Professeur bousculé, introduction d'une arme à feu et de bombes lacrymogènes dans l'établissement... Depuis la rentrée scolaire, les incidents se succèdent au lycée Jean Moulin. En réaction, ce lundi 29 novembre, une vingtaine de professeurs se sont mis en grève pour demander "plus de moyens".
Ce lundi 29 novembre, dès 8 heures, ils étaient une vingtaine de professeurs du lycée Jean Moulin, à Roubaix, à faire grève devant le portail de l'établissement. Avant de se déplacer au rectorat de Lille, dans l'après-midi, afin de solliciter une rencontre.
"On ne demande pas une réponse sécuritaire, mais des moyens supplémentaires pour mieux accompagner nos élèves en difficulté", explique Margaux, enseignante d'économie-gestion et militante du syndicat Sud Education.
Plus de CPE et d'assistants sociaux
Concrètement, les grévistes (21 sur un total de 120) demandent au rectorat de Lille la création d'un poste de conseiller principal d'éducation (CPE) à temps plein. Ainsi que la présence quotidienne de personnels médico-sociaux, tels qu'une infirmière ou une assistante sociale à temps complet.
"Nous avons un public particulier qui demande du temps et des moyens", résume Margaux. Mais quand on doit faire de la discipline, ce sont les élèves qui passent à la trappe."
C'est pourquoi une autre revendication est émise : "la reconnaissance du caractère prioritaire de l'établissement." "Notre lycée accueille des élèves de collèges essentiellement classés de REP ou REP+, précise l''enseignante. Or les difficultés scolaires, financières ou sociales ne s'arrêtent pas à la fin de la troisième."
Une "multiplication des incidents"
Cette grève fait suite à une série d'incidents "parfois violents" au sein de l'établissement depuis la rentrée scolaire.
Le mardi 19 octobre, une enseignante avait été insultée et bousculée par un élève du lycée. "C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", assure la représentante syndicale.
Le corps enseignant avait déjà exercé son droit de retrait à cette occasion. Et une rencontre avec le rectorat de Lille avait alors eu lieu le 22 octobre. "Sans nouvelle" au retour des vacances, les professeurs avaient décidé de lancer un préavis de grève.
Réponse "insuffisante" du rectorat
"C'est après ce préavis que le rectorat a décidé de créer deux postes supplémentaires d'assistants d'éducation (AED), explique Margaux de Sud Education. Mais cette réponse est insuffisante."
La professeure victime de l'agression avait déposé plainte, accompagnée par le proviseur et les services de l'Education nationale. L'élève impliqué, lui, "a fait l'objet d'une mesure disciplinaire conservatoire", indiquait alors le rectorat de Lille.
Autres faits dénoncés par le corps enseignant, l'introduction d'une arme à feu au sein de l'établissement, et de bombes lacrymogènes "dirigées vers une professeure". Margaux évoque une "multiplication de ces incidents".
"Cet établissement n'est pas abandonné"
Face à ce mouvement de grève, l'inspecteur d'académie du Nord, Jean-Yves Bessol, rappelle que "cet établissement n'est pas abandonné et qu'il fait l'objet d'un suivi très proche".
"A chaque événement grave, les élèves en question ont été exclus définitivement, et je me suis engagé à ne plus les scolariser à Roubaix", explique Jean-Yves Bessol.
Concernant les revendications des professeurs, notamment les créations de postes, l'inspecteur répond qu'aucune création ne se fera dans l'année. "Si ça doit se faire, ça se fera à la rentrée prochaine."
"Ils n'ont pas besoin d'un quatrième CPE"
Et de rappeler : "Ils ont déjà trois CPE dans l'établissement, et n'ont pas besoin d'un quatrième. Au sujet des AED, ils ont quatre postes en plus que ce à quoi le barème académique peut laisser prétendre."
"La réponse à apporter est organisationnelle", conclut l'inspecteur d'académie du Nord.