Dans l'Avesnois, de Maubeuge à la Thiérache, l'ensoleillement du printemps a réduit de 30% la pousse des prairies par rapport à 2019, à pareille époque. Les conséquences pourraient être importantes s'il ne pleut pas bientôt.
Paradoxalement, si la pluie a fait son retour de manière éparse sur les Hauts-de-France, les agriculteurs s'inquiètent encore des conséquences du printemps très sec. Dans l'Avesnois, zone allant de la Thiérache (50% d'élevages) à Maubeuge (où il y a davantage de cultures), la pluie se fait donc attendre.
Le rendement se joue au printemps
Par rapport à 2019, le manque d'eau a retardé la pousse des prairies. Elle est de -30% par rapport à l'année dernière à la même date. Ce qui suscite des inquiétudes pour l'alimentation des animaux. Va-t-on avoir assez de stocks pour passer l'été et l'hiver prochain? "On n'en est pas encore là, mais la question se pose", indique Quentin De Wilde, à la chambre d'agriculture, qui ajoute: "le rendement des prairies se joue à 70% au printemps. Les cultures de maïs, betteraves fourragères commencent à accuser le coup de sécheresse".
Ensoleillement au niveau de fin juin 2019
"Ce qui m'intrigue le plus c'est que début mai 2020 on est déjà au niveau de fin juin ou début juillet 2019, question ensoleillement. Du coup quelques prairies ont grillé, des parcelles fauchées qui ont du mal à repousser. La betterave a du mal à pousser, le blé et le maïs manquent d'eau. De plus pour les maïs, nous avons eu une invasion de corbeaux qui ont attaqués les semis et mangé des graines."
"Impatient que l'eau tombe"
Mais pas question pour le moment de parler de situation critique pour autant, il n'y a pas eu - ou très peu - d'achat de paille à ce jour. Mais pour les prairies de la Thiérache, en prévision d'un été chaud et sec, la chambre d'agriculture propose des réflexions sur l'introduction de variétés de plantes plus résistantes à la sécheresse et au manque d'eau, telles que la chicorée ou le plantain, pour mieux les préserver. Et d'allonger le temps de repos des prairies entre deux pâturages ou - si la surface par vache laitière le permet - d'effectuer un fauchage pour réaliser du stock.
Selon Quentin De Wilde, il est aujourd'hui possible, selon l'évolution du temps, que la récolte de l'orge ait 15 jours d'avance (fin juin) tout comme celle du blé (fin juillet). Par ailleurs le manque d'eau jouerait alors aussi sur la qualité du grain. En définitive, je suis à la fois inquiet et impatient que l'eau tombe comme il a été annoncé", conclut-il.