Punaises de lit à Arras : France 3 ciblé par une campagne de désinformation russe

D'après une vidéo publiée sur Telegram, quatre journalistes auraient été mis à pied après avoir parlé des punaises de lit à l'hôpital d'Arras, dont un confrère de France 3. Ces allégations sont fausses et proviendraient d'une campagne de désinformation russe selon une enquête publiée par Le Point.

Un journaliste de France 3 sous le coup d'une enquête de la DGSI pour avoir "alimenté la panique nationale autour des punaises de lit" ? C'est faux. Pourtant, une vidéo de près d'une minute, qui ressemble à s'y méprendre à une publication de nos confrères de BFM TV, affirme le contraire.

Spécialisé dans la guerre de l'information et les opérations d'influence étrangères, Nicolas Quénel explique dans Le Point qu'il s'agirait d'une campagne de désinformation russe.

Voici la vidéo, nous avons pris le soin de masquer les noms de nos confrères et consœurs :

durée de la vidéo : 00h00mn53s
Vidéo de désinformation postée sur un canal Telegram. Les noms des journalistes ont été masqués. ©Telegram

Quatre journalistes de France 3, La Voix du Nord et BFM TV ciblés

Au début du mois d'avril, les urgences du centre hospitalier d'Arras ont été partiellement perturbées après qu'un homme s’est présenté couvert de punaises de lit. L'information a été relayée par les médias des Hauts-de-France dont : France 3, la Voix du Nord et BFM TV.

Quelques jours plus tard, sur un canal Telegram (service de messagerie instantanée) russe, suivi par 20 000 personnes, une séquence de désinformation d'une cinquantaine de secondes est publiée. "La DGSI a ouvert une enquête à l'encontre de certains journalistes. L'enquête a été motivée par des publications relatives à la fermeture d'un hôpital d'Arras à cause de punaises de lit" démarre la vidéo. S'ensuit des captures d'écran des papiers de nos confrères et consœurs, ainsi que la publication de leur nom.

► Lire aussi : Éducation aux médias : quels sont les bons réflexes pour repérer les rumeurs et fausses informations ?

"Les rédacteurs en chef ont suspendu les journalistes de leurs fonctions" poursuit la séquence. Nous pouvons vous affirmer, sans aucun doute, que notre collègue sera de retour à son bureau après les vacances scolaires.

Semer le chaos informationnel

Mais quel intérêt pour les Russes de rebondir sur les punaises de lit à l'hôpital d'Arras ? "Ils n'en veulent pas particulièrement aux punaises de lit et à Arras" analyse Nicolas Quénel, journaliste à l'origine de ces révélations. "C'est une opération d'influence offensive russe qui s'adresse à une audience francophone, pour faire croire qu'il n'y a pas de liberté d'expression en France." L'objectif de ces campagnes de désinformation est donc de "créer de la confusion, et faire perdre la confiance envers les médias."

Il faut faire appel à son esprit critique. Il faut essayer d'aller vérifier. Voir les canaux officiels ont relayé le message

Nicolas Quénel

Journaliste

Spécialiste de ces opérations d'influence, Nicolas Quénel explique que ce n'est pas la première fois que ça arrive. Pour ne pas tomber dans le panneau il conseille de "faire appel à son esprit critique. Il faut essayer d'aller vérifier. Voir si les canaux officiels ont relayé le message. Dans le cas de cette campagne aux allures de vidéo de BFM TV, le site du média n'avait bien évidemment pas relayé cette fake news. Le montage de la séquence laissait également quelques indices pour les observateurs les plus aguerris : "les bandeaux défilent super vite, c'est illisible" donne le journaliste en guise d'exemple.

Le plus difficile maintenant, savoir qui se cache derrière la vidéo. Le gouvernement russe ? Une entreprise privée ? Un individu isolé ? "L'attribution c'est ce qu'il y a de plus difficile" poursuit le journaliste, qui préfère "s'intéresser à comment débrancher la machine" face à ces vidéos qui sèment le "chaos informationnel". "Ces opérations prospèrent sur la crise de confiance envers les médias et les institutions en France." conclut-il.

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