Festival de Cannes : trois choses à savoir sur "Roubaix, une lumière" d'Arnaud Desplechin, présenté mercredi

Le dernier film du réalisateur roubaisien fait partie de la compétition officielle du festival de Cannes.

Roubaix sur le tapis rouge. Le film d'Arnaud Desplechin "Roubaix, une lumière", est présenté mercredi 22 mai au festival de Cannes,
dans lequel il est en lice pour la Palme d'Or.

C'est loin d'être la première fois que le réalisateur, natif de la ville, pose ses caméras à Roubaix : "Les fantômes d'Ismaël" (2017), "3 Souvenirs de ma jeunesse" (2015), "Un conte de Noël" (2008), "Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle)" (1996)...
 
 

Que raconte ce film ?

"Roubaix, une lumière" (en anglais, "Oh Mercy !") est inspiré d'un fait divers réel et de la mort, le 16 mai 2002 de Micheline Demesmaeker, une septuagénaire vivant dans la courée du Pile.
 
Dans le film, qui reste une fiction, la victime est retrouvée morte étranglée à son domicile la nuit de Noël. Le commissaire Daoud (Roschdy Zem) et un jeune fraîchement diplômé, Louis Coterelle (Antoine Reinartz) enquêtent sur ce meurtre et interrogent deux voisines, toxicomanes et amoureuses : Claude (Léa Seydoux) et Marie (Sara Forestier). Après avoir envoyé les enquêteurs sur des fausses pistes et nié les faits, les jeunes femmes finissent par avouer.
 

"Est ce que c'est un film policier ?" s'interroge le réalisateur nordiste, qui "a lu ça dans la presse". Lui estime plutôt que "c'est des tragédies humaines qu'on voit, qui se confrontent au commissariat, c'est plus les tragédies humaines qui m'intéressent que l'aspect de suspense."

 

Pourquoi c'est une affaire hors-norme ?

Si le meurtre de Micheline Demesmaeker a autant marqué, c'est aussi parce que la garde à vue et les aveux des deux jeunes voisines – qui s'appelaient en réalité Annie et Stéphanie – ont été filmées par une caméra.

Le réalisateur Mosco Boucault tournait pour France 3 le documentaire "Roubaix, commissariat central", consacré aux affaires courantes de la police locale. Dans ce cadre, il les filme alors qu'elles sont à l'origine interrogées comme témoins sur un feu de cour.
 

Un documentaire dont Arnaud Desplechin s'est beaucoup inspiré. "C'était la première fois quand je regardais ça – peut-être parce que c'est arrivé dans la ville où j'ai grandi – ces deux femmes pour lesquelles j'aurais du avoir un effroi, en même temps je voyais leur humanité éclater de partout. Du coup, je me disais que c'était des rôles merveilleux à donner à deux actrices". Pour la première fois, Arnaud Desplechin fait également appel à de nombreux comédiens non-professionnels.
 

 

Pourquoi le film fait polémique ?

Qui dit histoire vraie, dit vraie victime, et les proches de Micheline Demesmaeker vivent très mal le traitement qui est fait de ce drame. 

"Elles ont mis sa croix dans sa bouche, l'ont frappée avec un plâtre, lui ont brisé les côtes et bu des bières autour de son cadavre" s'est indignée auprès de France Bleu Nord Ludivine, petite-fille de la victime, qui ne comprend pas comment le réalisateur peut souhaiter rendre de l'humanité aux meurtrières.
 
"Moi aussi j'ai grandi dans ce quartier, mais je n'ai ni volé ni tué. Ce n'est pas une excuse" ajoute Michel, le fils. Ils ont indiqué n'avoir jamais été prévenus par le réalisateur, et n'avoir pas non plus réussi à entrer en contact avec lui.

Quelques années plus tôt, déjà, l'auteur lillois Yves Baudrin s'était inspiré du meurtre de Micheline Demesmaeker pour écrire le polar "Dangereuse courée", rapportait La Voix du Nord en juin 2013. La famille s'était alors indignée de l'image qui était donnée de la victime et de la courée. L'auteur s'était défendu en assurant qu'il était "couvert parce que j’ai changé les noms, le lieu", et accusait le quotidien d'avoir provoqué la polémique en faisant le lien entre la fiction et l'histoire dont elle était inspirée.

Le film d'Arnaud Desplechin "ne mérite pas un prix", a assuré Michel à nos confrères de France Bleu. La famille envisage malgré tout d'aller voir le film pour rendre hommage à la septuagénaire.
 
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