Le tribunal de commerce de Lille a placé l'entreprise Valdunes en redressement judiciaire, lundi 20 novembre 2023. Une décision attendue par les salariés, qui gardent espoir pour trouver un nouveau repreneur pour les deux sites nordistes.
La décision était attendue, le tribunal de commerce de Lille Métropole l’a entérinée ce lundi 20 novembre 2023. Les deux sites nordistes de Valdunes, basés à Trith-Saint-Léger et Leffrinckoucke, viennent d’être placés en redressement judiciaire. Le tribunal, qui a constaté une situation de cessation de paiement au 8 novembre, estime qu'un "plan de redressement est envisageable".
Quelques minutes avant le début de l’audience, une cinquantaine de salariés employés sur les deux sites ont donné de la voix pour montrer que la mobilisation ne faiblit pas. "On lâche rien, Leffrinckoucke, Trith-Saint-léger, même lutte", peut-on lire sur le dos de la veste de travail d’un salarié.
Une grande banderole de la CGT, déjà utilisée lors des manifestations de mai dernier, a également été déployée. Sur celle-ci, les revendications des salariés, limpides : "Non à la fermeture de Valdunes ! Exigeons investissements, maintien des sites et de tous les emplois".
La trésorerie insuffisante pour poursuivre l’activité
En cause, l’état de la trésorerie qui ne permettait plus aux deux sites de produire des essieux et des roues pour les trains. Le 14 novembre, la direction avait déposé une cessation de paiements.
Unique actionnaire, le groupe chinois MA Steel avait décidé de ne plus financer l’activité des deux sites nordistes le 4 mai dernier. Dès le lendemain, les salariés du site valenciennois s’étaient mobilisés et avaient entamé une grève illimitée pour dénoncer le retrait du seul investisseur. Une semaine plus tard, Emmanuel Macron promettait de "se battre jusqu’au dernier quart d’heure pour Valdunes".
À Trith-Saint-Léger, manifestation de soutien aux salariés de Valdunes après la décision de MA Steel.
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) May 13, 2023
Nous devons nous battre avec l’État pour trouver un repreneur. La Région est aux côtés des salariés pour les accompagner dans leurs projets, ou les défendre face aux problèmes ! pic.twitter.com/kp4WCtojtM
Après plusieurs réunions à Bercy pour sauver la dernière usine française à produire du matériel roulant ferroviaire, le couperet est donc tombé. Mais le placement en redressement judiciaire est-il une mauvaise nouvelle pour autant ?
Valdunes désormais en vente
Pas forcément, selon Maxime Savaux, représentant de la CGT sur le site Valenciennois. "Tout va se décanter avec le redressement, pense-t-il. Dès que ça va passer en vente publique dans 3 ou 4 jours, les dossiers vont être déposés et on va voir à quelle sauce Valdunes va être mangé". Car l’objectif est le suivant : trouver un repreneur "solide", porteur d’un "véritable projet" pour les deux sites.
Tant qu’il y a de la lutte, il y a de l’espoir. On va s’accrocher jusqu’au bout pour sauver le savoir-faire français et les emplois.
Maxime Savaux, délégué syndical CGT Valdunes à Trith-Saint-Léger
Un administrateur judiciaire a été mandaté. Il a pour rôle de faire un état des lieux de la situation : nombre d’employés, état des deux sites, revue des commandes... Il devrait rendre ses conclusions le 17 janvier 2024. D’ici là, les repreneurs intéressés peuvent se manifester.
Alstom, la SNCF, l’Etat et la Région au capital de Valdunes ?
Le 19 octobre dernier, une table ronde organisée en présence du président de région et du ministre de l’Industrie avait permis des "avancées significatives" pour le futur des deux sites et le maintien des 330 emplois, selon la CGT. Lors de cette réunion, région et Etat ont annoncé leur intention de s’engager financièrement pour accompagner un projet de reprise crédible pour Valdunes.
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De leur côté, la SNCF et Alstom ont également fait un geste, même s’ils ont confirmé "qu’ils n’étaient pas prêts à devenir actionnaires majoritaires", précisait alors le ministère de l’Industrie. Comprendre que des commandes seraient formulées à l’avenir par les deux entreprises, qui pourraient également entrer au capital de Valdunes dans le cadre d’une reprise de manière minoritaire.