Après un nouvel épisode de violence envers l'une de ses employées le 22 mai, le maire de Wervicq-Sud (Nord) David Heiremans, lui-même victime d'injures, a lancé une campagne de sensibilisation pour lutter contre les agressions d’agents et d’élus.
C'en était trop pour David Heiremans. Le 22 mai dernier, le maire de Wervicq-Sud (Nord) apprend qu'une de ses employées, Fatima Guettaf, conseillère au centre communal d'action sociale (CCAS), vient de se faire violemment insulter par un homme de 60 ans venu demander un logement d'urgence. "L'agression verbale est la première étape dans l'escalade à la violence, nous ne laisserons rien passer", assure l'élu de 47 ans.
En réponse, l'équipe municipale a accroché des affiches de sensibilisation appelant à la civilité de chacun à l'entrée de tous les bâtiments publics de la ville : mairie, CCAS, services jeunesse, salles de sports, police municipale...
"Je ne suis pas payée pour me faire insulter"
Encore touchée par l'événement, Fatima Guettaf salue cette initiative : "Je sais qu'une affiche ne peut pas me protéger mais elle pourra peut-être dissuader les gens mal-intentionnés et surtout leur rappeler qu'il y a des règles et des lois à respecter, qu'on ne peut pas tout dire ou tout faire."
Employée depuis 14 ans au CCAS de Wervicq-Sud, la conseillère n'avait jamais été victime d'un tel acte. Elle observe une montée de violence depuis la crise du Covid-19 : "Je peux comprendre le ras-le-bol des gens, c'est une période très difficile, seulement nous n'y pouvons rien, nous sommes justement là pour les aider. J'aime mon métier mais je ne suis pas payée pour me faire insulter. La violence ne résout rien."
Fatima Guettaf a depuis porté plainte pour acte d'intimidation envers un chargé de mission de service public. Un geste soutenu par le maire : "Nous sommes une équipe soudée et nous sommes tous dans le même bateau, insiste David Heiremans. Les agents municipaux ne sont pas à la merci des gens, il est naturel que je porte assistance à mes employés pour qu'ils ne viennent pas au travail avec la boule au ventre."
"Le simple rappel à la loi n'est plus suffisant"
Début mai, l'édile avait lui-même était insulté par une administrée de 70 ans, insatisfaite du programme culturel proposé par la Ville : "On parle toujours de l'incivilité des jeunes, or il est de plus en plus compliqué de dialoguer avec une partie de l'ancienne génération qui a du mal à se remettre en question", détaille-t-il.
S'il a lui aussi porté plainte pour outrage, l'élu sans étiquette réclame un durcissement des sanctions de la part du gouvernement. "Un simple rappel à la loi n'est plus suffisant. Un dépôt de plainte doit au moins être suivi d'une sanction financière", réclame David Heiremans.
Pour rappel, l’outrage à agent chargé d’une mission de service public est passible de 7 500 euros d’amende, allant jusqu'à six mois d'emprisonnement s'il est commis par plusieurs personnes ou en milieu scolaire.
S’il s’agit d’une agression en revanche, la peine peut aller jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. Depuis la démission du maire de Saint-Brévin-les-Pins, le gouvernement souhaite alourdir ces sanctions à 7 ans d'emprisonnement et 100.000 euros d'amendes.