Partout en France, l'éducation nationale peine à assurer le remplacement des profs, qu'il s'agisse de départs en retraites ou de tâches imposées par leur hiérarchie. A Roubaix, les enseignants réclament davantage de postes.
Des élèves sans professeurs durant plusieurs semaines, des retraités de l'Education Nationale rappelés pour prendre en charge une classe, des petites annonces... Partout en France, l'école est frappée de ce que les enseignants appellent à raison une "crise aigüe du remplacement". Faute de personnel, il n'est plus possible d'assurer la continuité de l'éducation en cas d'arrêt maladie, ou de congé parental.
Pis encore, dans un rapport dévoilé le 2 décembre, la Cour des comptes estime que les deux tiers des absences des enseignants sont liées "au fonctionnement même de l'éducation nationale." En d'autres termes, quand un professeur est appelé par ses supérieurs à des activités autres que le temps de classe, comme la participation à un jury d'examens, il n'est pas non plus assuré d'être remplacé.
124 enseignants manquants dans le Nord
A Roubaix, les enseignants crient leur colère depuis un mois déjà. En novembre, on leur annonce la suppression de leurs temps de pondération. Dans le réseau éducation prioritaire, ces temps sans élèves permettent aux professeurs de se rencontrer pour se former ensemble ou organiser le suivi des élèves. En effet, par manque de personnel, les remplaçants prévus pour ces heures de travail doivent désormais être dépêchés ailleurs, pour des remplacements longs.
"C'est ce qui a mis le feu aux poudres. L'inspecteur d'académie reconnaît entre 350 et 400 classes non remplacées sur ces 15 derniers jours de décembre. Ce qu'on réclame, c'est une hausse des moyens, du nombre de postes. Le jour de la rentrée scolaire, il manquait 54 enseignants dans le département du Nord ! On est passé à 100, puis aujourd'hui 124 personnes manquantes pour assurer tous les postes. Et je ne parle pas de personnes absentes pour une angine, mais de gens qui ne reviendront pas" détaille Alain Talleu, secrétaire départemental du syndicat SNUIPP-FSU.
Lui et ses collègues roubaisiens étaient de nouveau rassemblés sur la Grand Place ce jeudi 16 décembre, avec d'autres enseignants de la métropole. 90 contractuels devraient prochainement être recrutés, et la brigade d'enseignants chargés du temps de pondération devrait reprendre du service dès janvier, a assuré l'inspection académique lors d'une rencontre organisée le 8 décembre.
Des conditions de travail "de plus en plus difficiles"
Un effort significatif, mais encore insuffisant, car contraint par une désaffection nationale. "On a des départs en retraite de collègues qui en arrivent à l'année de trop et ne reviennent finalement pas en septembre, on a des collègues qui nous présentent des démissions ou des demandes de disponibilité, parce que les conditions de travail sont de plus en plus difficiles. La crise sanitaire a encore accentué se ressentir. Les enseignants sont épuisés, et ils ont l'impression de devoir mal faire leur travail" rapporte Alain Talleu.
En effet, cette crise du recrutement impacte aussi le programme du dédoublement des classes, ou encore l'accompagnement d'enfants en difficulté ou en situation de handicap. La mobilisation pourrait se poursuivre, avec de nouvelles journées de grève.