Une start-up veut changer le recrutement, "ce n'est plus aux candidats de trouver les entreprises mais l'inverse"

L'entreprise Ethypik, fondée par un natif du Nord, propose, en partenariat avec le groupe Nhood, de nombreux emplois qualifiés et non-qualifiés. Leur équipe  de recruteur est en région Lilloise dans les centres commerciaux Aushopping pour démarcher directement de futurs salariés.

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"Bonjour, est-ce que vous cherchez du travail ?" Cette question simple peut changer une vie, et Nicolas Morby en est convaincu. Le fondateur de la start-up française Ethypik veut transformer la façon de recruter, donner la chance à ceux qui peinent à trouver du travail et encourager l'emploi local.

Pour ce faire, l'entreprise ouvre un stand dans les centres commerciaux Aushopping de la région Lilloise du 2 au 25 juin : Englos, Faches, Leers et Roncq. 

"Ce n'est plus aux candidats de trouver les entreprises mais l'inverse"

Nicolas Morby a décidé de se lancer dans le "street-sourcing", c'est-à-dire le recrutement de rue, pour faciliter l'embauche de futurs employés. Le principe est simple : des "street-sourceurs" démarchent les gens en dehors ou dans les lieux publics en leur proposant un emploi.

Et il y en a pour tous les goûts : aide soignants ou agents de service hôtelier pour DomusVi, préparateurs de commandes pour Veepee, aide à la personne, BTP ou professions du numérique pour Pôle Emploi Ile de France et Pôle Emploi Hauts-de-France... La liste est longue et variée.  

Je suis fils de plombier et mon père a trouvé du travail avec son sac de plombier au pied de sa chaise, raconte-t-il. Il travaillait dans un bar ce jour-là, quelqu'un lui a demandé s'il cherchait du travail, il a dit oui, le lendemain il était embauché.

Nicolas Morby

La création d'Ethypik et l'idée de cette initiative sont intimement liées à l'histoire du fondateur. "Je suis fils de plombier et mon père a trouvé un contrat avec son sac de plombier au pied de sa chaise, raconte-t-il. Il travaillait dans un bar ce jour-là, quelqu'un lui a demandé s'il cherchait du travail, il a dit oui et le lendemain il était embauché." Pour payer ses études, Nicolas Morby travaille à côté, devient recruteur de donateurs pour des associations. Il arpente la rue de Béthune et le quartier Rihour.

L'idée de démarcher les gens dans la rue et les lieux publics pour leur proposer un emploi lui vient alors à l'esprit. "On démarche des gens pour qu'ils soient donateurs, pourquoi ne pas les démarcher pour trouver du travail ?" C'est dans cette optique que la start-up est créée en avril 2020. "En créant Ethypik, je portais la croyance que ce n'était plus aux candidats de trouver les entreprises mais l'inverse, parce que la rue fourmille de talents mais tout le monde n'a pas les codes pour faire des CV ou des lettres de motivation, pourtant ces personnes ont un vrai savoir-être". 

Changer l'image des centres commerciaux

Avec Nhood France, Ethypik a décidé de lancer le tour de France de l'emploi local. L'objectif : partir à la rencontre "de talents aux profils ciblés" dans des centres commerciaux Aushopping. Au-delà d'être des lieux de consommation, "on y mène pas mal d'actions dans l'emploi local, on organise des job datings. On a même créé l'été dernier 'Aushopping campus' pour lutter contre le décrochage scolaire", explique Assya Guettaf, leader responsabilité sociétale entreprise (RSE) chez Nhood France. 

"Jusqu'à présent, le centre commercial est un lieu où on fait des achats alimentaires ou du shopping plaisir. Nous, on veut montrer qu'on peut y faire autre chose, des choses qui peuvent avoir du sens, comme faire du démarchage pour recruter des chercheurs d'emploi, détaille la leader RSE. Les clients ne sont pas uniquement des porte-monnaies." Nicolas Morby abonde en ce sens. "Nhood et Aushopping ont compris qu'on pouvait changer le modèle des centres commerciaux. Ce ne sont pas des lieux mono-usages mais des lieux de vie mixtes."

Jusqu'à présent, le centre-commercial est un lieu où on fait des achats alimentaires ou du shopping plaisir. Nous, on veut montrer qu'on peut y faire autre chose, des choses qui peuvent avoir du sens, comme faire du démarchage pour recruter des chercheurs d'emploi.

Assya Guettaf

Ainsi, les "chercheurs d'emploi", comme  il préfère les appeler - "car dans demandeur, il y a une certaine passivité, on veut montrer qu'ils sont actifs, les mots comptent" - seront démarchés dans les couloirs des centres commerciaux. Les "street-sourceurs" leur font remplir un questionnaire "élaboré par un docteur en sciences cognitives" pour évaluer et cerner leur savoir-être et les mettre en relation avec des entreprises en accord avec leur profil.

"Cette initiative démocratise l'accès aux emplois, analyse Assya Guettaf. Les gens ont parfois du mal à pousser la porte des institutions comme le Pôle emploi ou la mission locale, on est là pour les aider." Elle permet également de "faire renconter des gens aux codes différents", ajoute le fondateur. 

Trouver des "talents cachés"

Nicolas Morby veut transformer la façon de recruter, et se rapprocher le plus de l'humain. Il souhaite trouver avec son partenaire ces "talents cachés" et ces "pépites" qui fourmillent dans les rues de France mais à qui on ne prête pas attention sur la base d'un simple CV ou d'une lettre de motivation. 

À travers Ethypik, il veut également déconstruire les idées reçues sur certains métiers auprès du grand public. "Certains métiers sont en tension par manque de visibilité et d'attractivité, constate-t-il. On ne sait même plus ce qu'est un technicien de surface. Avec un nom pareil, ça brouille les pistes donc les gens ne postulent pas." Même chose, selon lui, pour "les canalisateurs d'eau, où on pense à des personnes habillées en caoutchouc de la tête aux pieds alors que le métier s'est beaucoup numérisé, ils ont tous des tablettes".

Certains métiers sont en tension par manque de visibilité et d'attractivité, constate-t-il. On ne sait même plus ce qu'est un technicien de surface, avec un nom pareil, ça brouille les pistes donc les gens ne postulent pas

Nicolas Morby

C'est pourquoi lui et son associé Nhood, opérateur immobilier, privilégient le face à face pour "leur parler d'un poste en tant que tel en instaurant un vrai dialogue. Les gens peuvent se projeter, connaître les avantages et les inconvénients d'un métier. Un recrutement se termine toujours en face à face, pourquoi il ne commencerait pas de la même façon ?"

Il note que les anciennes générations d'entrepreneurs, ressources humaines et fondateurs sont davantage récéptifs à cette technique de street-sourcing. "Ils me disent qu'à l'époque, on ne se basait pas sur le CV mais sur la rencontre et l'échange, ça fait plus écho auprès d'eux que pour la nouvelle génération d'entrepreneurs."

Des candidats conquis de Lyon et Lille

Dans la région lilloise, le street-sourcing aura lieu du 2 au 25 juin et passera par quatre centres commerciaux Aushopping. L'initiative a déjà séduit à Lyon au mois de mai. "Ça a super bien marché, on a recruté 89 personnes pour l'entreprise Veepee en trois jours, se réjouit Nicolas Morby. On a aussi recruté une pépite intersidérale pour un client, il avait 55 ans et une expérience extraordinaire dans la plomberie, mais elle n'y connaissait rien dans les réseaux sociaux ni dans la recherche d'emploi en ligne. Elle n'aurait jamais pu rencontrer ce client-là si on n'était pas là."

De plus, "il y a un côté valorisant, les gens n'ont pas l'habitude d'être démarchés pour leur proposer un emploi. J'aimerais que cette technique de recrutement se démocratise", espère le fondateur. 

Il y a un côté valorisant, les gens n'ont pas l'habitude d'être démarchés pour leur proposer un emploi. J'aimerais que cette technique de recrutement se démocratise.

Nicolas Morby

Jonathan Courteix, street-sourceur sur place dans le centre commercial d'Englos (puis dans toute la région lilloise), explique actuellement recruter "dans les métiers de la santé en partenariat avec DomusVi pour un Ehpad à Roubaix. On fait aussi du sourcing pour des boutiques diverses et variées, plutôt sur des postes de vendeurs."

Depuis hier après-midi, une trentaine de personnes ont d'ores et déjà été inscrites pour trouver rapidement un emploi. "On pose des questions sur le parcours, le cursus, les expériences, comment les personnes se projettent professionnellement, explique Jonathan Courteix. Les gens sont réceptifs, mais c'est aussi à nous street-sourceurs d'être chaleureux et d'aller vers eux."

Dans les semaines à venir, d'autres offres d'emplois seront disponibles. Pour les habitants de la région Lilloise à la recherche de travail, c'est peut-être le moment de faire un tour au centre commercial pour espérer trouver un emploi. La démarche sera également organisée en région Île-de-France au mois de juillet. 

Centres commerciaux Aushopping participants en région Lilloise
  • Aushopping Englos – 2, 3 et 4 juin
  • Aushopping Fâches – 9, 10 et 11 juin
  • Aushopping Leers – 16, 17 et 18 juin
  • Aushopping Promenade de Flandre à Roncq – 23, 24 et 25 juin
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