Lors de l'événement organisé pour la sortie de la 5 millionième Yaris des lignes de production de l'usine Toyota d'Onnaing (Nord), la direction a annoncé la transformation de 600 emplois précaires en CDI d'ici deux ans. Une bonne nouvelle pour l'emploi, admet la CGT, qui demande à la direction d'aller "bien plus loin"
Une nouvelle réjouissante, dans un climat délétère pour l’emploi industriel en France et dans la région. Alors qu’ArcelorMittal a annoncé la fermeture de deux sites à Denain et Reims, entraînant la suppression de 135 emplois, que les groupes Auchan et Michelin vont supprimer plus de 3 600 emplois, le groupe japonais a annoncé la transformation de 600 contrats en CDD ou en intérim vers des CDI ces deux prochaines années dans l’usine Toyota d’Onnaing (Nord).
Une annonce effectuée par Didier Leroy, président du conseil d’administration de Toyota Motor Europe, à l’occasion de la sortie de la 5 millionième Yaris des lignes de production de l’usine nordiste ce mardi 26 novembre 2024, en présence du ministre de l’Industrie. Marc Ferracci a salué à Valenciennes "une histoire galvanisante dans le contexte actuel", alors que la plupart des constructeurs automobiles européens voient leurs ventes baisser, entraînant des licenciements.
"Une industrie automobile possible en France"
Comment alors la plus grande usine de France, ouverte en 2001, peut-elle embaucher 600 intérimaires ? La première réponse se trouve vers la technologie hybride portée par le constructeur japonais, des voitures qui consomment un peu moins que les véhicules thermiques et restent bien moins chères que les véhicules électriques.
1 230 véhicules sont produits chaque jour sur les lignes de production de l’usine d’Onnaing, où 5 000 salariés sont répartis dans 3 équipes chaque jour. Sur les 275 000 voitures produites en 2023, 75% sont des Yaris Cross, un SUV hybride.
"Vous nous avez montré qu’une industrie automobile était possible en France", a salué le ministre de l’Industrie.
"Tant mieux pour eux, mais..."
Derrière l’annonce devant les caméras de télévision avec confettis et SUV Yaris Cross peinte en bleu-blanc-rouge pour l’occasion, certains représentants syndicaux parlent de la "face cachée" de cette annonce. La CGT, qui s’apprête à diffuser un tract ce 27 novembre 2024 aux salariés, en première ligne. "Tant mieux pour ceux qui passeront en CDI, mais il faut savoir qu’il y a actuellement 1 100 travailleurs en contrat précaire à l’usine, et ça, ça dure depuis des années", dénonce Eric Pecqueur, représentant de la CGT à Onnaing.
Selon lui, il ne "faut pas oublier la réalité". Chiffres à l’appui, son syndicat indique qu’en 2023, l’usine a enregistré "1 252 départs", dont "890 fins de CDD, 48 licenciements et 105 démissions". Depuis le début de l’année 2024, "on est à 606 départs", comptabilise Eric Pecqueur.
Alors derrière l’annonce, lui réclame la création "de postes de travail sur toutes les lignes", l’embauche "de centaines de travailleurs supplémentaires et pas seulement la transformation des CDD en CDI", le tout "pour améliorer les conditions de travail". Selon la CGT, cela est "financièrement tout à fait possible". Eric Pecqueur tient à rappeler que le groupe japonais "a réalisé 31 milliards d’euros de bénéfice net l’année dernière".