Le Premier ministre, Michel Barnier, prévoit de prolonger des contrôles frontaliers avec la Belgique, dès le vendredi 1ᵉʳ novembre 2024. Il invoque de "graves menaces à l'ordre public ou à la sécurité intérieure". Pour se rendre à Mouscron, Tournai ou encore Menin, ça risque de bouchonner à la frontière.
Sur son compte X, le 18 octobre 2024, le Premier ministre, Michel Barnier, annonçait la reconduction du contrôle aux frontières intérieures de l'espace Schengen jusqu'au 30 avril 2025, après décision de la Commission européenne.
Les Français attendent de nous une politique efficace de maîtrise de l'immigration. Le Gouvernement vient de notifier la Commission européenne de la prolongation du contrôle aux frontières intérieures, instauré depuis 2015. À la frontière italienne, la force frontière a été…
— Michel Barnier (@MichelBarnier) October 18, 2024
Une prolongation jusqu’au 30 avril 2025
"La France va maintenir le rétablissement des contrôles. Les Français attendent de nous une politique efficace de maîtrise de l'immigration. Le gouvernement vient de notifier la Commission européenne de la prolongation du contrôle aux frontières intérieures, instauré depuis 2015", s'est-il justifié sur son réseau social.
Les Français attendent de nous une politique efficace de maîtrise de l'immigration.
Michel Barnier, Premier ministre
Paris invoque de "graves menaces à la sécurité intérieure posées par les activités terroristes, les réseaux criminels et les flux migratoires qui risquent d'être inflitrés par des individus radicalisés".
L'espace Schengen prévoit qu'un document d'identité suffit pour passer les frontières intérieures de l'Union européenne. Dans les textes, un pays de l'Union ne peut réintroduire les contrôles à ses frontières que "temporairement et qu'en cas de grave menace à l'ordre public ou la sécurité intérieure."
Dans la pratique, ces contrôles restent souvent plus longtemps effectifs qu'annoncé : après les attentats du 13 novembre 2015, une mesure temporaire avait été mise en place puis prolongée en mai 2024 pour assurer la sécurité des Jeux olympiques.
Mieux contrôler nos frontières. pic.twitter.com/uK6qzJR9Ao
— Michel Barnier (@MichelBarnier) October 19, 2024
À partir du 1ᵉʳ novembre, les forces de l'ordre procèderont donc à un contrôle visuel des pièces d'identité des automobilistes au niveau des postes frontières. Une fois un individu jugé "dangereux" intercepté, il devra être renvoyé dans le pays d'origine par lequel il est arrivé sur le sol européen, comme le prévoit le "règlement de Dublin".
Contactée, la Préfecture du Nord a indiqué n'avoir aucun éléments particuliers à communiquer. Une vingtaine de points de contrôle seront implantés notamment à proximité des villes de Mouscron, Tournai et Menin. On peut y redouter des files d'attente, comme ce que les automobilistes avaient connu jusqu'en 2014, avant le démantèlement du dernier poste frontière à Rekkem, près de Mouscron.
L'exemple italien du contrôle aux frontières
Michel Barnier défend ces mesures de contrôle, en citant l'exemple italien : "C'est un modèle qui a fait ses preuves. Nous allons le généraliser sur l'ensemble des frontières terrestres de l'Hexagone."
Fabien Gibault, enseignant à l'Université de Bologne, spécialiste de la politique italienne, l'a expérimenté. "Depuis 2015, lorsque que je fais le trajet entre l'Italie et la France en TGV, il y a des contrôles inopinés de pièces d’identité, ainsi que de certains bagages, raconte-t-il. À chaque fois, cinq à six gendarmes sont mobilisés. Cela fait perdre une bonne vingtaine de minutes. En presque dix ans, je n'ai vu qu'une seule personne arrêtée. Un dispositif exagéré pour peu de résultat," estime-t-il.
Une mesure "assez symbolique et dissuasive" ?
"Avec cette augmentation des contrôles, on va déplacer le problème. Quand une personne souhaite passer la frontière, il peut y arriver sans emprunter les points de contrôle", analyse Fabien Gibault. "Cela aura avant tout un effet visuel sur l’opinion publique pour protéger la population d’un potentiel danger", juge-t-il.
Riccardo Perissich, ancien cadre à la Commission européenne entre 1970 et 1990, parle d'une mesure "assez symbolique, dissuasive, peu applicable, mais qui pourrait avoir un effet." Selon lui, l'objectif de ces contrôles : "Vérifier qu'il n'y ait pas de clandestins au sein de certains camions qui franchissent la frontière."
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"Chaque année depuis 2015, des dizaines de milliers de personnes exilées ont été contrôlées 'au faciès' aux frontières intérieures françaises puis refoulées au mépris de leurs droits", alerte un communiqué de l'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé).