L’hypnose peut-elle remplacer ou accompagner la péridurale ? Cette pratique thérapeutique, dans l'air du temps, est utilisée dans le but de lutter contre la douleur, et notamment contre la peur de la douleur. Face au manque de formation des personnels en maternité, s'auto-hypnotiser en salle d'accouchement reste une alternative.
On a tous en tête l'image de spectacles où, sous l'effet de l'hypnose, les personnes dans le public se mettent à réagir comme des automates. L’hypnose peut aussi être utilisée pour réduire les douleurs lors de l’accouchement.
"Le but est de ne plus voir la contraction comme une douleur"
Sous forme médicale, elle est moins spectaculaire, mais l’idée reste néanmoins de se rapprocher d’un état de transe. Les sages-femmes utilisent donc une cousine de l’hypnose de spectacle, l’hypnose eriksonnienne. Isabelle Laoût, sage-femme amiénoise, explique : "Cette technique permet d'atteindre un état de relaxation tellement profond qu’il devient possible d'utiliser pleinement le potentiel de l'hémisphère droit, la zone du cerveau qui régit l'inconscient, la créativité, les émotions et où se trouvent nos ressources pour surmonter les craintes et augmenter notre résistance à la douleur."
Pour son deuxième accouchement, Gwladys, amiénoise, s'est préparée avec sept séances d'hypnose aux côtés d'une sage-femme libérale, spécialisée dans l'hypnose. La jeune femme, mère de deux enfants, ne gardait pas un bon souvenir du côté trop médicalisé de son premier accouchement. "J'ai appris à mieux respirer. Cela m'a permis de faire mon prétravail à domicile, de rester le plus longtemps possible chez moi jusqu'à ce que je rompe la poche des eaux. J'ai visualisé un lac en vacances où je me sentais très bien. J'étais dans mon canapé, carrément sur la plage. Dès que je sentais une contraction arriver, je pensais à une vague. Je me disais que c'était cette contraction qui allait m'emmener à la rencontre de mon bébé. Le but est de ne plus voir la contraction comme une douleur, mais plutôt comme quelque chose qui va nous accompagner."
Gwladys a tenu sans péridurale jusqu'à dilatation à 7. Elle garde un meilleur souvenir que lors de son premier accouchement. D'autres adeptes de l'hypnose médicale comme Déborah, arrivent à accoucher sans péridurale. Cette maman de deux enfants ne retient qu'une seule chose de son second accouchement : "C'était tellement incroyable de sentir mon bébé glisser millimètres par millimètres. Je l'ai senti naître et l'ai attrapé comme un trophée! Mon premier bébé , je ne l'ai pas senti du tout avec la péridurale et quand je l'ai aperçu, j'ai eu même peur de lui. J'étais complètement déconnectée de mon bébé."
Une technique qui a ses limites et encore peu pratiquée
Cette technique n'est pas infaillible, car cela demande un véritable lâcher-prise et une connaissance des étapes physiologiques de l’accouchement pour ensuite avoir totalement confiance en soi. Isabelle Laoût explique les avantages et les limites de l'hypnose : "L'idée est d'optimiser les contractions en allant dans le même sens qu'elles. Si je visualise que chaque contraction me rapproche de mon bébé, que chaque contraction ouvre mon col, cela va être plus facile que si je me bloque, apeurée. L'hypnose ne marche pas à tous les coups, notamment si jamais je prépare mal ma patiente. Par exemple, si je ne la connais pas bien et que je lui fais visualiser la mer et les goélands alors que ce qu'elle aime, c'est la montagne, évidemment qu'elle ne va pas se détendre du tout."
L'hypnose est une méthode de relaxation reconnue et acceptée par la communauté scientifique, mais peu pratiquée dans le domaine de la maternité pour une question de coûts. Dans la Somme, on trouve en personnel formé à l'hypnose, deux sages-femmes au CHU d’Amiens, quatre à l'hôpital d'Abbeville, deux sages-femmes et un anesthésiste à la maternité Pauchet. Si par chance, elles travaillent le jour de votre accouchement, ces dernières pourront donc vous hypnotiser pour vous aider à gérer vos contractions.
À la maternité de l'hôpital de Douai dans le Nord, tout le personnel, de la sage-femme au gynécologue, sera formé d'ici à trois ans, explique Basile Kalumba, le chef de service gynécologie obstétrique : "En préparation, durant l'accouchement, les patientes auront tout le temps accès à l'hypnose, car tout le monde sera formé, même les anesthésistes." Depuis l'utilisation de l'hypnose médicale dans cette maternité, les demandes des patients et de formation des soignants ne cessent en effet de croître.
L'hypnose médicale était le thème de l'émission Hauts féminin du 5 janvier 2023, à revoir ci-dessus, et tous les autres épisodes sur france.tv.