Tarifs hospitaliers : les hôpitaux et cliniques privés appelés à une "grève totale" le 3 juin

La pilule ne passe pas. Depuis l'annonce des tarifs hospitaliers pour 2024 par le gouvernement, la fronde s'organise. En cause, la hausse de 4,3 % des tarifs pour les structures publiques contre 0,3 % pour les cliniques et hôpitaux privés. Une disparité plus élevée que les années précédentes.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"C'est incompréhensible, l'évolution des dépenses est la même !" gronde Philippe Chazelle, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) pour les Hauts-de-France. Le 26 mars dernier, le Ministre délégué à la santé annonçait que les tarif des hôpitaux allaient augmenter de 4,3% pour les établissements publics et de 0,3% seulement pour ceux qui appartiennent au secteur privé lucratif. Une décision très mal reçue par tout le secteur.

4,3 % pour le public et presque rien pour le privé ! Il y a toujours eu des disparités, entre 0,2 et 0,5 % d'écart… mais pas autant !

Philippe Chazelle, Président du syndicat CSMF des Hauts-de-France

"4,3 % pour le public et presque rien pour le privé ! " L'ancien chirurgien stomatologue à La Polyclinique de la Louvière à Lille n'en revient pas. "Il y a toujours eu des disparités, entre 0,2 et 0,5 % d'écart... mais pas autant ! Alors que nous vivons des années d'inflation. Déjà qu'on a du mal à recruter, les infirmières partent à l'hôpital où elles sont mieux payées... ça va dégrader l'ambiance encore plus" ajoute-t-il.

Le président des Hauts-de-France de la fédération de l'hospitalisation privée (FHP) ne décolère pas : "C'est 14 fois plus ! C'est des millions pour des hôpitaux publics déjà sous perfusion. Ils sont tous en déficit et du coup, ils ont un cadeau que nous ne comprenons pas". Une décision qui a rarement mis autant en rage les médecins "C'est la guerre. Nous n'avons pas d'adversaire direct, ce n'est pas contre l'ARS ni les hôpitaux publics, mais contre des ministres, des énarques persuadés qu'en travaillant plus, nous pouvons encaisser. Eh bien, non" , fulmine Jean-Marc Catesson.

Des établissements déjà en difficulté

La Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) s'inquiète de la santé financière des structures privées. La part d’hôpitaux privés en déficit est "passée de 25 à 40% entre 2021 et 2023". Elle pourrait atteindre "60% en 2024".

Autant de cliniques qui risquent de fermer, selon Lamine Gharbi président de la Fédération de l’Hospitalisation privée, invité de FranceInfo. "Nous tirons une sonnette d'alarme. Pourquoi le gouvernement veut-il nous faire disparaître ?", s’est-il interrogé. D’autant plus que les cliniques privées ont su, selon lui, répondre présentes pendant la crise du Covid.

A la fin de l'année, on aura des cliniques en liquidation judiciaire.

Jean-Marc Catesson, président de la FHP des Hauts-de-France

"Avant, on arrivait à combler avec les dépenses annexes, comme les repas, la télévision dans les chambres, le stationnement...mais là, on ne peut plus, on est coincés, nous avons atteint les limites"... explique Philippe Chazelle.

"A la fin de l'année, on aura des cliniques en liquidation judiciaire", notamment dans les zones déjà touchées par la désertifications médicales, ajoute Jean-Marc Catesson, pour la FHP des Hauts-de-France.

 Les explications du gouvernement

Le gouvernement justifie ce tour de vis budgétaire par les contraintes qui pèsent sur les finances publiques. "La campagne tarifaire 2024 est la première post-crise" Covid-19 et "marque la fin du quoi qu'il en coûte", a déclaré Marie Daudé, directrice générale de l'offre de soin au ministère de la Santé. "Le gouvernement a fait le choix de valoriser plus que d'autres des activités comme les soins palliatifs, les greffes", et "la médecine en hospitalisation complète", qui sont plus présentes dans les hôpitaux publics que dans le privé, a-t-elle justifié.
Seules les maternités vont bénéficier d'une hausse de tarif de 3%, qu'elles soient publiques ou privées.

Grève totale à partir du 3 juin ?

Une décision difficile à accepter pour le secteur privé hospitalier, mais que Philippe Chazelle juge "pas surprenante", de la part du nouveau ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, "ancien président de la fédération hospitalière française, il a toujours été l'ennemi du libéral" tempête-t-il.

"Que va-t-il se passer le 3 juin ?", interroge Jean-Marc Catesson : "on va s'arrêter de travailler, l'hôpital public va devoir assurer les soins. Nous assurerons encore les soins vitaux, mais nous ne ferons plus le reste"

Avant de s'agacer "cette grève, ce sera notre tracteur à nous pour foutre le bordel, sinon, on ne nous écoute pas ! "

La FHP a donc annoncé une grève totale à partir du 3 juin prochain. Les maternités et les services qui "apportent des soins vitaux", comme la dialyse, la radiothérapie ou la chimiothérapie, ne seront pas fermés. Pour autant, il y aura des déprogrammations de rendez-vous et d’interventions.

Nous sommes utiles, nous assurons 35 % des soins en France, 55 % de la chirurgie et 60 % de la chirurgie ambulatoire.

Jean-Marc Catesson

Jean-Marc Catesson rappelle "Nous sommes utiles, nous assurons 35 % des soins en France, 55 % de la chirurgie et 60 % de la chirurgie ambulatoire".

1030 établissements sont concernés en France ainsi que plus de 200 000 professionnels, dont 40 000 médecins libéraux.

Deux syndicats de médecins libéraux qui négocient en ce moment leurs tarifs 2024, ont décidé de claquer la porte des discussions avec l'Assurance Maladie, en soutien aux hôpitaux et cliniques privés. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité