Bénévole depuis deux ans pour l'association Salam, un homme de 63 ans a débuté une grève de la faim le 22 novembre. Voici ses revendications.
"Je demande le respect des associations qui travaillent dans le camp". Le gréviste préfère garder l'anonymat mais entend médiatiser son combat, commencé il y a une semaine.
Membre à temps plein depuis 2 ans pour l'association Salam qui œuvre pour les migrants, l'homme constate la dégradation des conditions de vie des exilés dans le camp de Loon-Plage et la difficulté pour les bénévoles de leur venir en aide.
Selon lui, près de 2 000 personnes vivent là-bas dans des conditions très précaires. La secrétaire générale de Salam assure servir environ 800 repas chaque midi. Un camp évacué chaque semaine par les forces de l'ordre avant une "trêve" remarquée depuis le 31 octobre : "date de la dernière évacuation, depuis rien, on ne sait pas s'ils ont décidé de nous laisser tranquille quelques temps ou si ça va reprendre", explique Claire Millot.
Eau
Depuis ce week-end, c'est surtout l'accès à l'eau qui pose problème. Il y avait sur place deux bornes à incendie utilisées par les exilés. Des points d'eau supprimés ce week-end. "On ne sait pas qui est derrière cette décision, la communauté urbaine, le port, le sous-préfet ? s'interroge la militante de Salam, toujours est-il qu'il n'y a plus d'eau dans le camp."
Depuis, une association a mis en place des cuves et les remplit d'eau aussi souvent que possible : des sortes de gros cubes en plastique d'un mètre sur un mètre, normalement utilisés par les agriculteurs dans les champs.
Normalement c'est pour des bêtes dans les champs, pas pour des personnes. C'est quand même pas normal que des êtes humains boivent dans ces contenants, on ne sait même pas si l'eau est potable.
Claire Millot, association Salam
La trêve hivernale
Deuxième revendication du gréviste : le respect pour les migrants de la trêve hivernale. Du 1er novembre 2023 au 31 mars 2024, aucune expulsion n'est possible en France. "Sauf pour les migrants, s'insurge la secrétaire générale, on considére la loi pour évacuer les squats dès qu'ils trouvent un logement vide mais on ne leur donne pas les droits qui vont avec."
Une demande déjà formulée par deux grévistes à Calais en octobre 2021, plus d'un mois de jeûne là aussi pour dénoncer les conditions de vie inhumaines des migrants dans les camps. Ils avaient finalement suspendu leur combat sans résultat.
Je crains que notre bénévole soit déterminé, il est têtu. Il y a deux ans, ils ont raté leur grève de la faim. Cette fois, il veut la faire durer.
Claire Millot pour Salam
La secrétaire générale de l'association a bien tenté de dissuader le gréviste : "on a fait ce qu'on a pu pour le décourager mais c'est compliqué car on soutient ses revendications."