élus eux sont confiant pour l'environnement.

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En avril 2020, la pollution de l'Escaut après la rupture d'une digue d'un bassin de décantation de la sucrerie Tereos d'Escaudœuvres provoquait une forte indignation. Plusieurs milliers de poissons avaient été retrouvés morts, affleurant à la surface. Ils ne pouvaient plus fixer l'oxygène de l'eau sur leurs branchies. Et cela sept mois après un autre drame écologique qui allait marquer la France entière, l'incendie de Lubrizol à Rouen en septembre 2019.

Conséquence, depuis le 1er juillet 2021, le ministère de la Transition écoglogique a classé en "vigilance renforcée" plusieurs sites en France avec pour but de prévenir tout risque industriel.  

Dans les Hauts-de-France, la sucrerie Tereos d'Escaudœuvres est la seule à être dans cette liste. En cause selon le gouvernement, une chaudière à charbon et la prise en compte insuffisante de la biodiversité locale.

"Chacun est dans son rôle, il n'y a pas d'affaire là-dedans"

A la municipalité, Thomas Frémond, adjoint à l'environnement à Escaudœuvres, temporise. Il estime que de part et d'autres, Etat comme Tereos, chacun est "dans son rôle, il n'y a pas d'affaire là-dedans". D'un côté l'Etat, qui dresse une liste de "vigilance renforcée" et veut surveiller les sites. Pour lui, les autorités gardent en mémoire la "vive émotion" qu'avait provoqué le "drame écologique" de la pollution de l'Escaut en avril 2020. De l'autre Tereos "qui aurait pu gagner du temps en allant en justice mais qui ne l'a pas fait et regrette d'être montré du doigt alors qu'ils sont dans une attitude d'assumer leurs responsabilités".

Thomas Frémond a rencontré les représentants de Tereos. Il évoque leur volonté de travailler en "bonne intelligence" avec les services de l'Etat pour organiser la restauration de la biodiversité de l'Erclin, affluent de l'Escaut. En octobre, un plan sera communiqué par l'entreprise avec trois projets de restauration de la biodiversité.

Concernant l'Etat, l'adjoint à l'environnement d'Escaudœuvres estime qu'il a un souci de "transparence" et la non plus, cela n'a rien de "scandaleux". L'Etat serait en fait plutôt dans une volonté de donner des "gages de suivi", dans le contexte de l'après Lubrizol.

Tereos demande "le retrait de cette liste"

Dans un communiqué du 7 juillet 2021, Tereos France rappelle qu'à Escaudœuvres, la conversion d'une chaudière au charbon en chaudière au gaz, pour 24 millions d’euros, est en train d'être réalisée (en plus du plan élaboré pour restaurer la biodiversité des cours d'eau locaux). Déjà il y aurait une "réduction de 40% d’émissions de CO2".

«Elle [la chaudière à gaz] va donner une énergie plus verte. Elle va réduire de 95% les émissions d’oxydes d’azote et de soufre..." assurait David Lecomte directeur technique de la sucrerie dans la Gazette du Nord Pas-de-Calais, en mai dernier. 

Tereos assure que ses trois sites visés (deux dans la Marne, en plus d'Escaudœuvres) ne révèlent pas d’incidents réguliers ou de non-conformités récurrentes pouvant justifier une mise sous "vigilance renforcée". Le groupe demande en conséquence le retrait de cette liste à la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. 

Réaction de Tereos France suite à la communication du Ministère de la Transition écologique

En France, 13 sites industriels sont concernés par la "vigilance renforcée". Ils appartiennent à six exploitants : le gestionnaire de déchets Pena, le SIAAP (Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne), Esso, Lactalis, le fabricant d'engrais Yara et donc, le sucrier Tereos.

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