Depuis le début des soldes, Camaïeu l'entreprise de Roubaix, a lancé sa nouvelle campagne contre les violences faites aux femmes. Sur son site internet, les fiches produits conventionnelles alternent avec des photos de femmes, ecchymoses sur le visage. Le message ne passe pas forcément bien chez tous les internautes.
Coups, humiliation, injures… depuis le 30 août dernier, les femmes victimes de violence peuvent contacter le 3919. Une plateforme d’écoute accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, mais encore peu connue. Alors Camaïeu s’est lancé le défi de le populariser en ce début d’année auprès de sa clientèle. Sur son site Internet, pendant les soldes, l’enseigne roubaisienne alterne entre des fiches de produits conventionnels, des photos de femmes aux visages tuméfiés. En légende, le nouveau numéro d’écoute.
"Tous les mois depuis septembre, Camaïeu traite un engagement avec les femmes", explique Margaux Raucher, responsable des relations presse du groupe. "En janvier, l’enseigne a choisi de lancer une campagne contre les violences faites aux femmes en promouvant le 3919". Une campagne d’abord visible dans les 500 magasins de l’enseigne : ce nouveau numéro de téléphone est partout, des cabines d’essayage aux tee-shirts des vendeurs jusqu’aux tickets de paiement, en plus gros que la somme à payer. "Ils ont aussi fait campagne sur leur site internet", révèle la responsable de la communication. "La direction comptait sur ses propres mannequins, mais le personnel de Camaïeu a décidé de s’engager lui aussi et c’est elles qui posent sur les photos".
Une campagne qui a provoqué le malaise notamment sur Twitter. Certains internautes trouvent la campagne de mauvais goût, voire même violente. Les Lionnes, une association qui lutte contre les violences faites aux femmes dans la pub, dénoncent cette campagne qui entretiendrait le cliché de la femme battue. "Beaucoup de femmes ne portent pas plainte quand elles sont poussées au sol, maintenues des heures par les poignets, enfermées dans les toilettes ou frappées à des endroits non visibles. La majorité des cas de violences sur les femmes".
Un mauvais procès pour Delphine Beauvais, directrice de Solfa, une association d’aide aux femmes victimes de violences conjugales. Camaïeu fait partie du fonds de dotation de l’association depuis 5 ans. Pendant cette campagne, les arrondis des achats proposés à la clientèle aux caisses reviennent intégralement à l’association lilloise. "Camaïeu a choisi de mettre en exergue les violences physiques", explique la directrice de l’association. "Parce que mettre en exergue des violences psychologiques sur des photos, c’est complexe. Chacun a droit de penser ce qu’il veut de cette campagne. Mais je trouve pour ma part qu’ils ont eu du courage de mettre en avant ces images choc". 1 femme sur 10 est concernée par les violences conjugales. "À un moment donné, ce serait bon qu’il y ait une vraie prise de conscience des choses", ajoute Delphine Beauvais.
La campagne devrait durer pendant toute la période des soldes.