L'ex-footballeur Guillaume Warmuz se raconte dans une autobiographie dont le titre, "Ma vie sera ici", fait référence à sa volonté depuis l'enfance de devenir gardien de but. Pendant 10 ans, il officiera au RC Lens et deviendra même champion de France en 1998. S'il évolue toujours dans le monde du football, il est, en parallèle, devenu aumônier.
Les fans du RC Lens se souviendront avec émotion du gardien de but Guillaume Warmuz, membre de l'équipe qui a conduit les Sang et Or à devenir champions de France en 1998. Aujourd'hui, si l'ancien Lensois travaille toujours dans le monde du football, comme entraîneur, conférencier, consultant et manager, il s'est aussi investi dans sa foi chrétienne en devenant aumônier.
"En complément du foot, confie-t-il dans son autobiographie, Ma vie sera ici, publiée chez Talent Sport, je mets en expression ma foi chrétienne et catholique. Pendant une dizaine d'années, j'ai fait des retraites, pris des cours de philosophie et de théologie et à la suite d'un concours de circonstances, je suis devenu aumônier."
"Je préfère dire responsable en aumônerie, précise-t-il lors de sa venue sur le plateau de Vous êtes formidables, le 21 décembre 2023. Au quotidien, je visite des personnes, croyantes ou non, pour les accompagner jusqu'à leur dernier souffle."
L'occasion pour le footballeur de revenir sur son enfance, sa vie de famille, mais aussi sur son départ du RC Lens en 2002.
Champions de France
Le livre fait bien sûr la part belle à la victoire du RC Lens en championnat de France en 1998.
"Le club n'avait rien gagné en plus de 100 ans, et c'est notre génération qui a accompli cela. Nous sommes les premiers de cordée et c'est toujours beau d'ouvrir la voie.", sourit-il avec fierté.
Voir cette publication sur Instagram
Le curriculum vitae établi, quand on lui demande de dire clairement pourquoi il a choisi de quitter les Sang et Or (et s'il l'a vraiment choisi), Guillaume Warmuz fait mine de réfléchir, "Hein, comment, je n'ai pas bien entendu ?", avant d'éclater de rire. "Je n'ai pas de réponse rationnelle à donner, tente-t-il. C'était un vrai sujet à l'époque. Tout le monde a pensé qu'il y avait des choses graves qui s'étaient produites dans ma vie. Mais non, ça n'a rien à voir."
Finalement, il tente une explication : "Ce qui s'est passé, c'est qu'on m'a poussé dehors. Dans ma vie, j'ai toujours pris le dessus par mes performances. À un moment, on m'a isolé et ensuite, je n'ai pas été bon. J'estimais donc qu'il fallait que je quitte le RC Lens. J'en ai parlé à mon président [Gervais Martel] et après Porto [en seizièmes de finale aller de la coupe UEFA, le 28 novembre 2002], je lui ai rendu le brassard et je suis parti, voilà, tout simplement."
Un départ incohérent
"Tout simplement", il faut le dire vite, parce qu'au fond, si Guillaume Warmuz n'a "pas été bon" comme il dit, c'est sans doute qu'on lui a mis beaucoup de pression mentale. En insistant un peu, il finit par l'avouer.
"L'entraîneur de l'époque, Joël Muller, voulait un changement, se souvient Guillaume Warmuz. J'ai quitté le RC Lens parce qu'on m'a gentiment poussé vers la sortie en me faisant croire que j'étais fini. Mais j'ai rebondi, j'ai montré que j'étais loin d'être fini. Ce qui a été douloureux, ce n'était pas le départ, mais plutôt la façon incohérente dont ça s'est passé. Personne n'a su ce qui se tramait en coulisses."
Voir cette publication sur Instagram
Les coulisses, il les raconte dans son livre, comparant sa situation à du harcèlement, même s'il n'ose pas dire les choses clairement et qu'il prend des pincettes pour ne froisser personne, plus de vingt ans après les faits.
"Au départ, écrit-il, vous pensez que vous avez mal compris les remarques ou les comportements ambigus et puis, petit à petit, vous voyez que la donne a changé. Vous comprenez la vraie recherche de déstabilisation, une imposition du pouvoir jusque-là inexistant. C'est subtilement fait, avec plusieurs hommes de main déposés tout autour de la citadelle à faire tomber, pour justement isoler l'homme, pour que le capitaine ne soit d'abord plus entendu, puis que le gardien de but devienne bien terne."
Une "déchirure profonde"
"Avec le recul, poursuit-il dans son ouvrage, je comprends et compatis vraiment avec les personnes qui subissent le harcèlement moral."
"Cette déchirure profonde a ouvert en moi une énorme faille, allant jusqu'à douter de ma capacité à pouvoir rejouer de nouveau. Il me faudra beaucoup de temps pour m'en remettre."
Voir cette publication sur Instagram
L'ancien footballeur fait référence à son passage chez les Gunners en Angleterre. "Par la suite, ça a été compliqué pour moi pendant les six mois que j'ai passés à Arsenal, reconnaît-il, parce que ça a été un petit traumatisme de quitter Lens."
Le temps a passé et Guillaume Warmuz affirme n'avoir aujourd'hui aucune amertume. "Mon seul regret, déplore-t-il, c'est que je n'ai pas pu avoir mon moment de gloire avec les supporters. Je l'ai eu après, quand je suis revenu jouer avec Monaco, mais j'aurais aimé à la fin du dernier match, comme Eric Sikora, un beau tour d'honneur devant 46 000 personnes, pour faire un beau happy end."
"Cette décennie à Lens est une partie de ma vie que je n'oublierai jamais, conclut-il, pas rancunier. Elle est synonyme de bonheur. Ce qu'il faut retenir de tout ça, c'est que Lens et moi, c'est pour toujours !"
[Article déjà publié sous une autre forme le 27 janvier 2024.]