Cela fait dix ans que Roubaix, ville pionnière en la matière, relève le défi zéro déchet. Objectif : alléger les poubelles, déclarer la guerre au gaspillage et faire des économies. Les familles jouent le jeu depuis le début, suivies par les commerces et les entreprises.
La saison 10 commence pour le programme zéro déchet de la ville de Roubaix. Depuis son lancement en 2014, il a rassemblé 900 familles, une centaine d’entreprises et 80 commerçants. Parmi les convaincus, on trouve Iolas. Il n’a que douze ans mais il s’y connaît déjà en matière de réduction des déchets.
Enthousiaste, il explique son quotidien et tous ces petits gestes qu’il connaît par cœur : "On a très vite eu un compost, un jardin. Au début, on cultivait dans des jardins partagés. On a appris à trier tout ce qu’il y avait dans les poubelles et on fait beaucoup de choses nous-mêmes, comme la lessive, le déodorant. On essaie d’acheter des produits frais, pas tout ce qui est industriel."
Je trouve que c’est une chance d’avoir des parents qui font attention !
Iolas, 12 ans, participant du programme zéro déchet de Roubaix.
"Pour moi, ça paraît normal, c’est rentré dans les habitudes. Ça permet quand on sera grand de reproduire ces gestes et c’est bon pour la santé ! Je trouve que c’est une chance d’avoir des parents qui font attention."
Dans cette famille, on participe à l’opération zéro déchet de la ville de Roubaix depuis ses débuts. La maman, Marie-Noëlle Vuillerme, est même devenue amie avec d’autres parents et un beau projet est né. "On a monté une association qui s’appelle Le cabas du sourire, raconte-t-elle. On récupère les invendus du marché de l’Epeule qui est l’un des gros marchés de Roubaix et on les redistribue à des personnes dans le besoin."
Après les familles, ce sont les entreprises et les commerces qui ont été invités dans l’opération antigaspi roubaisienne. Le tissu économique de la commune bénéficie ainsi de ce projet, comme le souligne Alexandre Garcin, élu à la Transition écologique de la ville de Roubaix : "C’est une formidable aventure que l’on vit depuis 10 ans ; au départ, les familles zéro déchet, une centaine chaque année qui s’engagent à réduire leurs déchets et changent leur mode de consommation."
"Maintenant, il y a aussi des commerçants, des entreprises qui se sont développés autour de l’économie circulaire et construisent l’économie de demain, dans une dynamique de travail avec des sous-traitants, des fournisseurs plus locaux."
À Roubaix, toutes les écoles sont également dans la démarche zéro déchet ; 2000 élèves de CP sont sensibilisés chaque année et repartent avec leur gourde et leur boîte à goûter pour leur scolarité.
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Dans un commerce en plein centre-ville, Delphine Barbry fait ses courses. Elle participe au zéro déchet depuis cinq ans et elle a très vite pris conscience de son mode de consommation : "On se rend compte des kilos qu’on met à la poubelle tous les jours parce que la première année, on pèse tous les déchets ! Maintenant, on achète en vrac le plus souvent et on essaie de récupérer les contenants pour les réutiliser."
Ici, on privilégie l’origine locale mais surtout le vrac, même si cela demande plus de temps que les produits conditionnés, comme le précise Aline Assimacopoulos, propriétaire et fondatrice de L’âne hilare : "Quand vous acceptez de ne pas gagner beaucoup d’argent, vous pouvez mettre les moyens pour faire en sorte que ça fonctionne."
Les clients sont conquis et n’y voient que des avantages comme Anna Goudeau, en train d'acheter des biscuits au sésame et au chocolat noir. La jeune femme vient de Lille mais travaille à Roubaix, chez Les Trois Tricoteurs, une entreprise zéro déchet.
"Comme tout le monde j’essaie de trier les déchets, de me servir de bocaux vides. Je ne fais pas tout parfaitement mais je tente d’y penser un peu plus ! Ça fait moins de déchets et je trouve que c’est meilleur que les produits industriels."
Pour les adeptes du zéro déchet à Roubaix, c’est 50 % de déchets ménagers en moins chaque année dans les poubelles.
(Avec Manon Aoustin, Jean-Marc Vasco et Vincent Dusausoy.)