Arthur Chiron, artiste qui avait été en résidence à la Condition Publique de Roubaix, a engagé un Paris-Roubaix pour le moins original : relier à vélo les quelque 2 000 km qui séparent Paris (Texas) de Roubaix (Dakota Sud) aux USA. Récit du début du périple. Une première, selon l'artiste.
Pas de pavés, mais d'interminables lignes droites dans des décors de films où Arthur Chiron, joint part téléphone, termine sa journée de vélo et prévient que la conversation va peut-être être coupée par le bruit du moteur des pick-up qui le doublent sur la route. Ce soir, il dort dans sa tente, ce qui serait "moyennement toléré" mais Arthur Chiron reste discret ou dort dans des motels. À vrai dire, il ne croise pas beaucoup de monde sur les routes américaines. L'homme ne se dit "pas trop fatigué" et explique se trouver non loin d'Oklahoma City, la capitale de l'Etat du même nom, ce qui ne manque pas d'évoquer les tornades et le film Twister, de 1996.
"C'est une région très propice aux tornades. J'ai vu pas mal d'abris dans les jardins des espèces d'entrées de caves bétonnées et qui permettent aux habitants de se mettre sous terre le temps que la tornade passe", explique Arthur qui s'est excentré sur une route du réseau secondaire, où il croise moins de pick-up américains.
L'Enfer (de l'Amérique) du Nord
Plasticien originaire de Nantes, en Loire - Atlantique, invité de la Condition Publique à Roubaix fin 2021, l'artiste avait, en résidence 6 semaines, carte blanche pour travailler sur la ville de Roubaix. Un premier résultat des travaux d'Arthur est en cours : l'installation de six sculptures - bornes kilométriques, sur l'ancien tracé du canal de Roubaix.
Le second travail, dont la restitution aura lieu à la Condition Publique, sous forme de conférence, d'expositions ou de livre avec photographies est cette traversée à vélo entre le Texas au sud et le Dakota du Sud, où se trouve l'autre Roubaix, ville créée par un Roubaisien de France, en hommage à sa ville natale.
"C'est marrant de voir les similitudes entre les deux villes. La première, française, est une ancienne gloire de l'industrie textile. La seconde, créée à la fin du XIXe siècle par Pierre Wibaux a été un temps une mine d'or, où aujourd'hui il y a une centaine d'habitants, et où on vient se baigner dans le lac, tirer du faisan, ou faire des promenades", explique Arthur Chrion.
Pour le moment, notre homme a hâte de remonter vers le nord. Là, où les plus beaux paysages seront à voir après le Paris, Texas de Wim Wenders (1984), les Black Hills de La mort aux trousses d'Hitchcock ou une réserve amérindienne.
Parti il y a 11 ou 12 jours de Paris Texas, Arthur Chiron doit mettre, à raison d'une centaine de kilomètres par jour, plus d'une vingtaine de jours pour rallier Roubaix dans le Dakota du Sud. La restitution se fera en fin d'année 2024 ou à l'occasion du Paris-Roubaix 2025...