Le ministre des Transports était dans sa région ce lundi 19 mars. Non pas sur ses terres dunkerquoises, mais à Villeneuve d'Ascq. Patrice Vergriete s'est rendu aux côtés des agents de la direction interdépartementale du Nord pour évoquer un plan de sécurisation de la route. Tout faire pour protéger ceux qui nous évitent des accidents.
Les faits remontent au 7 mars dernier en pleine après-midi. Les agents de la direction interdépartementale du Nord (DIR) sont en pleine intervention sur l'autoroute A16 entre Calais et la Belgique. Ils balaient la bande d'arrêt d'urgence au niveau de l'aire de repos de Téteghem quand, soudainement, un véhicule percute le fléchage lumineux mis en place. Pas de blessé du côté des agents mais une grosse frayeur. Le chauffard prend la fuite.
25% d'accidents en plus
Quelques jours plus tôt, c'est un fourgon qui était percuté dans l'Oise. Dans un communiqué de presse, la DIR du Nord explique : "Lors de l'impact, le véhicule a été projeté sur une dizaine de mètres. L'accident n'a pas fait de blessé du côté de nos agents. L'usager se serait endormi au volant". Et l'histoire se répète inlassablement. En avril 2022, un agent de Valenciennes est blessé dans un accident. Une voiture a percuté son fourgon. Sous la puissance de l'impact, il est projeté contre le pare-brise.
Selon la DIR du Nord, le nombre d'accidents sur les zones de chantier ou d'intervention a augmenté de près de 25% entre 2021 et 2022. En France, quatre agents de la route ont perdu la vie dans l'exercice de leur métier.
Face au phénomène, le ministre des Transports ne cache pas son inquiétude. Ce lundi, Patrice Vergriete était au centre de la DIR de Villeneuve d'Ascq : "Depuis quelques semaines que je suis ministre, je constate qu’il y a beaucoup d’accidents. Des comportements d’automobilistes qui ne sont absolument pas acceptables, qui se dégradent."
Il est donc venu rappeler qu'un plan de sécurisation des agents venait d'être mis en place. "Je veux sensibiliser les automobilistes. (…) Aujourd’hui sur la route, il y a des agents qui travaillent pour votre sécurité au quotidien, quand il s’agit de décaler les routes, quand il s’agit de protéger parce qu’il y a des travaux. C’est insupportable de voir un agent qui perd la vie tout simplement pour permettre aux automobilistes de garder la leur".
Insultes et incivilités en hausse
Il y a les drames. Il y a aussi les incivilités des automobilistes qui se multiplient. Sur le site de la DIR du Nord, les témoignages (recueillis avec France Bleu Nord) s'accumulent : "Vous vous arrêtez dans une circulation qui, elle, ne s'arrête jamais", raconte Christophe, agent de la DIR sur le littoral du Nord. "Les insultes, les franchissements de balisage quand on neutralise des voies pour des travaux… Les gens rentrent dedans sans s'inquiéter".
En poste à Dourges, Sébastien se souvient avoir reçu des œufs alors qu'il travaillait. "On n'est pas reconnu. On les gêne. Pour eux, on n'est pas là pour leur sécurité". Tony, son collègue de Dourges, souligne la "dangerosité" du métier. "On a une famille. On aimerait bien rentrer chez nous".
Prévention et formation
À Villeneuve d'Ascq, le ministre des Transports écoute attentivement la parole des agents qui témoignent. La réalité est partout la même en France. "On oublie que ces agents de la DIR permettent aussi la régulation de trafic et même parfois des innovations". Il cite en exemple les voies réservées au covoiturage.
Alors il promet de durcir le ton. Les agents de la route seront notamment équipés de caméras-piétons. Elles permettront de repérer les automobilistes contrevenants. "Ils seront donc contactés et verbalisés autant que de besoin. C’est un exemple de l’une des mesures du plan de sécurisation. On peut aller plus loin demain".
En ce jour de départ en vacances, pensez à respecter le corridor de sécurité pour protéger les agents des routes et vous ! 🔔#CorridorDeSécurité #SécuritéRoutière #respect #agentsdesroutes #DIRNord pic.twitter.com/6Q97jEpfcM
— DIR Nord (@Dir_Nord) February 23, 2024
Et d'insister sur la formation des agents pour faire face à l'agressivité latente de certains automobilistes. "Des formations pour réagir car ça ne s’invente pas. Aujourd’hui, les agents se font davantage insulter par les automobilistes. Il faut savoir garder tact et savoir-faire".
Au-delà de la sanction, une campagne de prévention a également été lancée pour sensibiliser les usagers de la route et réexpliquer l'importance du corridor de sécurité. Son non-respect est passible d’une contravention de 4ᵉ classe (135€ d’amende et perte de 1 à 6 points de permis).