Toute la Belgique a célébré ce mercredi 17 juin les 75 ans de son plus grand champion, tous sports confondus: Eddy Merckx. Surnommé le cannibale pour son appétit de victoires, le coureur brabançon a brillé sur les routes du Nord, et notamment à Roubaix, durant son immense carrière.
Il est considéré, à juste titre, comme le plus grand champion de l'Histoire du cyclisme. Son palmarés plaide pour lui. Depuis mercredi 17 juin, toute la presse belge rend hommage au champion le plus emblématique de Belgique. Car Eddy Merckx est né le 17 juin dans la banlieue de Bruxelles, d'un père flamand et d'une mère francophone.
Eddy Merckx fête son 75e anniversaire: «Si j’avais été coureur aujourd’hui, je serais devenu fou» Et bon anniversaire ? ! https://t.co/d20q9cvCWR
— Stéphane THIRION (@fanlau2320) June 17, 2020
La RTBF notamment lui consacre un dossier complet avec de nombreux articles, qui rappellent notamment son palmarés unique. A une époque où les coureurs s'intéressaient à toutes les courses; une époque où il y avait du panache et moins de tactique. Une époque romantique durant laquelle Eddy Merckx était le principal héros.
Durant sa carrière professionnelle longue de treize années, le cannibale a remporté 625 courses, dont 525 sur route. Parmi elles, les plus prestigieuses: 5 Tours de France, 5 Tours d'Italie, 1 Tour d'Espagne. Mais aussi les" monuments": Milan-San Remo (7 fois), Tour des Flandres (2 fois), Liége-Bastogne-Liége (5 fois), Tour de Lombardie (2 fois) et Paris-Roubaix 3 fois). Ses victoires dans la reine des classiques restent parmi ses plus belles épopées. Et Merckx a eu l'occasion de briller sur les routes du Nord à d'autres occasions, comme nous l'a expliqué le président du Comité régional de cyclisme des Hauts-de-France, Pascal Sergent. Celui-ci est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'Histoire de ce sport, dont le dernier justement consacré à Eddy Merckx (Eddy Merckx, chronique du cannibale, édité l'an passé par les Presses du Midi).
Trois victoires dans l'Enfer du Nord
Sa première victoire sur le vélodrome de Roubaix remonte à avril 1968. Il bat au sprint son compatriote Herman Van Springel, qui sera un de ses grands rivaux avant de devenir un de ses équipiers préférés dans l'équipe Molteni. A 23 ans seulement, le jeune Bruxellois remporte une course réservée plutôt aux coureurs d'expérience.
Deuxième l'année suivante derrière Walter Godefroot, il remporte son 2éme succès en 1970 dans la reine des classiques, qu'il aimait particulièrement pour sa dureté. Il gagne en solitaire avec 5 minutes et 21 secondes d'avance sur Roger De Vlaeminck (4 fois vainqueur de l'épreuve), qui sera son principal rival sur les classiques, avant de nouer avec lui une vraie amitié une fois la carrière de ces deux monstres achevée. La course est disputée dans des conditions météo épouvantables.
C'est le cas aussi en 1973. Merckx s'impose pour la 3è fois dans l'Enfer du Nord, un nom pleinement justifié, après une échappée solitaire de 42 km ! Il arrive avec 2 minutes 20 d'avance sur ses compatriotes Godefroot et Rosiers.
En 1974, in termine 4è, puis 2è en 1975, dans deux éditions remportées par son meilleur ennemi Roger De Vlaeminck, l'un des rares à contester sa supériorité dans ces années de gloire. " En 1975, il est victime d'une crevaison à Forest-Marque, mais il parvient à entrer dans la côte d'Hem, à 5 kilomètres de l'arrivée sur De Vlaeminck, Dierickx et Demeyer avant de s'incliner au sprint sur la piste de Roubaix", rappelle Pascal Sergent. A l'aube de sa carrière, le grand Eddy obtient encore une 6è place en 1976 et la 11è en 1977.
Roubaix reste une ville définitivement attachée à sa carrière. Il dispute son 1èr Tour de France en 1969; un Tour qui part... de Roubaix. Le jeune Merckx, qui a brillé sur les classiques de printemps, termine 2è du prologue disputé dans la cité de la filature, derrière l'Allemand Rudi Altig. Il remportera son 1èr Tour quatre semaines plus tard.
Ce que l'on sait moins, c'est que Merckx était aussi un excellent pistard. Associé à son grand ami Patrick Sercu, avec qui il formait un tandem presque invincible, il a aussi remporté l'Omnium de Roubaix en 1965 et 1967 disputé au vélodrome. En 1966, il gagne aussi avec Sercu la réunion d'attente organisée juste avant l'arrivée d'étape du Tour qui avait lieu là aussi sur la même piste. A l'époque, il était encore trop jeune pour participer à la Grande Boucle.
Vainqueur à Fourmies, 2è à Isbergues
Le prodige belge, en début de carrière, s'est également produit dans le Nord. Le 6 juin 1966, il gagne ainsi le critérium de Rousies, près de Maubeuge, alors qu'il est encore peu connu en France. L'année suivante, il remporte cette fois le critérium d'Armentières. Pascal Sergent rappelle à cette occasion:"Cette histoire est peu connue. Cela se passait en septembre 1967. Mais c'était sa première sortie depuis sa victoire au championnat du Monde disputé une semaine auparavant à Heerlen, aux Pays-Bas. Eddy Merckx a donc couru avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules à Armentières". Il gagne cette course spectacle devant Felice Gimondi et Raymond Poulidor. On le reverra avec le même maillot le lendemain à Anzin. Souvenirs, souvenirs...
En dehors de ces courses on-officielles, mais très populaires, le cannibale a aussi gagné le Grand Prix de Fourmies en 1973. "A l'époque c'était une course disputée en 3 étapes sur le eek-end. Le samedi, Merckx gagne la 1è étape en solitaire et creuse l'écart. Le dimanche, il est battu dans l'étape du matin, ainsi que dans le contre-la-montre de l'après-midi remportée par le Belge Paul Lanoo. Mais il s'impose quand même au classement général devant Joop Zoetemelk et Joseph Bruyère".
L'ogre de Ternueren (son autre surnom) terminera aussi 2è du Grand Prix d'Isbergues, disputé en fin de saison. Merckx était alors en plein déclin. Mais il monte quand même sur l'un de ses derniers podiums, derrière un autre de ses grands rivaux, le Néerlandais Joop Zoetemelk, et devant le Suédois Sven-Ake Nilsson. Ce sera sa dernière apparition dans la région. Ce coureur légendaire met fin à sa carrière le 17 mai 1978 au circuit du pays de Waes, après avoir effectué certainement l'année de trop.
Passage discret aux Quatre Jours de Dunkerque
Plus surprenant, Eddy Merckx n'a participé qu'une fois aux Quatre Jours de Dunkerque. C'était en 1974."C'est la seule fois où il est venu à Dunkerque car les années précédentes, il était au Tour de Romandie pour préparer le Giro", explique Pascal Sergent." Battu par Jean-Jacques Fussien lors de l'arrivée à Lille, il s'est blessé dans un choc avec une voiture dans l'étape de Valenciennes". Il terminera quand même 4è au classement général remporté par son compatriote Walter Godefroot.
Pour être complet, Eddy Merckx, qui était un coureur complet, a également disputé le cyclo-cross de Wambrechies en 1974. Il termine 6è de cette course relevée remportée par ... Roger De Vlaeminck ! Le "gitan d'Eeklo" était également un redoutable coureur de cyclo-cross.
Comme on le voit, Eddy Merckx a laissé aussi son empreinte dans le Nord, dont il était voisin. Après sa carrière, on l'a revu à plusieurs occasions comme lors de l'exposition Paris-Roubaix organisée par Pascal Sergent en 1988. Il a bien sûr un vestiaire à son nom au vélodrome de Roubaix, comme tous les vainqueurs de la reine des classiques.