Le groupe franco-belge Altifort, seul candidat à la reprise d'Ascoval, a bouclé son offre qui doit permettre de sauver cette aciérie de 281 salariés basée à Saint-Saulve (Nord), a-t-on appris vendredi auprès de la direction d'Altifort.
Altifort a déposé son offre en fin d'après-midi au tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg, a dit son directeur général Bart Gruyaert. La chambre commerciale du TGI statuera mercredi prochain sur le sort d'Ascoval, actuellement en redressement judiciaire.L'offre inclut un concours financier de 25 millions d'euros de l'État, qui était le dernier élément en suspens pour la finaliser, a précisé M. Gruyaert. "Nous avons aussi les accords des autres financeurs", banques et collectivités, a-t-il ajouté.
Le dossier qui sera examiné par le TGI prévoit plus de 400 emplois pour Ascoval : le maintien des 281 existants et la création de 133 autres grâce à la construction d'un atelier supplémentaire, un train à fil pour la production de fil en acier, a ajouté M. Gruyaert.
Cet investissement est toutefois conditionné à un changement de l'organisation du travail par un passage en horaires de type 5x8, a prévenu le dirigeant.
Engagement de l'État "in extremis"
"Nous avons franchi une première étape, mais nous attendons la réunion avec Bruno Le Maire (le ministre de l'Économie) lundi pour obtenir des garanties au cas où cela se passe mal", a réagi Nacim Bardi, délégué syndical CGT d'Ascoval. "Ce n'est pas encore fini. Nous serons rassurés et heureux lorsque le tribunal aura accepté le projet, car cela fait trois ou quatre ans que les salariés sont menés en bateau."
L'engagement financier promis par l'État a été confirmé in extremis : "Nous avons reçu le courrier de Bercy à 16h00", a dit M. Gruyaert, soit une heure avant l'expiration du délai fixé par le tribunal pour déposer l'offre.
Le plan proposé par Altifort fin octobre portait sur un montant de 137 millions d'euros, dont 40 millions de l'État. Le montant du dossier final sera "un peu moindre, selon M. Gruyaert, mais nous avons rassemblé la somme nécessaire" pour pérenniser Ascoval. Outre le candidat repreneur et l'État, celle-ci réunit les concours de plusieurs banques, de la région Hauts-de-France et de la communauté d'agglomération Valenciennes Métropole.
Contrairement au scénario envisagé au départ, l'offre se monte sans Vallourec, l'actionnaire d'Ascoval, qui a refusé de s'engager sur un maintien de commandes pendant une période de transition de 18 mois.
Créée en 1975 par Vallourec, l'aciérie de Saint-Saulve, productrice d'aciers spéciaux, est devenue Ascoval en 2017. Elle est en redressement judiciaire depuis janvier dernier. Elle faisait partie jusqu'en début d'année du groupe sidérurgique Ascométal mais elle n'a pas été inclue dans la reprise de ce dernier par le Suisse Schmolz + Bickenbach.
Altifort est un groupe de métallurgie basé à Ham (Somme), propriété de Stanislas Vigier, son président, et Bart Gruyaert. Constitué il y a quatre ans, il a grandi par rachats successifs pour atteindre un effectif de 1.500 salariés, dont 1.370 en France, et un chiffre d'affaires prévisionnel annoncé de 200 millions d'euros cette année.