Football Leaks. Tchétchénie, Monaco, contrat douteux : le "business" de Paulo Tavares, l'agent qui lorgne sur le VAFC

Grâce aux documents issus des Football Leaks, France 3 Nord Pas-de-Calais, Médiacités et Mediapart lèvent le voile sur les pratiques de Paulo Tavares, l'intermédiaire portugais qui conseille la société suisse III Sport Invest, candidate au rachat du club de foot de Valenciennes.

Ce n’est pas tout à fait ce qu’on appelle un homme de l’ombre. Car Paulo Tavares - qui se fait aussi appeler Paul - aime beaucoup la lumière. Celle des plateaux télévisés de la chaîne L’Equipe, où cet intermédiaire portugais de 55 ans intervient régulièrement comme consultant. Celle qui le dévoile aujourd’hui comme l’un des deux visages publics du projet de rachat du club de Valenciennes par la société suisse III Sport Invest, aux côtés d’Eric Besson.

L’ancien ministre, fan de ballon rond, l’a adoubé comme son futur "conseiller", s’il venait à décrocher un nouveau maroquin : la présidence du VAFC. "Sa compétence et ses réseaux internationaux seront précieux".
 



Pour le tandem, l’heure de vérité approche, car c’est en principe ce jeudi qu’expire le délai pour boucler la vente du club nordiste. Se fera-t-elle ? Rien n’est moins sûr, tant les relations entre les acquéreurs et le vendeur, Eddy Zdziech, actuel président et actionnaire majoritaire, se sont dégradées ces dernières semaines, chaque camp y allant de son communiqué pour pointer les manquements de l’autre
 
"Le projet de Valenciennes, c’est un défi, j’ai envie d’y aller", nous confiait encore ce mardi Paulo Tavares, lors d’un entretien téléphonique qu’il nous a accordé. Avec Mediapart et le site régional d’investigation Mediacités, France 3 Nord Pas-de-Calais a cherché à en savoir plus sur cet homme volubile, volontiers charmeur, au style direct et débit mitraillette. Nous avons pu accéder ainsi aux Football Leaks, ces millions de données confidentielles obtenues par le magazine allemand Der Spiegel et analysées par ses partenaires de l'EIC (European Investigative Collaborations, voir encadré). Elles nous apportent un éclairage sur les activités et les méthodes de ce "conseiller sportif " ou "trader de joueurs", comme il se désigne lui-même, qui a gravité plusieurs années dans la sphère monégasque.


Tchétchénie


Mais avant de développer ces découvertes, un petit retour en arrière s’impose sur le parcours de Paulo Tavares. Il y a 8 ans, l’intermédiaire portugais a réalisé un très gros coup médiatique, dont il est encore très fier : avec sa société Gestisoccer, il a convoyé en Tchétchénie un aréopage d'anciennes gloires du football pour un match amical à la gloire du potentat local, le très controversé Ramzan Kadyrov, régulièrement dénoncé par les organisations de défense des droits de l’homme pour sa gestion brutale et autoritaire de cet état du Caucase fédéré à la Russie.
 

Ainsi, le 11 mai 2011, des stars mondiales du calibre de Diego Maradona, Luis Figo, Jean-Pierre Papin, Franco Baresi, Ivan Zamorano ou Fabien Barthez sont venues inaugurer le tout nouveau stade de la capitale tchétchène, Grozny, face à une équipe d’anciens du Terek, le club local, emmenée par Kadyrov lui-même, en short et en maillot… les images de ce raout aux airs de propagande, les montres de luxe offertes aux joueurs (notamment à Alain Boghossian, à l’époque sélectionneur adjoint de l’équipe de France) et les montants de certains cachets feront scandale.
 
 
"Faire venir dans ce pays quatre Ballons d’or et dix-sept internationaux de très haut de gamme, en dix jours de temps, ça s’appelle une prouesse exceptionnelle", préfère s'auto-congratuler Tavares aujourd'hui. L’intermédiaire n’a pas monté ce coup tout seul. Il s’est associé à un homme d’affaires tchétchène résidant en Suisse, Bulat Chagaev, rencontré 6 mois plus tôt à Genève. "Un fou furieux mais un mec sympa", dixit le Portugais. Chagaev est vice-président du Terek Grozny et bien en cour, à l’époque, auprès de Ramzan Kadyrov. "On tombe d’accord sur le fait que ma société organise le match contre 2 millions d’euros", explique Paulo Tavares en janvier 2012 au journal suisse Le Matin.

Lorsque ce fameux match amical est disputé, les deux hommes sont déjà sur un autre coup : la reprise du club suisse de Neuchâtel Xamax. Bulat Chagaev en est devenu l’actionnaire majoritaire le 30 avril 2011. Et il confie à Tavares le recrutement. "J’accepte et vends nos services pour 800 000 euros dans l’espoir d’en obtenir 600 000, mais Bulat nous propose 1 million", explique-t-il au Matin.
Paulo Tavares fait venir le Brésilien Sony Anderson comme entraîneur, mais l’aventure tourne au désastre en un temps record.
 

Tombé soudainement en disgrâce en Tchétchénie, Chagaev se retrouve privé de financement. Sa gestion fantasque et autoritaire du club n’arrange rien (il vire tout le staff et menace des joueurs). Le 26 janvier 2012, Neuchâtel Xamax est officiellement en faillite. Accusé de gestion fautive et déloyale, détournement de l'impôt à la source, tentative d'escroquerie et faux dans les titres, l’homme d’affaires tchétchène sera condamné à trois ans de prison en 2016 puis en appel en 2017 (ce dernier jugement vient toutefois d’être annulé par le tribunal fédéral). "Je n’ai jamais été payé", nous assure Paulo Tavares qui dit ne plus avoir de contact avec Bulat Chagaev.
 

Combines à Monaco autour de Marcel Tisserand


La faillite de Neuchâtel Xamax ne semble pas ternir, à l’époque, la réputation du Portugais. Les documents Football Leaks nous montrent en tout cas qu’au printemps 2013, il a l’oreille attentive de Vadim Vasilyev, le vice-président russe de l’AS Monaco. Tavares essaie alors de faire venir sur le Rocher le jeune latéral gauche du LOSC, Lucas Digne, qui sera transféré finalement au Paris Saint-Germain. "Vadim n’a pas voulu mettre un million de plus et s’aligner. Je lui avais dit que Paris allait le faire à 12 millions. Et je pense qu’à partir de ce moment-là, il a compris que tout ce que je lui disais sur les dossiers, c’était vrai", analyse aujourd’hui l’intermédiaire.

A Monaco, Paulo Tavares se retrouve impliqué dans de surprenantes combines. Elles concernent Marcel Tisserand, jeune défenseur franco-congolais du club. Le 13 novembre 2013, un agent sportif, Laurent Schmitt, obtient un mandat de la part de l'ASM pour entamer des négociations en vue de la prolongation de son contrat. Il est prévu qu’il touche une commission de 7% de la rémunération supplémentaire perçue par le joueur par rapport à son salaire initial.
 

Pourtant, ce sont deux autres intermédiaires, ne disposant pas de la licence d'agent auprès de la Fédération Française de Football (FFF), Samir Khellafi et Paulo Tavares, qui transmettent par courriel la proposition de prolongation de contrat à Vadim Vasilyev, le 7 décembre 2013. Cette proposition inclut une commission d’agent de 10% mais aussi "une prime exceptionnelle de prolongation" de 350 000€, "facturation Gestisoccer", du nom de la société portugaise de Tavares.

Le 18 décembre 2013, le conseiller sportif de l'AS Monaco, Luis Campos, transmet sa contre-proposition à Vadim Vasilyev, où il valide le paiement de cette "prime exceptionnelle de prolongation" à la société Gestisoccer, mais ramenée à 300 000 euros. Marcel Tisserand rempile ainsi avec le club de la Principauté jusqu'en juin 2018.
 

Mais il y a un obstacle juridique. Un arrêté du 15 mars 2012 relatif "aux modes de calcul des sommes constituant le montant de la rémunération des agents sportifs" explique qu’en cas de prolongation de contrat, cette rémunération "ne peut excéder 10 % de la différence entre la rémunération brute prévue par l'avenant au contrat de travail et la rémunération brute qui devait être versée en application du contrat dans sa rédaction antérieure".
 
Un avenant à la convention de mandat du 13 novembre indique que Laurent Schmitt, l’agent officiel, sera payé 79 800 euros pour la prolongation de contrat de Marcel Tisserand. Cela correspond donc à 7% de la rémunération supplémentaire obtenue par le jeune défenseur. Rien d'anormal jusque-là. En revanche, les 300 000 euros de prime touchés par Gestisoccer explosent la limite de 10% imposée par la loi : ils représentent un peu plus de 26% de la rémunération supplémentaire obtenue par Tisserand, sachant que c'est la société de Tavares qui facture à Monaco les prestations de... Laurent Schmitt. 

"Je n'ai pas connaissance de cette commission que vous évoquez", nous a écrit Laurent Schmitt. "Je connais M.Tavares, intermédiaire portugais, comme de nombreux autres relais étrangers même si cela fait un moment que je n'ai eu des ses nouvelles depuis qu'il s'est positionné sur un autre secteur qu'est le "rachat de club". En 2013, j'ai rencontré Monsieur Tisserand et son frère Monsieur N'Tanda par le biais de Monsieur Tavares. J'ai par la suite négocié à la demande de Monsieur Tisserand sa prolongation de contrat avec l'ASM, pour laquelle j'ai perçu une commission. Monsieur Tavares a beaucoup collaboré avec l'ASM à cette période, cela peut être un accord entre eux mais je me répète, je n'en ai pas connaissance et cela ne me regarde pas."
 

Contrat douteux


Pour contourner la règle des 10%, le club va en fait déguiser cette prime négociée par Paulo Tavares et son acolyte Samir Khellafi en un "contrat de service" pour échapper au contrôle de la Ligue de football professionnel (LFP). Ainsi, Gestisoccer va signer un mandat de "scouting" avec l'AS Monaco pour "identifier des joueurs au Portugal et dans les championnats d'Europe de l'Ouest". Montant de l'accord : 300 000 euros. Une somme qui correspond exactement à la prime de Gestisoccer pour son intervention dans le dossier Tisserand.
 


Mais au sein du club, tout le monde n'est pas à l'aise avec cette astuce. Dès le 18 décembre, Daniel Bique, le directeur juridique de l'AS Monaco, écrit à Luis Campos au sujet de la prolongation de Tisserand : "Luis, est-ce que tu peux m'expliquer ce que signifie "Facturation Gestisoccer" ?" Un mois plus tard, le 22 janvier 2014, il s'émeut directement auprès de Vadim Vasilyev de la multiplication de ce genre de contrats de complaisance. "Comme tu le sais, la règle impose un maximum de 10 % sur le contrat du joueur ou le montant du transfert. Depuis le dernier mercato d’été, de nombreux contrats sous seing privé ont été conclus avec plusieurs agents parce que leurs commissions dépassaient les 10 %. Selon ces accords, ils doivent rechercher des joueurs, des équipes, des sponsors à travers le monde (...). Ce serait mieux si on en utilisait le moins possible ; parce que plus on en aura, plus il sera difficile de les justifier". 

Daniel Bique passe ensuite en revue six contrats qui posent problème (certains ont déjà été évoqués en novembre par Mediapart dans une enquête consacrée aux "contrats douteux de l'AS Monaco") : l'un d'entre eux concerne la prime de 300 000 euros versée à la société Gestisoccer pour son intervention dans la prolongation de contrat de Marcel Tisserand, masquée sous la forme d'un mandat pour "identifier des joueurs du Portugal et dans les championnats d'Europe de l'Ouest" (les cinq autres concernent d'autres agents et d'autres transactions).
 


Les dirigeants de l'AS Monaco n'ont pas répondu à nos sollicitations. Ni Luis Campos, aujourd'hui conseiller de Gerard Lopez pour le recrutement du LOSC. En novembre, le club de la Principauté s'était justifié ainsi auprès de Mediapart : "Concernant les contrats de scouting, vos suspicions à cet égard sont totalement infondées. Il s’agit de contrats de prestation de services qui sont enregistrés dans les comptes du club. Ces contrats ont été conclus principalement dans les premiers mois de la reprise du club lorsque le département scouting n’était pas suffisamment structuré. Aujourd’hui, ces contrats sont utilisés dans des cas précis quand le club a besoin d’un savoir-faire spécifique." 

Paulo Tavares adopte une ligne de défense identique. Malgré nos éléments, il soutient mordicus qu'"il n’y avait pas de rapport" entre ce contrat de scouting et la prolongation de Tisserand. "J’ai eu du scouting sur Rennes, sur d’autres clubs en France", assure-t-il. Pour lui, ce contrat n'avait rien de fictif et a débouché sur des prestations réelles et concrètes. "L’arrivée de Jardim et d’autres conseils que j’ai donnés sur des joueurs", cite-t-il en exemple. "Pour 300 000 balles, on me dit que je fais de la surfacturation, mais s’il fallait évaluer combien Monaco me doit, mais c’est 3 millions d’euros, 4 millions…", estime l'intermédiaire portugais. 
 

Leonardo Jardim


Paulo Tavares est en effet de plus en plus actif, à cette époque, sur le Rocher.  Il propose notamment Paul Nardi, un jeune gardien nancéen, que le club signera. Sa société, Gestisoccer, est également mandatée pour vendre - sans succès cette fois - Emmanuel Rivière à West Bromwich en Angleterre et Yannick Ferreira-Carrasco à la Roma en Italie.  Au printemps 2014, c'est Tavares qui négocie la venue à Monaco de son compatriote Leonardo Jardim, alors entraîneur du Sporting du Portugal, à Lisbonne. Il discute en direct avec Vadim Vasilyev des détails du futur contrat, de la prime à la signature...

L'intermédiaire collabore alors avec un autre agent portugais, Nelson Pinto Almeida. Mais aucun des deux ne dispose à ce moment-là de la licence ou de l'autorisation de la FFF imposées par la législation française (à laquelle l'AS Monaco est soumise) pour effectuer des transactions sur le territoire national. Tavares et Almeida vont donc se rapprocher d'un agent lyonnais, François Héritier, titulaire, lui, du précieux sésame officiel.  "Quand on fait Jardim à Monaco, Nelson Almeida n’a pas le droit de le représenter en France", se souvient Tavares. "Je prends donc Héritier comme agent représentant pour la facturation française. Je ne le connais pas beaucoup, je l’ai rencontré trois-quatre fois. Je lui dis : voilà, tu factures".
 

François Héritier n’a pas souhaité répondre à nos questions, mais Nelson Almeida, lui, confirme cette version : "Monsieur Tavares est effectivement intervenu dans l’arrivée de Leonardo Jardim à l’AS Monaco, étant entendu qu’il avait été mandaté par ce club qui était à la recherche d’un entraîneur. J’étais à cette époque l’agent de Leonardo Jardim, c’est la raison pour laquelle nous nous sommes rencontrés. Monsieur Heritier a existé dans ce dossier car il est détenteur d’une licence française d’agent sportif".

"Il y a des hypothèses où des agents étrangers veulent contracter avec un joueur ou avec un club français", décrypte Me Redouane Mahrach, avocat au barreau de Paris, spécialiste du droit du sport. "Ils ont la possibilité de passer par une convention de présentation par un agent français. Cela étant, c’est l’agent français qui doit mener les négociations."

"Vous avez plusieurs agents français qui louent leur licence", explique de son côté Paulo Tavares. "Chacun paye différemment, je ne sais pas combien les autres payent.... Il y en a qui payent 2%, 3%, 10%, 15%, 20%... (de la commission perçue NDR)" . L'agence de Nelson Almeida, InternationalFoot Lda, représentée par François Héritier sera payée à hauteur de 10% de la rémunération brute perçue par Jardim. Soit 280 400 euros pour les deux premières années de contrat, auxquels s’ajoutent 103 000 euros en cas de prolongation du contrat de l’entraîneur.
 

Adama Traoré


Le 1er juin 2015, l’AS Monaco donne un nouveau mandat à François Héritier, cette fois en tant que "représentant la société Gestisoccer" de Paulo Tavares. La mission : trouver "un milieu de terrain, âgé de plus de 18 ans et de moins de 22 ans".
 

Cet accord se concrétise par le transfert dans la Principauté du jeune espoir malien du LOSC, Adama Traoré, en juillet 2015. Et c'est bien Tavares qui joue l’intermédiaire entre Jean-Michel Vandamme, directeur général adjoint du club nordiste, et Vadim Vasilyev, vice-président de l’AS Monaco. "François Héritier m’accompagnait mais c’est moi qui négociait", confirme Paulo Tavares.
 

"Lille hier, toujours bloqué sur 15 (millions NDR), (...), mais le joueur j'ai retourné la tête à son entourage (compliqué), mais je suis arrivé que la destination pour Adama, priorité c'est Monaco", rend-il ainsi compte à Vasilyev, dans un courriel daté du 2 juillet 2015. "Il est évident que cela n’a pas été facile de convaincre mon président (à l'époque Michel Seydoux NDR). Cependant, Monaco est un club que nous apprécions ainsi que le travail que tu effectues", écrit Jean-Michel Vandamme à Tavares le 7 juillet.

Les deux clubs s'entendent finalement sur une transaction à 12 millions d'euros. Une commission de "5 % hors taxes du montant net de l’indemnité de mutation définitive payée par le club Lille OSC, soit un montant de 600 000 euros hors taxes" est versée à la société de Paulo Tavarès, Gestisoccer, représentée par François Héritier.
 
"Pour Adama Traoré, j’ai galéré, galéré, galéré", insiste Paulo Tavares. "Attention, on a surpayé quand même, parce qu’il nous a fait monter au cocotier le Seydoux, là". Un an plus tard, il jouera de nouveau les intermédiaires entre Monaco et le LOSC pour le transfert, cette fois, du défenseur latéral Djibril Sidibé.
 

"Je ne suis pas un philanthrope"


Depuis quelques années, Paulo Tavares ne semble plus vraiment en cour à Monaco. Il s'est également brouillé avec Nelson Almeida, l'agent portugais avec lequel il s'était associé pour la venue de Jardim. "Je t'informe que j ai cessé ma collaboration avec Paul Tavares, il ne peut parler en mon nom, ni présenter les joueurs qui travaillent avec moi, tel que cela semble avoir été le cas avec Xeka (milieu de terrain portugais du LOSC, à l'époque à Braga NDR), joueur qui est lié contractuallement à moi", écrit ainsi Almeida à Vadim Vasilyev le 23 novembre 2016.

"A l’époque, j’avais encore le droit de représenter Xeka parce qu’on collaborait", estime Paulo Tavares qui accuse l'agent portugais de lui devoir de l'argent sur des commissions non reversées. "J’ai un avocat qui a déposé la plainte à Porto", affirme Tavares. "Ce monsieur a beaucoup d'imagination", nous a répondu Almeida, resté proche de Luis Campos désormais à Lille. "Je ne m'attarderai plus sur ce sujet puisque ce monsieur ne mérite pas ma considération."

Aujourd'hui, Paulo Tavares s'est fixé de nouveaux objectifs, notamment si Valenciennes est racheté par III Sport Invest, société dont il assure ne pas être l'un des actionnaires. "Moi mon métier, c’est de conseiller le président, de conseiller la stratégie, comme j’ai pu le conseiller à d’autres personnes sur des noms, sur des acquisitions, mais après chacun fait son travail", nous explique-t-il. "Si demain, Eric Besson ou Sebastien Lerjen ou Patrick Labbé (les représentants de III Sport Invest NDR) veulent faire le contraire de ce que je leur dis, c’est leur problème. Dans le sportif, avec Valenciennes, j’ai un contrat où je vais être rémunéré pour mes conseils. Je voudrais avoir un contrat rémunéré sur la plus-value des coups qu’ils vont faire avec moi. Pas en Ligue 2, mais s’ils montent en Ligue 1."
 

"Moi je ne suis pas un philanthrope, je suis là pour gagner de l’argent. Je suis là pour travailler et conseiller", ajoute Tavares qui dit avoir activé ses réseaux pour permettre le départ récent de l'attaquant valenciennois Sloan Privat au club turc d'Osmanlispor, afin d'aider à alléger la masse salariale du club nordiste. "J’ai un pote là-bas, je lui dis : "y a rien à gagner, prends l’argent que tu veux en Turquie, débarrasse-moi de ce Privat"", raconte-t-il. "J'ai dit à Eddy Zdziech (le président du VAFC NDR) : "laisse le partir, c’est un bon coup, ça va t’économiser 320 000 balles en cinq mois". Je n’ai pas touché un centime."

Sollicités sur le sujet, ni Eddy Zdziech, ni l'avocat du club Me Laurent Cotret, n'ont souhaité confirmer ou démentir l'intervention de Paulo Tavares sur ce dossier. Sollicité également sur le risque de conflit d'intérêt entre les activités d'intermédiaire du Portugais et son possible rôle de conseiller à Valenciennes, Eric Besson ne nous a pas non plus répondu.
 

 Après une première saison en 2016, quinze journaux européens regroupés au sein du réseau de médias European Investigative Collaborations  (EIC) ont révélé, à partir du vendredi 2 novembre 2018, la deuxième saison des Football Leaks, la plus grande fuite de l’histoire du journalisme.

Plus de 70 millions de documents obtenus par Der Spiegel, soit 3,4 téraoctets de données, ont été analysés pendant huit mois par près de 80 journalistes, infographistes et informaticiens. Corruption, fraude, dopage, transferts, agents, évasion fiscale, exploitation des mineurs, achats de matchs, influence politique : les Football Leaks documentent de manière inédite la face noire du football. Ces révélations d’intérêt public reposent sur des documents authentiques et de nombreux témoignages. Outre Mediapart, les médias membres du projet sont Der Spiegel (Allemagne), Expresso (Portugal), L’Espresso (Italie), Le Soir (Belgique), NRC Handelsblad (Pays-Bas), The Black Sea/RCIJ (Roumanie), Politiken (Danemark), Nacional (Croatie), Tages Anzeiger/Tribune de Genève (Suisse), Reuters (Royaume-Uni), De Standaard (Belgique), VG (Norvège), Premières Lignes/France 2 (France) et NDR Television (Allemagne).

Comme pour la première saison des Football Leaks, Mediapart a choisi de partager les documents avec France 3 Nord-Pas-de-Calais et Mediacités. Nous avons également recueilli des éléments et des témoignages inédits qui ne figurent pas dans les Football Leaks.

Le lanceur d’alerte Rui Pinto, principale source des Football Leaks, a été arrêté mi-janvier en Hongrie et se bat pour éviter une extradition vers le Portugal, son pays, qui le soupçonne de vol de données et de "tentative d’extorsion". Rui Pinto collaborait avec le parquet national financier (PNF) français avant son arrestation.
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