L'émission diffusée le mardi 23 avril s'intéressait à plusieurs bailleurs sociaux, parmi lesquels Vilogia, dont le siège se trouve à Villeneuve-d'Ascq.
C'était l'une des séquences fortes, mardi soir pendant la diffusion du Cash Investigation consacré aux bailleurs sociaux : la journaliste Élise Lucet a poursuivi sur le quai de la gare du Nord le directeur du groupe nordiste Vilogia, au sujet du déficit d'entretien de ses logements.
"Vos choix d'investissement qui sont très importants se font au détriment de l'entretien des logements de vos 70 000 locataires" assène notamment la journaliste, à qui le directeur général de Vilogia Philippe Rémignon reproche d'avoir "rencontré nos locataires sans nous en parler".
Le bailleur social basé à Villeneuve-d'Ascq est accusé dans la dernière partie du reportage d'investir dans des projets qui ne sont pas liés avec le logement social, notamment un hôtel et un ancien centre de recherche d'IBM.
Les chiffres de la Cour des comptes
"La Cour du compte dit que vous faites une réduction de gros entretiens de 49% [de 2011 à 2015] et qu'en même temps vous faites 68 millions de bénéfices nets en 2017" ajoute Élise Lucet, qui compare à la situation de locataires craignant de sortir sur leur balcon par crainte d'un effondrement."Le niveau d'entretien du patrimoine de Vilogia est nettement supérieur à celui de la moyenne" lui rétorque Philippe Rémignon. Un argument que dément Cash Investigation, citation de la Cour des comptes à l'appui. On y parle de "dépenses d'entretien et de maintenances, inférieures aux ratios de la profession".
Mardi soir une nouvelle enquête de #CashInvestigation sur le business de HLM. Quand certaines sociétés privées considèrent les locataires comme des clients avec à la clef beaucoup d’argent. Une enquête de Sophie Roland. https://t.co/FCxmE40QoC
— Elise Lucet (@EliseLucet) 21 avril 2019
"Les nouveaux locataires on les met au plafond"
L'équipe de Cash Investigation a même réussi à se procurer un enregistrement de la réunion de crise qui a suivi cette séquence, dans lequel une voix indique vouloir "rassembler tous les éléments de réponse sur Étampes pour le lendemain de la diffusion de Cash Investigation" afin d'"être en mesure de dégainer un communiqué de presse, de vraiment se blinder techniquement."Une autre voix, dans ce même enregistrement, indique que cet entretien ne se répercutera pas sur le loyer... du moins pour les occupants actuels : "On a renoncé à le faire pour tenir compte du préjudice qu'ont subi les locataires en place à cause du manque d'entretien depuis 10 ans". Et d'ajouter : "On est en off, on le met pas au compte-rendu, c'est sans augmentation de loyer pour les locataires en place mais les nouveaux locataires entrants on les met au plafond."
Les explications de Vilogia
Ce mercred 24 avril, au lendemain de la diffusion, aucun communiqué de presse n'est paru mais le groupe Vilogia s'est exprimé dans les colonnes de La Voix du Nord :"Comme toujours dans ce genre d’émission, il y a une part de vrai qui est ensuite totalement détourné" y tempère son président Jean-Pierre Guillon.
Concernant l'entretien de ses logements, ce dernier assure que "les budgets évoluent en fonction de l’évolution à la hausse ou à la baisse de notre parc à réhabiliter" et indique qu'"ils ont bien augmenté depuis" 2015.
Sur les accusations d'investissements extérieurs, Vilogia indique que "notre intention n’est nullement de gérer un hôtel" mais "de développer du logement social en zones tendues". Quant à l'ancien centre IBM, "il s’agissait de projets en co-investissement avec des investisseurs privés, comme cela se fait régulièrement, Vilogia n’étant concerné que par la partie construction de logements sociaux."
Voir le replay de Cash Investigation "Sociétés HLM : loyers modérés pour business démesuré".
Quand "habitation à loyer modéré" rime aussi avec rentabilité...
— France 2 (@France2tv) 24 avril 2019
L'enquête de #CashInvestigation est à (re)voir sur france•tv ?