Toujours sans repreneur, l'étau se resserre autour des 427 salariés de Carelide à Mouvaux

En redressement judiciaire depuis octobre, le dernier fabricant français de poches de perfusion, notamment de paracétamol, a jusqu'au 13 janvier pour trouver un repreneur. Pour l'heure, cinq candidats ont fait part de leur intérêt, mais aucune offre n'aurait été déposée. Un acteur de la souveraineté sanitaire du pays pourrait disparaître.

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Les jours de Carelide sont comptés. L'entreprise, dernier fabricant français de poches à perfusion, placé en redressement judiciaire le 24 octobre, n'a plus que jusqu'au 13 janvier 2023 pour trouver un repreneur. L’audience au tribunal de commerce de Lille a été fixée au 25 janvier.

L'usine de production de Mouvaux (Nord) sera-t-elle sauvée ? Méryam Djidel, déléguée syndical CGT et représentante du personnel veut le croire. Selon elle, à ce jour, cinq candidats ont fait part de leur intérêt à la direction. "Mais aucune offre n'a été déposée, précise-t-elle. Et nous ne connaissons ni le nom, ni le projet derrière ces candidats."

Cinq candidats, une visite de l'usine

L'un d'eux, qui lui relève du domaine industriel, a visité les locaux du site mardi 3 janvier, selon la syndicaliste. "Mais son offre n'est pas encore aboutie, explique-t-elle. Si vraiment il marque un gros intérêt pour notre entreprise, il y aurait éventuellement possibilité de voir avec le tribunal pour repousser ce délai du 13 janvier."

Ce vendredi 6 janvier, une réunion entre les élus du comité d'entreprise et des représentants de la direction, s'est tenue en la présence de la députée du Nord, Violette Spillebout (LREM). "Elle nous a dit qu'elle fera le nécessaire pour qu’un membre du ministère de la Santé soit présent avec nous lundi prochain pour une autre réunion avec les dirigeants, rapporte Méryam Djidel. C'est important d'avoir le soutien de l'Etat."

Contactée, l'élue nordiste assure suivre ce "dossier de près avec le cabinet Roland Lescure, (Ministre délégué auprès du ministre de l'Économie NDLR) et celui de Bruno Lemaire (Ministre de l'Economie et des finances)". Quant à la présence d'un membre du ministère de la Santé lors de la prochaine réunion, cela reste à négocier. Mais un délégué interministériel de Bercy sera sur place. "Pour faire un point d'avancement sur les potentiels repreneurs", indique-t-elle.

Rattrapé par la concurrence

Les problèmes de Carelide ne datent pas d'hier. "C'est une entreprise dont les difficultés étaient connues avant même son placement en redressement judiciaire", assure Violette Spillebout. Le groupe a fait les frais du manque d'investissement dans ses équipements, entrainement un retard de compétitivité face à ses principaux concurrents étrangers - l'Américain Baxter et l'Allemand Fresenius. "Gérard Mulliez (actionnaire à titre personnel de Macopharma, lui-même propriétaire du site jusqu'en 2019, avant de céder son activité à Verdoso NDLR) n’a jamais voulu investir dans nos machines, qui sont devenues vieillissantes et vétustes", déplore l'élue CSE. Résultat : de 2016 et 2019, la part de marché de ce fleuron de l'industrie pharmaceutique a chuté de 30 % à 15 %, selon Le Monde.

Un retard que devra combler l'éventuel repreneur s'il reste dans le même secteur d'activité. D'après les comptes de la représentante syndicale, il faudrait 25 millions d'euros de budget pour relancer le site de production. elle détaille : "Il manque 15 millions d'euros pour moderniser l’outillage. Et encore 10 millions pour payer les salaires et commander les matières premières à nos fournisseurs."

Une marche symbolique le 13 janvier

Pour l'heure, les salariés (427 CDI et 130 intérimaires) continuent de travailler et de produire les perfusions, notamment de paracétamol, spécialité de l'usine nordiste. Mais la déléguée CGT n'exclut pas de changer de braquet. "On n'a mené aucun mouvement social pour ne pas affoler d’éventuels repreneurs, explique-t-elle. Mais le 25 janvier, s'il n'y a aucune offre, on bloquera les entrées de l’usine pour protéger les stocks et payer les salaires." Le 13 janvier, une marche symbolique est d'ores et déjà prévue au départ du site à Mouvaux.

Alors que la France souhaite relocaliser son industrie pharmaceutique pour assurer sa souveraineté sanitaire, l'annonce d'une liquidation de Carelide à Mouvaux serait un sérieux contretemps.

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