Tourcoing : "La police attend-elle que je meure ? ", s'alarme Claire, harcelée par son ex-compagnon

"J'ai déposé 15 plaintes en 18 mois. Samedi, il a mis le feu à ma porte d'entrée !" Harcelée et menacée par son ex depuis leur séparation au printemps 2019, Claire, 35 ans, craint désormais pour sa vie et appelle les autorités à "agir vite, avant qu'il ne soit trop tard".

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"Toutes les deux ou trois nuits ces dernières semaines, il vient devant chez moi, casse des choses, m'insulte, hurle qu'il va me tuer... Et fuit avant l'arrivée de la police. Chaque fois, il faut redonner son nom, son signalement. La police attend-elle que je meure ?", lance cette commerciale de Tourcoing (Nord), "épuisée d'appeler le 17 et de ne plus dormir".

Sur une vieille photo de passeport transmise, son ancien compagnon H.O., 1m80, les yeux noirs, esquisse un sourire. "C'est vraiment allé crescendo", raconte Claire, décrivant un homme "très gentil au départ mais qui s'est rapidement révélé agressif, manipulateur, instable" et "amateur" de drogues. 

Leur relation, entamée en octobre 2018, ne dure "que trois mois". Mais lorsque Claire rompt, le trentenaire  "devient fou", la bombarde de messages, se déplace sur son lieu de travail pour l'insulter et s'en prendre à ses clients. "Il m'a envoyé la photo d'une arme de poing, me conseille de déménager car je n'aurai jamais la paix, veut brûler ma maison", détaille-t-elle déjà dans l'une de ses premières plaintes, déposée au printemps 2019.

La voix ferme, Claire évoque les "poubelles balancées dans le jardin", les nombreux rétroviseurs et voitures de fonction dégradés et, à certaines périodes, la "soixantaine de messages quotidiens". Elle déménage, change de numéro, multiplie les plaintes pour "menaces de mort", "destruction de biens" ou "appels malveillants", mais le harcèlement continue, avec "parfois quelques pauses" lorsque son ex quitte temporairement la région.

En ce mois d'août, excédée, elle diffuse la photo de son pare-brise défoncé puis celle de son agresseur, dans deux publications Facebook repérées par la Voix du Nord.

"Sauve-toi ou tue-le !"

Ce jour-là, H.O. est allé plus loin. "Il a jeté de l'essence sur la porte, qui a coulé jusque dans le couloir. J'ai cru qu'il voulait juste m'intimider... Mais, samedi, à 7 heures, il est repassé à l'acte et, cette fois, il a mis le feu", en frémit-elle.

Si des voisins ont "réussi à éteindre les flammes depuis l'extérieur", la jeune femme, choquée, est "certaine qu'il recommencera". "C'est un malade, en rupture familiale, qui n'a rien à perdre", explique-t-elle. "Sa propre mère m'a dit 'Sauve-toi ou tue-le !'"Depuis ses publications sur Facebook, Claire affirme avoir reçu "les témoignages de plusieurs autres ex-compagnes de H.O., également victimes" selon elle.

Sans domicile fixe, au chômage, H.O. échappe pour l'instant aux enquêteurs. "La seule solution serait de mettre une patrouille devant chez moi et de l'attendre, mais la police répond que ce n'est pas possible", déplore-t-elle, refusant "qu'en France, une femme en soit réduite à fuir et quitter sa maison".

"Une enquête est en cours en lien avec ce harcèlement et ces menaces. Cet homme d'une trentaine d'années et connu de la justice est activement recherché", a indiqué ce mercredi le parquet de Lille. 

"Il y a une forte mobilisation et les dispositifs techniques et humains de la police et de la justice sont mis en œuvre pour aboutir à la résolution" de cette affaire, ajoute une source policière. "Pourtant les autorités n'ont toujours pas exploité la vidéosurveillance de la rue", soupire Claire.

Alors la jeune femme se bat, "mène sa propre enquête", relevant les plaques d'immatriculation des voitures "qui le déposent" devant chez elle, récoltant via les réseaux sociaux des numéros ou adresses de connaissances. Elle assure avoir récemment adressé des courriers au procureur de la République et au préfet.

"Je veux vivre en paix et qu'il paie pour tout ça", résume Claire, souhaitant aussi "raconter, pour que ces violences soient mieux prises en compte et éviter des drames".

Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, se rend ce jeudi après-midi au centre hospitalier du Cateau-Cambrésis pour y rencontrer les différents acteurs locaux impliqués dans la lutte contre les violences conjugales.

En 2019, 146 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex, 25 de plus que l'année précédente, selon le ministère de l'Intérieur.
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