Mécontents de la loi climat qui a été votée à l'Assemblée en début de semaine, de nombreux manifestants se sont mobilisés dans la région pour protester. 14 rassemblements s'y sont tenus.
Le 4 mai, une majorité de députés a voté pour la loi Climat et Résilience. Le texte se basait notamment sur le travail de la Convention Citoyenne, ces 150 citoyens tirés au sort qui devaient plancher sur la rédaction des mesures pour diminuer les pollutions en France. Emmanuel Macron, le président de la République, s'était engagé à reprendre sans filtre les propositions des citoyens pour nourrir la loi Climat et Résilience. La suite fut un peu différente. Les décisions des citoyens furent largement amendées et les objectifs revus à la baisse.
C'est en tout cas ce que considéraient les manifestants présents ce dimanche 9 mai dans les rues de nombreuses villes de la région : Dunkerque, Valenciennes, Saint-Quentin, Arras, Saint-Omer ou encore Amiens.
"Nous n'avons plus le temps d'attendre"
"Alors que la décennie que nous vivons est déterminante pour agir pour le climat, ce texte reporte toutes les décisions. Hormis le vélo, aucun levier de lutte contre la crise climatique n’est renforcé. C’est plus qu’une occasion manquée, c’est la preuve de l’inconscience et de l’irresponsabilité de ceux qui gouvernent. Face à l’inaction climatique, la mobilisation citoyenne est une urgence", dénoncait notamment la liste de Karima Delli, la candidate (EELV) de l'union de la gauche pour les élections régionales dans les Hauts-de-France.
La députée européenne était présente à Lille ce dimanche 9 mai dans l'après-midi. "C'est une loi baclée alors qu'il y a urgence. Nous sommes la première génération à subir les effets du réchauffement climatique et la dernière à pouvoir y remédier", a-t-elle expliqué à notre journaliste sur place, Martin Vanlaton. Derrière elle, ses militants chantaient "pour le climat et pour l’emploi, avec qui ? Karima Delli". Elle estime que les populations précaires seront les plus touchées par le dérèglement climatique : "c’est elles qui vont être condamnées à consommer des produits avec des pesticides et qui vivent dans des passoires énergétiques".
Echarpe tricolore en bandoulière, Adrien Quatennens, le député du Nord (LFI) faisait partie des personnages politiques locaux à défiler. "Nous sommes là pour porter un message : le changement climatique a commencé et nous n’avons plus le temps d’attendre. Il faut passer aux actes et faire un choix entre le capitalisme et la survie de l’humanité", a-t-il justifié de sa présence. Karima Delli et Adrien Quatennens garnissaient les rangs du gros millier du citoyen venus défiler dans la préfecture du Nord.
"Il faut penser l'après-covid avec le climat"
À Amiens, près de 400 personnes se sont réunies à la gare avant de déambuler dans les rues, dans une ambiance festive, pancartes à la main. Sur l'une d'elles, on peut lire "Moins d'ultra-riches, plus de ruches". Celle qui la tient est une habituée des marches pour le climat, elle a participé a plusieurs d'entre elles à travers la France. "Il faut qu'on se saisisse de l'enjeu climatique dès maintenant, parce qu'on a qu'une planète, et bientôt, ce sera trop tard, confie-t-elle à notre journaliste sur place Narjis El Asraoui. Ça doit passer avant tout le reste, et ce n'est pas incompatible avec une relance économique ou des enjeux sociaux. C'est un seul et même problème, et il faut penser l'après-covid avec le climat, c'est le moment justement de l'intégrer dans le monde d'après."
C'est déjà la huitième marche pour le climat organisée dans la capitale picarde. Ici aussi, la loi Climat et Résilience a laissé un goût amer aux écologistes. "Cette loi est clairement décevante, déplore Pablo Toledo, l'un des organisateurs de la marche. Elle prévoit de réduire les émissions de CO2 de 6 à 10 millions de tonnes, alors que si on veut respecter les accords de Paris signés en 2015 lors de la COP21, on devrait diminuer de 112 millions de tonnes. Mais le gouvernement se félicite de cette loi, c'est indécent." Si dans le cortège, on trouvait aussi des militants politiques, Pablo Toledo préfère mettre en avant la démarche citoyenne. "Comme d'habitude, on demande aux gens de pas se balader avec les drapeaux à l'avant de la marche, de façon à ce que ça reste une marche pour tout le monde, qui ne soit pas récupérée."
Dans la bouche des manifestants, on entend souvent le même regret : le sentiment qu'Emmanuel Macron, qui s'est vu décerné le prix de "champion de la Terre" par un programme des Nations unies, n'a pas tenu ses promesses. "Le gouvernement n'agit pas assez pour l'urgence climatique, regrette une manifestante. On vit dans un monde qui nous pousse à la surconsommation, alors qu'on vit sur une terre avec des ressources limitées."
Enfin, à Valenciennes, ils étaient une petite centaine à s'être mobilisés dès 10h30 devant la mairie. L'ambiance était très familiale avec de nombreux enfants. "Si je suis là, c’est pour mes enfants. J’ai envie de leur laisser une planète vivable ou l'on ne sera pas obligés de se battre pour l’eau et pour se nourrir. Cette loi n'est qu'une petite goutte d’eau dans un océan, les petits pas ne suffisent plus", raconte une enseignante venue manifester ce dimanche 9 mai.
Même atmosphère à Saint-Quentin, où une petite centaine de personnes s'est réunie sur la place de l'hôtel de ville. En tout, des rassemblements se sont tenus dans 14 villes des Hauts-de-France.