Née il y a deux ans et basée à Tourcoing, Agrikolis permet aux agriculteurs qui le souhaitent de devenir point de retrait pour une plateforme d'achats en ligne. Un complément d'activité pour eux, un service de proximité pour les habitants de zones rurales.
Des éléments de cuisine, un salon de jardin, un quad électrique pour enfant, un tapis de course… Un hangar situé sur l’exploitation de Thomas Guillemant recèle désormais d’objets les plus divers. De l’électroménager essentiellement, encombrant la plupart du temps. Depuis huit mois, la ferme située à Loos-en-Gohelle sert de point de retrait pour des achats en ligne via une start-up nordiste.
Agrikolis, jeune entreprise basée à Tourcoing, propose aux agriculteurs de développer une activité de stockage et de délivrance des colis. Après être passée par un incubateur lié à la plateforme Cdiscount (aujourd’hui son client quasiment exclusif, indiquent ses dirigeants), la structure s’est lancée en février 2019 avec cinq exploitations situées dans les Hauts-de-France.
Une soixantaine d'agriculteurs-stockeurs
« On savait qu’il y avait un réel besoin des agriculteurs de se diversifier, expose Guillaume Belissent, l’un des cofondateurs d’Agrikolis, et on savait qu’il y avait un réel besoin côté distribution. » Leur idée doit donc permettre aux colis de franchir le « dernier kilomètre », celui qui peut contraindre les habitants de zones rurales à attendre une livraison à domicile pendant des heures travaillées ou à se faire dépanner par des proches.
Aujourd’hui, le service compte une soixantaine de points de retrait à travers la France, que les consommateurs peuvent sélectionner directement sur la plateforme d’achat. L’agriculteur est rémunéré en fonction du nombre de colis qu’il fait transiter, un service qu’Agrikolis facture directement à Cdiscount. Selon ses dirigeants, cette activité peut permettre à un agriculteur de percevoir jusqu’à 1.000 euros par mois.
Se faire connaître localement
L’un des premiers à s’être lancé, Thomas Guillemant y voit avant tout un moyen de faire connaître son activité de vente directe. Le point de retrait colis se situe à proximité immédiate du guichet où il vend des légumes et les denrées d’autres producteurs locaux. « C’est une charge de travail en plus, mais on a agrandi notre clientèle, constate-t-il. On a des gens qui aujourd’hui viennent toutes les semaines, qui étaient d’abord venues chercher un colis. »
Chez lui, la délivrance se fait en journée, aux horaires d’ouverture du point de vente. Mais l’atout est aussi d’offrir une activité complémentaire au travail agricole. « On va laisser l’exploitant bien faire son travail dans la journée, et ouvrir des relais en fin de journée, commente Guillaume Belissent. Ça s’adapte très bien aux besoins du consommateur. »
D’après ce dernier, environ 650 agriculteurs se sont déjà inscrits sur le site pour se porter candidats, « certains depuis plus d’un an ». Ils attendent une visite de l’entreprise, destinée à vérifier que les critères techniques de stockage et de chargement sont réunis, et que « l’envie de rencontrer et d’accueillir des gens » est présente. Agrikolis espère ainsi parvenir à la centaine de points relais opérationnels d’ici la fin de l’année.