Faute de s'être entendus sur un lieu tiers, riverains et municipalité se voient mettre la pression par la sous-préfecture d'Avesnes-sur-Helpe pour que les travaux aient lieu en 2023 sur un chemin de randonneurs et proche d'une chèvrerie dont les bêtes pourraient souffrir des ondes de l'antenne.
Dans la petite mairie de Mecquignies, village de 700 habitants à quelques kilomètres au sud de Bavay et au nord d'Aulnoye-Aymeries, Frédéric Romain refait la chronologie de l'affaire depuis août 2020, une période durant laquelle il a reçu un coup de fil de la sous-préfecture d'Avesnes-sur-Helpe l'informant - pour cause de zone blanche - de la décision de l'Etat d'implanter une antenne relais de téléphonie mobile pour "des raisons économiques et de sécurité".
Aujourd'hui, l'homme se sent las et ne communiquait plus depuis un moment sur cette affaire qui l'oppose à un collectif et une association locale sur l'endroit de l'implantation de cette antenne. On sent bien que, s'il se concentre sur le récit des faits, l'homme en a tout de même "gros sur la patate"...
Voici ce qu'il nous indique :
- Août 2020 : le sous-préfet d'Avesnes-sur-Helpe informe la mairie de Mecquignies de la nécessité de couvrir la zone blanche dans laquelle la municipalité se trouve par une antenne relais.
- Mars 2021 : le préfet du Nord confirme et informe que SFR implantera l'antenne. Quatre terrains communaux sont pressentis dans la commune.
- Juin 2021 : un technicien SFR se rend sur place, un seul terrain pourrait être intéressant selon lui, celui du chemin du Moulin à 200 m de l'église.
- Septembre - octobre 2021 : la population avisée, le dossier consultable en mairie, l'édile reçoit sur cette période une quarantaine de courriers d'opposition. Une pétition est organisée. Un peu plus tard, les Bâtiments de France et du Parc Naturel Régional de l'Avesnois se manifestent également contre le projet.
Un dossier complexe et épais
"Les avis de ces derniers étaient consultatifs, mais j'avais bien pris note de toutes les oppositions que soulevaient cette implantation", explique le maire aujourd'hui. Après plusieurs péripéties, il est donc décidé de partir sur l'option d'un terrain privé. "Un copain chasseur propose une implantation sur point proche d'un bosquet, chemin Labrouche", et le maire met en rapport SFR avec ce propriétaire.
Juin 2022, demande de travaux rédigée par la Communauté de Communes du Pays de Mormal et signée en mairie. "Personne d'autre ne s'était manifesté pour proposer un terrain", explique le maire. En août, l'association et le collectif demande au tribunal administratif de suspendre l'arrêté autorisant les travaux (demande de suspension rejetée par la suite). Ensuite une vingtaine de propriétaires volontaires auraient été trouvés par les opposants, dans des endroits qui seraient "un moindre mal".
"La qualité du lait et la santé des bêtes vont en pâtir"
Face à cela, la nouvelle sous-préfète d'Avesnes-sur-Helpe, commence à mettre la pression et donne "8 jours pour une entente entre SFR et un des 20 propriétaires", explique Frédéric Romain. Mais les deux propriétaires finalistes demande une entente financière préalable avec SFR. L'entreprise leur aurait rétorqué que la signature de la convention a lieu en amont.
Aujourd'hui, la sous-préfète dit qu'il y aura implantation à Mecquignies et que cela sera sur le chemin Labrouche. A quelle échéance ? Avant la fin de l'année 2023, apparemment.
A noter qu'en octobre 2022, les opposants au projet ont bloqué l'entreprise Duez qui venait effectuer des travaux pour raccorder électriquement le chemin Labrouche. Du côté des opposants Patrick Piriou, 57 ans, éleveur de chèvres, n'en démord pas. Ce type d'équipement provoque des ondes lesquelles font souffrir davantage les animaux que les humains. "La qualité du lait (certifié bio actuellement) et la santé des bêtes vont en pâtir", assure-t-il.
