Transidentité. Quel parcours médical pour les personnes transgenres dans les Hauts-de-France ?

Avec trois fois plus de demandes en 10 ans, l'offre de soins pour les personnes souhaitant changer de genre s'est étendue dans les Hauts-de-France. Un certificat psychiatrique n'est plus obligatoire pour réaliser sa transition, 100 % remboursée par la sécurité sociale.

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Quel parcours médical nous attend quand on se sent femme dans un corps d’homme et inversement quand on se sent homme dans un corps de femme ? Dans les Hauts-de-France, on peut être suivi au CHU de Lille, au CHU d'Amiens et à la fondation Hopale-Institut Calot à Berck-sur-mer.

Un suivi médical 100 % remboursé

Dès l'enfance et l'adolescence, on peut avoir un suivi psychologique, des bloqueurs de puberté avant 16 ans, des traitements hormonaux avant l'âge de 18 ans. Les opérations chirurgicales comme une mastectomie ou une phalloplastie peuvent se réaliser à partir de 18 ans. Les prix varient selon le type d'opération choisie : de 2 000 euros pour une mastectomie à 35 000 euros pour une phalloplastie. Les chirurgies de réassignation sexuelle peuvent être prises en charge par l'Assurance Maladie au titre de l'ALD 31 (affection longue durée) et si tel est le cas, le remboursement est de 100 % en France, une exception mondiale. 

Le suivi psychologique est seulement préconisé

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a officiellement retiré la transidentité de sa liste des maladies mentales le 1er janvier 2022.  En France, le suivi psychiatrique n'est plus obligatoire depuis le 14 décembre 2022 suite au combat mené par l'association Trans Santé France. A partir de cette date, l’Assurance maladie a indiqué aux Caisses Primaires d’Assurance Maladie (CPAM) qu’aucun certificat psychiatrique ne devait être exigé pour accorder la prise en charge remboursée à 100 % au titre de l'ALD 31 ( affection longue durée.) Une "dépsychiatrisation" dont se réjouit la présidente de l'association, Béatrice Denaes, qui cependant relativise : "Plusieurs CPAM ont  été condamnées pour "discrimination" à l’égard des personnes trans, notamment par le Tribunal judiciaire de Lille. Il arrive encore que des chirurgiens refusent d'opérer sans avoir eu un certificat psychiatrique de leur patient. Ils veulent se protéger d'éventuels procès et ils craignent que leurs patients regrettent leur choix."

François Medjakane, pédopsychiatre spécialisé dans le suivi des patients transgenres et secrétaire général de l'association Trans Santé France confirme que le certificat médical pour se faire opérer n'est pas obligatoire en raison du principe d'auto-détermination : "En aucun cas, le suivi psychiatrique ne sert à attester la question de la transidentité. Vous êtes le seul à pouvoir décider du genre dans lequel vous vous sentez le mieux et du parcours que vous voulez réaliser. L'intérêt du suivi psychiatrique est ailleurs : il est proposé aux personnes en souffrance, souvent due à la stigmatisation dont ils sont victimes. Et il est suggéré aux personnes qui ont besoin de soutien pour prendre les bonnes décisions concernant leurs futures opérations."

1 000 opérations chirurgicales en 2020

En France, le nombre de séjours hospitaliers ayant pour diagnostic principal le "transsexualisme" a triplé entre 2011 et 2020. Ils concernent pour plus des deux tiers des personnes de 18 à 35 ans selon le Rapport 2022 relatif à la santé et aux parcours de soins des personnes trans (source : ministère de la Santé).

L' association Trans Santé France se veut encore plus précise : "le nombre de bénéficiaires de l’ALD 31 (Affection de longue durée) au titre d’un diagnostic de transidentité ou dysphorie de genre a fortement augmenté depuis 10 ans, tout en restant relativement modeste. 9 000 personnes sont concernées en 2020 dont 3 300 admises dans l’année. Le nombre de chirurgies d'affirmation (pelvienne, mammaire, visage...) est autour du millier en 2020."

Une stigmatisation de la part du corps médical

Les médecins volontaires peuvent être formés au suivi des personnes trans. Il existe, depuis trois ans, un diplôme interuniversitaire de prise en charge de la transidentité, qui s’adresse à un public soignant décidé à se spécialiser dans la problématique.

Mais une amélioration de la prise en charge médicale semble encore nécessaire, car une enquête sur la santé des LGBTI de 2018, réalisé par le sociologue Arnaud Alessandrin, montre que 72 % des participants transgenres se sont senties mal à l'aise face au corps médical du fait de leur identité de genre.

C'est le cas de Béatrice Denaes, présidente de l'association Trans Santé France. Elle aussi s'est retrouvée très mal à l'aise lors de l'un de ses séjours à l'hôpital. L'infirmier anesthésiste ne voulait pas l'appeler autrement que "Bruno Denaes".

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Entretien avec Béatrice Denaes, présidente de Trans Santé France ©ftv

Dans les Hauts-de-France, le CHU de Lille a une équipe de trois spécialistes : François Medjkane, pédopsychiatre, Clara Leroy, endocrinologue et François Marcelli, chirurgien plastique. Le CHU d’Amiens a, lui aussi, un service dédié avec le professeur Raphaël Sinna, chirurgien plastique. Ce dernier intervient aussi une fois par semaine à Berck-sur-mer à la Fondation Hopale-Institut Calot. Si l'offre médicale semble adéquate dans notre région, l'association Trans Santé France estime que "le contexte général en France rend difficile l'accès aux soins psychiatriques, souvent saturés et sous dotés."

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Emission Hauts féminin sur la transidentité ©ftv

Pour en savoir plus sur le sujet, retrouvez notre émission Hauts féminin ci-dessus, présentée par Marie Sicaud et Christelle Juteau-Lermechin. Vous pourrez y écouter l'entretien avec le pédopsychiatre lillois François Medjkane.

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