À l'appel de la CFDT ce 7 décembre 2024, une grève nationale a été menée à travers l'hexagone chez Decathlon. Objectif : dénoncer le milliard de dividendes versé aux actionnaires alors que les employés peinent à revaloriser leurs salaires. Faible mobilisation au siège de Villeneuve-d'Ascq qui témoignerait d'une "peur des représailles" par la direction.
"Un milliard pour les actionnaires et rien pour les salariés", devant l'entrée du magasin Decathlon Campus de Villeneuve d'Ascq, une petite dizaine de syndicalistes CFDT ont répondu présent à l'appel national à la grève, lancé dans les rangs du spécialiste de l'équipement sportif.
Pour eux, la pilule n'est toujours pas passée. Un milliard de dividendes distribué aux actionnaires de la galaxie Mulliez, alors que leur direction leur refuse une revalorisation salariale. Les dents des grévistes du jour grincent, la CFDT réclame 4% d'augmentation générale.
Les actionnaires se prennent un milliard, c'est ça qui n'est pas entendable aujourd'hui.
Justine AmmelootAdjointe au délégué central CFDT Decathlon
"Je vois que les coéquipiers en magasin sont en train de courir, et quand on entend un milliard, c'est énorme. On n'a jamais vu autant de dividendes chez les actionnaires, ce n'est pas possible", déplore Floriane Lecoeuvre, élue CFDT Decathlon.
Dans un contexte de fêtes de fin d'année, sa consœur, Justine Ammeloot, ajoute : "on va devoir compter nos sous, parce qu'on n'a pas des salaires très élevés, et à côté de ça, les actionnaires se prennent un milliard, c'est ça qui n'est pas entendable aujourd'hui."
Une grève chez Decathlon, du jamais vu ?
Entreprise préférée des Français d'après un sondage Ifop d'avril 2024, Decathlon bénéficie d'une image lisse chez les Français, qui oscille entre innovation et bien-être des salariés. "Des enseignes comme Decathlon que je respecte et des produits que j'adore, qu'ils respectent aussi peu leurs salariés, je suis un peu choqué", admet un client du magasin.
Aussi apprécié que soit Decathlon, une mobilisation n'est pas impossible. En témoignent les quelques manifestants présents devant le magasin de Villeneuve d'Ascq, mais aussi siège de l'entreprise. Pourtant, d'après les représentants CFDT sur place, les salariés craindraient de se mobiliser ouvertement.
Simon Korpiun, élu CFDT Decathlon, raconte : "Aujourd'hui, j'essaie de motiver mes collègues à sortir pour faire grève avec nous, ils nous répondent tous la même chose. Il y a une omerta sur le magasin et dans le magasin :« Je n'ose pas faire grève parce que j'ai peur des représailles, j'ai peur que lundi en arrivant, je sois convoqué dans le bureau du patron ». Et ça, c'est grave !"
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De son côté, la direction de Decathlon se dit engagée dans un dialogue constructif sur les négociations salariales, qui doivent s'achever courant janvier. Cette mobilisation sociale est un énième coup dur pour la galaxie Mulliez, qui, il y a quelques semaines, annonçait supprimer 2 389 postes chez son autre enseigne star : Auchan.
Reportage réalisé par Thomas Millot et Myriam Schelcher