C'est une tradition qui paraît venir d'un autre temps. La Sainte-Catherine fête les femmes célibataires. 25 ans, non-mariée, coiffée d'un chapeau ? Plongée dans une archive du 25 novembre 1970.
Il y a 49 ans, les employées de La Redoute à Roubaix célébraient la Sainte-Catherine. Les Catherinettes, les femmes de 25 ans, célibataires, sont parées d'un chapeau jaune et vert.
La Sainte-Catherine, "c'est la fête des jeunes filles et à 25 ans, c'est ne pas avoir trouvé le mari idéal", explique une employée, coiffée d'un chapeau avec de la dentelle.
Des Catherinettes couvertes de cadeaux
"Et vous mademoiselle, comment voyez-vous le mari idéal ?", demande le journaliste à une deuxième participante. "Pour moi, ce serait quelqu'un qui me complète, que je puisse comprendre, sur lequel je puisse avoir confiance et qu'en même temps, j'aimerais qu'il puisse compter sur moi également."
"A l'occasion de vos 25 ans, j'ai le plaisir de vous adresser les plus chaudes félicitations de la part de la direction générale", commente un responsable. Il offre un transistor et mentionne : "satisfaites ou remboursées, bien sûr".
Une fête encore célébrée dans la région
Si la Sainte-Catherine est encore célébrée dans les Hauts-de-France, la tradition s'estompe. Finis les chapeaux à la combinaison vert-jaune douteuse. Mais les cadeaux et cartes postales s'échangent encore dans certains foyers ou certaines entreprises, comme les maisons de coutures.
La fête est aujourd'hui vue comme "surannée aux relents sexistes", comme titre Libération. Le quotidien explique que certains grands magasins continuent de fêter les "Catherinettes". Cependant, dès les années 1970 et 1980, les célébrations de la Sainte-Catherine sont détournées.
"Le 25 novembre, les employées, les ouvrières n'hésitent pas à émettre leurs opinions sous le couvert de la parodie, de la dérision, sinon de la grossièreté (...) Il s'agit de dénoncer les effets pervers du paternalisme", explique l'ethnologue Anne Monjaret dans La Sainte Catherine, culture festive dans l'entreprise.
La tradition, que le milieu de la couture et certaines communes, dont Paris, continuent de célébrer le 25 novembre, est accusée d'alimenter une forme de sexisme en stigmatisant les femmes célibataires de 25 ans. https://t.co/W7rB6b1lI1
— Libération (@libe) November 24, 2019
Prise à contre-pied, la Sainte-Catherine laisse place à la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Plusieurs marches ont eu lieu ce week-end dans la région, en France ou encore en Belgique.