David Bouche a fondé "Colline d'actions" en hommage à sa fille Colline.
C'était le vendredi 8 février dernier, peu après 7 heures. La petite Colline, 8 ans, est emmenée à l'école avec ses sœurs par sa mère à Renescure. "La route était bloquée depuis plusieurs minutes" explique David Bouche. "Mon épouse a donc fait le choix, plutôt que de passer derrière le camion, de passer devant afin que les véhicules qui arrivaient dans le sens contraire puissent les voir. Elles ont donc traversé toutes les quatre. Arrivées devant le camion, le camion a redémarré sur elles."
Colline ne survivra pas au choc, et une autre petite fille est blessée dans l'accident. Passée l'émotion, un collectif se forme alors pour réclamer l'interdiction du passage des poids-lourds à Renescure et le contournement de la commune par d'autres axes, moins peuplés.
Car la D642 qui traverse cette petite commune du Nord, à la frontière du Pas-de-Calais, est extrêmement fréquentée. Sur ce tronçon, à mi-chemin entre Hazebrouck et Saint-Omer, ce sont 16 000 véhicules qui passent chaque jour, dont 2000 poids lourds.
Et les accident ne sont pas rares. Colline est la septième victime de la route à cet endroit, en quarante ans, et le quatrième enfant à perdre la vie. Et depuis quarante ans, un projet de contournement de l'axe est à l'étude, avec la construction d'une rocade. Mais ce dernier pose problème : le chantier doit détruire des champs et des habitats naturels, ce à quoi des collectifs de préservation de l'environnement se sont opposés.
"C'est pas à moi, d'un coup de baguette magique, en prenant un arrêté, d'arrêter les camions à l'entrée de Renescure" plaide le maire (SE) Jean-Pierre Decool. "Ils vont où ? Sur d'autres axes? Aussi dangereux ? Je n'en ai pas la possibilité."
Le chantier du contournement pourrait démarrer à l'horizon 2025. Bien trop tard, pour David Bouche dont le collectif "Colline d'actions" a rapidement récolté plus de 2000 signatures après le drame (la commune compte près de 2100 habitants), dans une pétition en faveur de l'interdiction de passage.
"C'est question de vie ou de mort" tempête-t-il, la voix couverte par le klaxon d'un camion. "C'est notre quotidien, jour et nuit. Tous les jours on subit." Et il n'y a pas que le risque d'accidents : David Bouche pointe "le bruit, les vibrations, les odeurs, les gaz qu'on respire..."