Alors que le RN a fait le plein de voix dans les territoires les moins favorisés, à Roubaix, la gauche est parvenue à inverser le rapport de force. Dans les deux circonscriptions qui découpent son territoire, les candidats NUPES disputeront le duel final.
Une ville où la gauche a réussi à renverser la vapeur, et retrouver son drapeau de champion des classes populaires, face à un RN en recul. Une nouvelle fois, Roubaix affiche, dans les bureaux de vote, une dynamique bien particulière. Partagée entre la huitième circonscription, dont elle occupe l'essentiel du territoire, et la septième circonscription, la commune y est pour beaucoup dans les jolis scores réalisés localement par l'alliance NUPES.
2017-2022 : la gauche reconquiert Roubaix
En 2017, dans la 7ème circonscription qui associe Roubaix à des villes plus prospères comme Croix et Hem, le candidat France Insoumise se classait troisième, avec un modeste 14.81% des voix. Cinq ans plus tard, la candidate de la NUPES, Karima Chouia, dispute le deuxième tour, avec 26.41%, à moins d'un point d'écart de son adversaire de la majorité présidentielle, Félicie Girard. Le Rassemblement National, s'il progresse en termes de pourcentages, ne parvient pas à se déloger de sa place de quatrième.
Dans la 8ème circonscription, que Roubaix partage avec Wattrelos, la bascule est encore plus nette. En 2017, la marcheuse Catherine Osson emportait la circonscription après un duel contre le RN, crédité au premier tour de 21.5%. La France Insoumise, représentée par Paul Zilmia, se classait troisième, avec 19.64% des votes. En 2022, David Guiraud, candidat de l'alliance NUPES, est en première position avec 39.83% des voix, suivi par la députée LREM sortante, qu'il distance de près de 15 points. Le RN descend en troisième position et au score de 19.93%.
"Le discours [de Marine Le Pen] n'est pas mobilisateur"
Alors que dans des villes comme Denain, où la pauvreté reste très prégnante, le parti de Marine Le Pen a réalisé des score impressionnants, Roubaix reste une enclave. L'abstention, toujours première force du scrutin dans les deux circonscriptions, n'a pas fait les émules habituelles. "Ce qu'on voit à Roubaix, c'est d'abord une abstention très forte, répartie à chaque élection de façon très hétérogène sur le territoire, analyse Guillaume Couvreur, président du Cercle Roubaisien, un collectif d'éducation populaire locale. On vote au moins deux fois plus dans les bureaux les plus favorisés, autour du parc Barbieux, que dans les quartiers populaires comme les secteurs de l'Alma ou de l'Epeule. Malgré ce phénomène important, qu'on pourrait croire favorable à la droite, on voit que c'est plutôt la gauche qui sort en tête dans toute la ville. A l'exception des cinq bureaux de vote de Barbieux, qui mettent en tête la République en Marche."
Pour cet habitué des dynamiques locales, la différence s'est faite au niveau des stratégies de campagne. L'alliance NUPES et le Rassemblement National ont en effet abordé le premier tour assez différemment. "Il y a une question de tactique politique. Je pense à Marine Le Pen qui, sur France Inter, il y a plusieurs semaines dit : "on a conscience qu'on ne va pas gagner". Je pense que ce discours n'est pas mobilisateur, face à un Jean-Luc Mélenchon qui continue de dire "on va l'emporter", même si la participation n'est pas à la hauteur. Roubaix, depuis des années, voit la gauche divisée, et je pense aussi que c'est l'union qui a impulsé cette dynamique, très nette, et qui interroge réellement sur l'avenir politique du territoire" estime Guillaume Couvreur.