Timothé Dernoncourt, qui avait grandi à Roncq, est décédé à l'âge de 33 ans.
Deux soldats français ont été tués et un blessé mercredi dans l'explosion d'une mine artisanale dans le nord-est du Mali, une zone frontalière du Niger réputée servir de refuge à des groupes jihadistes que la force conjointe du G5 Sahel s'est donnée pour mission de chasser."C'est avec une très vive émotion que le président de la République a appris la mort en opération de deux militaires tués ce matin au Mali
dans l'attaque à l'engin explosif improvisé de leur véhicule blindé", a annoncé l'Élysée dans un communiqué. Le président français Emmanuel Macron "adresse à leurs familles et à leurs proches ses plus sincères condoléances" et "tient à saluer le courage des militaires français
engagés au Sahel", conclut le communiqué.
Nous avons perdu deux soldats dans le conflit que nous menons au Sahel. Aux familles, et à leurs camarades : plein soutien de la Nation et nos condoléances les plus vives.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 21 février 2018
Originaire de Roncq
Parmi les deux militaires décédés, l'un a grandi à Roncq (Nord). Timothé Dernoncourt était engagé dans l'armée depuis 2003. Il avait commencé sa carrière à l'escadron de commandement et de logistique. Il a effectué des missions au Sénégal, à Djibouti, au Liban... Au Sahel, il était déployé avec 350 spahis de son régiment dans un des zones les plus dangereuses de BSS, à Kidal, avec son chef de corps", explique le blog spécialisé Le mamouth.
Ce mercredi soir, à l'Assemblée Nationale, le député et ancien maire de Roncq, Vincent Ledoux, qui connaît personnellement la famille Dernoncourt a rendu un hommage au Brigadier de 1ère classe : "Je connaissais bien Timothé. J'ai eu ses parents au téléphone. Vous imaginez l'énorme émotion qui est la mienne. J'ai connu Timothé très jeune, j'ai vu son envie d'armée à un moment de sa vie où il traversait quelques difficultés. L'armée était sa 2ème famille. Il n’est pas mort pour rien, je suis fier de Thimothé".
Devant l'Assemblée nationale, la ministre des Armées, Florence Parly, a également fait part mercredi de sa "très vive émotion" à l'annonce de la mort de ces deux soldats français du 1er régiment de spahis (cavalerie) de Valence (sud-est), à qui les députés ont rendu hommage, debout, par de longs applaudissements. La ministre précise dans un communiqué que l'incident s'est produit dans le cadre d'une "vaste opération de contrôle de zone dans une région frontalière du Mali avec le Niger".
Engins explosifs piégés
Sur place, le responsable d'un groupe armé signataire de l'accord de paix de 2015 a précisé à l'AFP que l'attaque s'était produite "sur l'axe Ansongo-Menaka, à hauteur d'Indelimane", une information ensuite confirmée par les Forces armées maliennes (FAMa).
C'est dans cette zone dite "des trois frontières" que doit se jouer la bataille entre les jihadistes et la force conjointe du G5 Sahel, organisation régionale regroupant ces pays, la Mauritanie et le Tchad, épaulée par la force française Barkhane et la Mission de l'ONU au Mali (Minusma).
Malgré l'accord de paix au Mali de 2015, les violences ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud, puis au Burkina Faso et au Niger.
Le G5 Sahel a donc réactivé en 2017 son projet de force conjointe, pour laquelle il a recueilli plus de 250 millions d'euros et espère d'autres engagements lors d'une conférence prévue vendredi à Bruxelles.
L'Union européenne, qui a déjà promis 50 millions d'euros, devrait annoncer lors de cette réunion qu'elle portera son aide à 100 millions d'euros, ont indiqué mercredi plusieurs sources à l'AFP. Le regain d'activité des jihadistes prouve qu'ils prennent au sérieux la menace des armées de la région, selon plusieurs responsables, dont le président malien Ibrahim Boubacar Keïta.
Mardi matin, des membres du "Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans", principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, ont attaqué le poste des FAMa de Tessit, également dans la région d'Ansongo, a par ailleurs indiqué sur Twitter le député Karim Keita, fils du président malien.
Selon lui, les assaillants, arrivés à bord de cinq véhicules et de motos, ont perdu cinq hommes L'armée malienne a précisé que huit de ses hommes, ainsi qu'un civil, avaient été blessés lors de cette attaque.
Au Sahel, les groupes jihadistes évitent en général l'affrontement direct avec Barkhane, sa redoutable puissance de feu et sa couverture aérienne et privilégient la pose d'engins explosifs piégés sur les pistes empruntées par les militaires. Bien que depuis 2013 les groupes liés à Al-Qaïda ont été dispersés et en grande partie chassés du nord du Mali, des zones entières du pays échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU (Minusma), régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.